L'origine rouge

du 28 septembre au 29 octobre 2000

L'origine rouge

CLASSIQUE Terminé

En pleine nuit, L’HOMME EN MATIÈRE VIDE peint des anthropoglyphes sur le sol du théâtre, jette sommairement des figures, des organes, du schéma humain : ses personnages entrent, vivent et le tuent. Ce sont 8 pantins qui s’insoumettent à l’image humaine, prient les écriteaux et parfois font l’anim

Présentation
La presse

Présentation

 " Purgatorius ceratops, plesiadapis tricuspidens parapithecus grangeri, œlopithecus chirobates, ouranopithecus macedoniensis… " LA FEMME DU SÉPARACIDE essaye de mettre en ordre les ancêtres de l’homme ; puis elle accouche. JEAN TERRIER lui déclare son amour en algèbre. LE BONHOMME NIHIL essaye de se souvenir d’une dictée qui commençait par : " L’autel était à Jérusalem mais le sang de la victime baigna l’univers. " 

En pleine nuit, L’HOMME EN MATIÈRE VIDE peint des anthropoglyphes sur le sol du théâtre, jette sommairement des figures, des organes, du schéma humain : ses personnages entrent, vivent et le tuent. Ce sont 8 pantins qui s’insoumettent à l’image humaine, prient les écriteaux et parfois font l’animal. Ils cherchent au sol, n’ont qu’une passion : s’interroger sur leur pantinitude, veulent voir simultanément leur animal et leur pensée - et le langage matériellement sortir de leurs bouches, filer dans l’air en ruban.

Quatre fois la scène est traversée à l’improviste par la MACHINE À DIRE VOICI… JEAN CHRONODULE carillonne. LES HOMMES D’HÉCATOMBE passent en courant. UN HOMME PAR LA FENÊTRE se demande tout haut si ce n’est pas le langage qui est acteur. Ce qu’il résume à lui-même en deux mots : le sujet est-il agi par le verbe ? la parole est-elle notre sang ?… Il martèle : l’histoire n’est faite ni par les individus, ni par les masses, ni par Geist, ni par Klassenkampf mais par le langage. Puis il se jette par la fenêtre.

Valère Novarina
mars 2000

La presse

Valère Novarina, l'imagination au pouvoir

La chaleur du milieu d'après-midi pèse sur le cloître déserté. Une grande toile à do-minante rouge occupe la partie centrale du plateau. A cour et à jardin on distingue une autre toile, comme, un tapis couleur de nuit et d'encre, zébré de traits clairs, des éclairs, un passage qui mène aux dégage-ments latéraux fermés par quelques chaises. C'est tout le décor, peint par l'auteur, de L'Origine rouge, le nouveau texte de Valère Novarina, que l'écrivain du Monologue d'Adramelech et de tant d'autres poèmes dramatiques impétueux, met lui-même en scène. Du haut des gradins, par-delà la cascade des fauteuils aux housses rouges déchirées comme si elles avaient essuyé là les fureurs des météores, la scène, comme une piste enchâssée dans le cadre splendide des Carmes a des allures de plancher de bal cosmique.

 " Le lieu est très important, souligne l'écrivain. C'est l'une des matrices du texte luimême. Il avait été un moment question que nous nous installions à la carrière Boulbon, et L'Origine rouge, que J'ai pourtant commencé d'écrire il y a plus de trois ans, aurait été différente.

Valère Novarina est un familier du festival et il y a mis en scène plusieurs de ses œuvres : Le Drame de la vie en 1986, Vous qui habitez le temps en 1989, La Chair de l'homme en 1995. L'été dernier, L'Opérette imaginaire, dans une mise en scène de Claude Buchvald a été l'un des très grands succès de l'édition 1999. Et l'on retrouve dans cette nouvelle production, une galaxie d'acteurs venus d'ici et là, une famille d'interprètes audacieux, de Michel Baudinat à Daniel Znyk en passant par Laurence Mayor, André Marcon, Agnès Sourdllon, Didier Dugast, Dominique Parent, Dominique Pinon, Léopold von Verschuer. Neuf voix, neuf corps traversés de cette langue au régime de large fleuve charriant les mots, les noms, comme bois flottés.

Des acrobates du verbe, qui, comme dans L'Opérette imaginaire chanteront les compositions de Christian Paccoud. " Plus important que le lieu sont les acteurs, dit Novarina. Ce sont ces instrumentistes virtuoses qui donnent l'épine dorsale du spectacle. On la trouve par eux. Avant, l'écriture, c'est un chantier très souple, que je retravaille sans cesse  " .

Comment fait-il ? Comme écrit-il ? Cent fois on le lui a demandé. Derrière les lunettes légères, la regard si bleu ne s'étonne de rien. Fildefé-riste, du verbe que quelques audacieux, à travers la planète, s'emploient à traduire comme quand on escalade un Annapurna - anglais, allemand, suédois, italien, castillan, catalan et même turc ! - Valère Novarina est un poète qui, depuis plus de vingt-cinq ans, nous précipite dans les torrents tourbillonants aussi puissants que ceux de ces Alpes où il aime crapahuter. Etrange sentiment d'une langue des origines qui rassemblerait et tous les langages, et tous les récits. Le sentiment mythologique. " Tout cela ne se trouve finalement que dans le geste. Comme en cuisine. Je procède par variations. Parfois des phrases viennent du rêve. Au matin, elles ont souvent perdu de leur charme et pourtant, le plus souvent, je repère un lien, même dans un énoncé qui n'a apparemment pas de sens. " 

Il avoue une haute ambition avec ce nouvel opus : " Remonter encore plus près de l'origine du langage. Aller jusqu'à cette énergie qui agit sur nous. Résister à l'appauvrissement terrible, aujourd'hui, du langage. " Il n'en revient pas, Valère Novarina. Il n'en croit pas ses oreilles lorsqu'il écoute la radio, la télévision, les conversations. Les mots sont démonétisés et l'imagination n'a plus lieu d'être. " En quelques années, il me semble que ce processus s'est dangereusement accéléré " , remarque avec un sincère désarroi, l'extraordinaire inventeur du Babil des classes dangereuses, du Discours aux animaux ou de Pour Louis de Funès. (…)

Armelle Hèliot, Le Figaro, 8/9 juillet 2000

La drôle d'Origine de Novarina

L'événement se produit aux deux tiers du spectacle sous la forme du récit d'un fait-divers. C'est le premier, et le seul, épisode presque réaliste de la pièce. Il y est question du suicide, le 13 septembre 1959, "  route de Piogre à Piogre  " , d'un certain Monsieur Meynand, mari de la propriétaire, qui se trancha la gorge avec un rasoir à l'heure où deux étages plus bas, un enfant - l'auteur ? - mangeait un yaourt. Se pourrait-il qu'au milieu de son flot continu de paroles énigmatiques, Valère Novarina nous offre soudain un beau traumatisme explicatif , la blessure originelle de sa logorrhée ? Que l'Origine Rouge, titre de sa nouvelle pièce, soit cela : le sang du suicidé dégoulinant dans l'escalier ce qui obligea le grand-père, nous dit-il, à étaler de la sciure pour éponger ?

Généalogie. Fausse piste. Il est plus probable que cette histoire, et toutes celles de têtes et de corps tranchés qui parsèment la pièce, renvoient tout simplement à la naissance. D'ailleurs, l'Origine Rouge commence par l'énumération, en latin, de la généalogie de l'homme - ou de ce qu'on en sait -, du purgatorius ceratoops à l'homo sapiens sapiens en passant par le parapithecus grangeri, le gigantopithecus bilaspurensis ou le pithecanthropus robustus (1). Elle s'achève par une longue chorégraphie verbale autour du temps - " Chroniquons-le ! " , " Tuons-le ! " , " Mourons-y ! " et par le déploiement d'une banderole tenue par tous les protagonistes : " Le temps nous tue par amour. " De tout cela on déduira que l'Origine Rouge est une pièce qui traite de la naissance, de la vie et de la mort, ce qui ne nous avance guère.
Labyrinthe. Au cloître des Carmes, les accros du sens auront une fois de plus quelques difficultés à admettre l'univers de Novarina et s 'épuiseront à traduire - mais que veut-il dire ? - avant de renoncer. Les dictionnaires ne sont ici d'aucun secours : que le bombardement verbal ait lieu en latin, en italien ou en français, c'est toujours du " novarinien "  : une langue unique, qui est pour ses auditeurs à la fois une musique et un labyrinthe de signes (une peinture ), une langue étrangère mais familière, que l'on devine, qui berce, qui rebute parfois, une langue qui ramène les spectateurs en enfance et qui est d'abord affaire de ton - déclamatoire dans la bouche de l'évangéliste, professoral pour expliquer une formule mathématique, chantant (à plusieurs reprises), enthousiaste comme à la télévision…

Interprètes. Il faut pour parler le novarinien des interprètes inventifs, aptes à extraire toutes les possibilités, notamment comiques, de ce matériau sonore. Après deux textes coups de poing servis par un comédien de cette trempe (André Marcon disant le Discours aux animaux et le Pour Louis de Funès), Novarina metteur en scène de ses propres pièces avait semblé quelques années durant s 'ensabler - et ses acteurs avec lui - dans une certaine solennité, une profération grandiloquente, où l'exploit (les listes, interminables de noms réels ou inventés) tournait parfois au pensum. Le salut est venu de l'extérieur : une metteur en scène, Claude Buchvald, a su voir dans les textes de Novarina d'authentiques comédies, où les mots sont sources de gags, de situations insolites. L'auteur a retenu la leçon pour ses propres mises en scène. Il sait aussi qu'il vaut mieux convier dans son univers des acteurs qui ne se coulent pas dans des moules. Une partie de ceux réunis pour Avignon étaient de l'Opérette imaginaire, spectacle en chansons créé il y a deux ans. D'autres, tel Marcon, sont des familiers. Les neuf réunis sur la scène des Carmes (Laurence Mayor, Agnès Soourdillon, Michel Baudinat, Didier Dugast, André Marcon, Dominique Parent, Dominique Pinon, Léopold von Verschuer et Daniel Znyk, plus le musicien et accordéoniste Christian Paccoud) font de l'Origine Rouge une partie de plaisir, où le rire naît souvent de l'extrême attention qu'ils portent aux choses les plus confuses, et de leur capacité à inventer une partition parallèle, un langage gestuel proche de la pantomime. Pour eux, la langue de Novarina n'est pas un carcan mais une balle que l'on se passe, ou une rivière que l'on traverse en sautant de caillou en caillou. Ils extraient le meilleur d'un texte où la parodie sait se faire explicite, notamment à travers les interventions récurrentes et délirantes des deux hommes-troncs, des présentateurs de télévision faisant corps avec leur écran ; en novarinien, des " machines à dire voici " .

René Solis, Libération, le 12 juillet

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La Colline (Théâtre National)

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La Colline (Théâtre National)
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Spectacle terminé depuis le dimanche 29 octobre 2000

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