Le père déraille, crises régulières, bipolaire. La mère tient bon, figure forte d’une féminité qui s’émancipe dans les années soixante. Elle ouvre sa boutique à Pornic, dépense le fric, élève une portée d’une dizaine d’enfants. Auteure, metteuse en scène et comédienne, Flore Lefebvre des Noëttes fait de son passé son sujet. Elle naît dans ce carcan catholico-militaire, sans fortune. Collégienne, elle fuit l’aumônerie, écoute Pink Floyd et Les Paradis perdus de Christophe. Elle se libère de sa famille par le théâtre et les amours. Elle recrée les lieux de l’adolescence entre un tapis blanc et une platine vinyle. Des diapositives, de l’encens indien, et elle fait revivre les années soixante-dix. Avec ses couleurs, ses rythmes, sa drôlerie, sa liberté.
Flore Lefebvre des Noëttes a dépeint sa famille et son enfance dans La Mate, premier volet de l’épopée autobiographique qu’elle complète ici avec Juliette et les années 70, sa suite. Elle réinvente un monde vrai, le donne à voir et à vivre. Dans la fête d’une nostalgie pétillante, rock et pop. Elle s’inspire des figures de Daumier et de Proust, cuisine ses madeleines au beurre tendre et salé. La douceur et le comique croustillent dans ce monde et ce temps dont elle incarne tous les personnages, famille, copains, maîtres et ringards. Tous hauts en couleur et en forme. Elle règne sur le royaume d’une intimité joyeuse, proche de la nôtre, dans laquelle tout le monde se reconnaît.
2 bis, avenue Franklin Roosevelt 75008 Paris