- Une satire enjouée sur les travers de la société de province
Madame la Comtesse d’Escarbagnas, noble veuve provinciale, est de retour chez elle, au terme d’un voyage de deux mois à Paris.
Un séjour qui lui a permis de voir « toute la Cour » à Versailles, d’y observer l’étiquette pratiquée par les gens du monde, leur conversation, leurs manières, leurs usages... Éblouie, elle s’est bien juré de faire pratiquer en sa propre demeure d’Angoulême le train de vie des « Gens de qualité ».
Hélas ! Malgré tous ses efforts pour singer la Cour, ses domestiques ne sont que des paysans incultes et voleurs, sa maison n’a pas tout à fait autant de pièces qu’un palais, le blason cache son peu de fortune, et ses prétendants ne sont ni marquis, ni princes, mais s’appellent... Monsieur Tibaudier, ou encore Harpin, notables de province gonflés de leur propre importance.
Parmi ses soupirants, il y a bien aussi un Vicomte, Cléante, jeune homme ambitieux... mais, en vérité, ce dernier ne fréquente le salon de la Comtesse que pour y courtiser la jeune et jolie Julie, qu’une vieille querelle entre leurs deux familles l’empêche de fréquenter ailleurs. Sauront-ils dissimuler leurs émotions jusqu’au bout de la pièce ?
La comédie se déroule sous les yeux naïfs de la chère Comtesse qui, « tout à son perpétuel entêtement de qualité, est un aussi bon personnage qu’on en puisse mettre sur le théâtre ».
La Comtesse d’Escarbagnas est une satire enjouée sur les travers de la société de province, qui voit se succéder à un rythme battant, fâcheux et vaniteux, prétendants et vrais amants.
Le projet de monter La Comtesse d’Escarbagnas de Molière est né par la volonté d’Élodie Merciadri, comédienne et ancienne élève du Cours Périmony, de prolonger la complicité qu’elle a su nouer avec ses compagnons au fil des années de travail et d’études.
Parrainés par Christian Bujeau, qui fut longtemps leur professeur, les comédiens apportent à la pièce l’énergie créative d’une jeune troupe, associée à la passion du jeune metteur en scène que je suis.
La comtesse d’Escarbagnas, rangée parmi les pièces légères de Molière, fut composée en 1671 à l’occasion d’une visite princière, pour lier ensemble plusieurs ballets d’apparat : dans le souci de présenter au public une pièce entière, nous avons choisi de lui adjoindre quelques scènes issues de l’oeuvre de Molière, toujours dans le respect du texte original, qui constitueront un prologue à la pièce proprement dite. Aucune modification dans l’ordre original des scènes de La Comtesse d’Escarbagnas n’a été effectuée.
Cette pièce, qui allie la cruauté à la tendresse, l’acerbe commentaire social au comique de situation, offrait une magnifique occasion à ces comédiens de goûter aux artifices de la commedia dell’arte, tout en éprouvant la sincérité essentielle à toute comédie.
Décors et costumes seront contemporains.
Cependant, Madame la Comtesse d’Escarbagnas faisant perpétuellement référence aux manières qu’elle a pu observer à la Cour de Versaillles, nous avons choisi de transposer cette attitude précieuse dans un décor adapté : nous la peindrons dans un intérieur japonisant, qui ménage de nombreux effets comiques. En effet, il nous semblait que l’affectation de ce genre de décor traduirait au mieux les ambitions de la Comtesse…et un mauvais goût manifeste. Notre Comtesse, entourée par une société où se croisent étroitement l’intérêt, l’amour, et la bêtise, est un personnage ridicule, distant de la réalité, qui pourtant conserve une réelle densité humaine, profondément touchante.
Pour un jeune metteur en scène, c’est une véritable chance de pouvoir travailler sur de telles émotions, et diriger une troupe de comédiens ayant acquis l’expérience du travail ensemble dans le cadre de qualité du cours Périmony, aidé par les conseils amicaux de Christian Bujeau, qui nous furent d’une aide précieuse. Nous espérons que notre Comtesse d’Escarbagnas vous fera ressentir l’énergie, l’humour et la sincérité qui nous animent.
Niccolò Rigutto
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