- Conférence dessinée sur l’habitabilité de l'espèce humaine sur Terre
La loi de Brandolini, ou Asymétrie des baratins, s'énonce de la façon suivante : "La quantité d'énergie nécessaire pour réfuter du baratin est beaucoup plus importante que celle qui a permis de le créer".
Difficile d’affronter l’urgence lorsqu’elle nous arrive exclusivement sous la forme de rapports alarmistes, de données chiffrées ou d’images effroyables de banquises rachitiques et de forêts emportées par les flammes. Répondre à la crise écologique passe aussi par l’imaginaire.
L’architecte Nicola Delon et le peintre Benoît Bonnemaison-Fitte sont bien décidés à ne laisser ce terrain-là ni aux blockbusters catastrophistes ni aux théoriciens de l’effondrement. Dans la filiation de leur exposition-manifeste Énergies Désespoirs, ils créent L’Asymétrie des baratins sous le regard du metteur en scène Ronan Letourneur. Une conférence dessinée pour mettre en récit les initiatives collectives, locales et citoyennes qui s’inventent. Si l’eau est désormais cotée en bourse, certains s’ingénient à donner des droits juridiques aux fleuves. Habiter le trouble est possible : certains le font déjà.
Quand les mégafeux succèdent aux inondations, quand les pollutions s’ajoutent aux pénuries, quand la biodiversité disparaît comme neige au soleil sous un climat qui entre en ébullition, difficile de ne pas vivre dans l’inquiétude et le trouble. Les alertes écologiques se multiplient à un point tel que l’habitabilité de la terre pour tous les êtres humains paraît compromise. Dès 2050, des territoires entiers seraient inhospitaliers. Si l’on refuse les scénarios effondristes et les illusions farfelues, que faire ? Par où commencer ? Nous avons décidé de mettre de l’ordre dans nos désespoirs, en organisant le pessimisme comme le proposait Walter Benjamin. Puis nous avons collectionné les énergies de celles et ceux qui luttent, inventent et réparent le monde.
Pour partager nos recherches, nous avons choisi la peinture. Chaque image construite collectivement s’appuie sur des réalités scientifiquement documentées. La couleur face au noir et blanc : soixante énergies adossées à soixante désespoirs. Et au milieu, des extraits de la clameur qui gronde, les slogans des manifestations citoyennes réclamant plus de justice climatique. Vous êtes libres de parcourir cette forêt. Vous y perdre peut-être. Trouver un chemin entre abîmes et utopies. Contribuer à votre tour en partageant vos énergies ou vos désespoirs. Et enrichir ainsi les imaginaires de résistance.
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