
Devant la sévérité de son père Pridamant, l’impétueux Clindor a pris la fuite, embrassant tour à tour la carrière de charlatan, de bonimenteur, de saltimbanque, d’histrion… Son malheureux père ignore tout de ces tribulations lorsqu’il se rend chez le mage Alcandre, sur les conseils de son ami Dorante. Dans sa grotte obscure, le magicien fait apparaître le fils ressuscité, sa vie de bohème au service du plus grand poltron, Matamore, le jeu des amours contrariés et la conquête d’Isabelle dont l’espièglerie n’a d’égale que la beauté. Au moment où Pridamant tremble à nouveau pour la vie de son fils, la comédie bascule dans une tragédie dont le mage aura le dernier mot. Corneille se livre ici à une apologie du métier de comédien et à une mise en abîme du théâtre dans le théâtre, jusqu’à ce que les personnages eux-mêmes s’y perdent et ne sachent plus où s’arrête l’illusion.
À la création de L’Illusion comique en 1636, Corneille est un tout jeune auteur, mais qui connaît son métier, auteur d’une tragédie, Médée, d’une tragi-comédie, Clitandre, et de plusieurs comédies. Créée par la troupe du Marais quelques mois avant le triomphe du Cid, la comédie est d’un genre nouveau et cet « étrange monstre », de l’aveu de Corneille, plut par sa « nouveauté » et ses « irrégularités » : un prologue, trois actes de comédie, un dernier de tragédie, « et tout cela cousu ensemble fait une comédie ». En 1660, il la définit toujours comme une « galanterie extravagante » qui a « surmonté l’injure du temps », preuve de son succès public. Ce « caprice » révèle cependant des enjeux qui dépassent la simple fantaisie.
Galin Stoev a travaillé pour ce spectacle sur la deuxième version du texte, édition de 1660.
À mon avis le classicisme est une gigantesque entreprise cherchant à affirmer le pouvoir de la pensée sur le chaos pour rendre la vie et la nature plus supportables. La règle des trois unités, la versification, sont des moyens pour rendre le mystère, la monstruosité de l’existence visibles et gérables. Dans L’Illusion comique ,le jeune Corneille suit toutes ces règles, mais très vite, la matière même de son texte explose, ce qui le pousse à qualifier sa pièce d’« étrange monstre ». Or, ce sont tous les écarts opérés par Corneille par rapport au canon du classicisme qui font aujourd’hui tout l’intérêt de la pièce. Ils nous apparaissent comme une sorte de virus intelligent inoculé dans le corps du classicisme naissant, et qui nous informe d’emblée sur la possibilité de son échec.Cela crée une sorte de tension permanente qui nourrit en retour l’envie de tout maîtriser.
La monstrueuse machine du regard
Dans L’Illusion comique il n’y a rien de proprement mystérieux ou paranormal. On n’y fait que proposer un certain agencement
de la réalité, par le biais d’une représentation. C’est lorsque les comédiens incarnent ce texte que le mystère émerge. La fonction première de cette pièce est d’être destinée au regard, et ce regard dévore à chaque instant le corps, la matière des comédiens. C’est là que réside la monstruosité de L’Illusion comique. Corneille invente une machine : une fois qu’on ne regarde plus ce corps
ou cette matière, ils cessent d’exister, et l’on est forcé de passer à autre chose. La matière devient, redevient illusion. On ne voit les scènes que jusqu’au moment où le corps de l’acteur devient le prolongement du regard du spectateur, ou l’ombre de son regard. C’est une façon de traiter la matière qui intègre son propre processus de disparition.
Le théâtre est en endroit sûr
Dans l’existence, objectivement, il n’y a ni passé ni futur, mais un présent qui concentre toute l’information sur ce passé et ce futur.Corneille nousmontre comment notre vie passe goutte à goutte sous nos yeux et nous fait profiter de la
joie et de la tristesse profondes liées à cette disparition,à cet effacement. Mais il nous explique aussi que tout cela n’est que théâtre. Le théâtre est un endroit sûr, où l’on peut tout se permettre, où même lamort est feinte. L’arme principale de Corneille pour rendre compte de la réalité de l’éphémère est la notion d’illusion. Celle-ci représente une force jamais complètement apprivoisée. En se démultipliant en temps réel devant nous, elle crée des structures qui nous bouleversent dans notre intimité. La question est de savoir ce que nous pouvons raconter de notre histoire à nous, individus d’aujourd’hui, dans ce cadre hérité du XVIIe siècle. Monter L’Illusion comique aujourd’hui, c’est créer un paradoxe où l’on est à la fois respectueux et insolent.
Un espace-temps
en mutation permanente
Pour cela, il fallait un environnement où tous les éléments de cette histoire puissent coexister entre eux et avec les corps des comédiens.Nous avons voulu créer un espace comme ceux qu’on voit dans nos rêves,où se forment des constellations
inattendues, où la temporalité est réorganisée ; couloirs,murs de séparation transformant une surface en deux, matériaux réfléchissants... Et aussi un espace blanc n’appelant pas une interprétation rationnelle, mais une réaction émotionnelle. Tous les principes sont décalés,offrant ainsi à chaque spectateur une vision particulière de l’action, selon la place qu’il occupe dans la salle. Ce décor jouera avec les certitudes visuelles des spectateurs. Car Corneille, dans L’Illusion comique, n’a rien voulu d’autre.
Propos recueillis par Laurent Muhleisen,
conseiller littéraire de la Comédie-Française, décembre 2008
comme le site n'a pas répertorié la pièce de Shakespeare donnée actuellement au Français mais que je sors de la représentation , je me permets de m'insinuer. C'est une catastrophe et si j'en sors, c'est avant la fin et je n'étais pas la seule malheureusement. Je ne sais pas comment exprimer mon opinion sans passer pour une mégère non apprivoisée et intransigeante. Je ne comprends pas, les lumières sont superbes, les costumes magnifiques, les acteurs certainement excellents, à part l'aubergiste, le texte drôle et pourtant une bonne dizaine de spectateurs ont profité de l'entracte pour partir. C'était lent, ennuyeux, triste, on sentait que tout le monde se forçait... Voilà, si quelqu'un a compris les intentions du metteur en scène, surtout qu'ils nous les expliquent.
comme le site n'a pas répertorié la pièce de Shakespeare donnée actuellement au Français mais que je sors de la représentation , je me permets de m'insinuer. C'est une catastrophe et si j'en sors, c'est avant la fin et je n'étais pas la seule malheureusement. Je ne sais pas comment exprimer mon opinion sans passer pour une mégère non apprivoisée et intransigeante. Je ne comprends pas, les lumières sont superbes, les costumes magnifiques, les acteurs certainement excellents, à part l'aubergiste, le texte drôle et pourtant une bonne dizaine de spectateurs ont profité de l'entracte pour partir. C'était lent, ennuyeux, triste, on sentait que tout le monde se forçait... Voilà, si quelqu'un a compris les intentions du metteur en scène, surtout qu'ils nous les expliquent.
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