Ivresse de lune

Lyon (69)
du 30 mai au 2 juin 2003

Ivresse de lune

  • De : Katia Jaegger
  • Mise en scène : Alexia Subert
  • Avec : Emma Mathoulin, Mélanie Pochat, Pauline Dupuy
Prolongement du processus de création des Rencontres d’Ecritures 2002. Dans une ambiance de fête forraine, une femme pénètre dans la roulotte d’une vieille bohémienne : l’humanité rencontre la fatalité. L’humanité saura-t-elle se retrouver, pleine de sa simplicité et de son éternelle maternité ?

L’histoire
La mise en scène

La Compagnie Abribus

Quand l’humanité rencontre la fatalité…
On entend au loin les échos d’une fête foraine puis le rire enivré d’une femme qui s’approche, s’enfonce dans le silence qui nous entoure. 
Elle, l’humanité, curieuse, pénètre dans l’antre étrange d’une bohémienne poussiéreuse et rouillée par le temps : la fatalité. 
Cette dernière tente d’entrevoir l’avenir de sa visiteuse et est malgré elle habitée tantôt par la mort prise d’une soudaine faim, tantôt par Dieu qui vient régler ses comptes avec sa fille.
Plus la cartomancienne tente de mettre la main sur la jeune femme, plus celle-ci se retrouve et se renforce, pleine de toute sa simplicité.

« Une étendue de sable et d’eau, la mer, une épaisse brume, lourde.
Une foire sur la plage, là-bas, derrière ; les échos vont et viennent, 
mais c’est déjà loin à présent.
Elle s’enfonce dans le corps humide de cette étrange nuit.
De la mer, une lueur, un phare, peut-être, éclaire avec fatigue ce lointain engourdi.
Elle s’avance sur la jetée, comme un peu ivre et abandonnée.
Au bout de cette passerelle gît une roulotte déglinguée, harcelée par les vents, 
en fragile équilibre.
Quelqu’un est là, palpite lentement et attend.
Là-bas dans cette roulotte, il y a une femme.
Il y a, de l’autre côté, quelque chose que l’on ne sait plus. 
Et qui pourtant nous attend avec une infinie patience.
Tout, à chaque instant, ne fait que commencer.

Elle titube de bas en haut. Ces manèges lui montent à la tête.
L’envers de l’endroit et l’endroit à l’envers.
Les choses se renversent au néant pour défier la pesanteur. 
Que fête-t-on ici avec tant de vacarme ?
Tout s’écroule en un instant, tout se redresse vers des désordres plus haut, encore.
Elle est là, elle danse. Elle est belle, elle est heureuse, elle porte le monde à son ventre.
Et le reste peut attendre.
Elle est l’humanité.

Et cette bohémienne, la peau révulsée, qui chavire, avec grâce.
Un serpent de plume lui sert d’appât.
Prêtresse d’une danse trop belle, presque macabre…
Regardez-la comme elle parcourt les mers de sa folie 
pour le plus grand plaisir des naufragés.
Ça ondule, ça monte et ça bascule, ça verse à l’avant, ça frise à l’arrière.
Les mouettes lui chient dessus, mais elle s’en fout…
Puisqu’elle est la fatalité. »

Katia Jaeger

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Le travail du metteur en scène tend à explorer la manière de se servir d’un texte au mieux avec des matériaux simples, les comédiens et le son, étant les deux éléments principaux de recherche. 
Le véritable échange entre ces deux pôles permet d’apporter une dimension supplémentaire. Le langage musical peut répondre au texte, et loin de l’illustrer, il le place dans un univers qui dépasse les mots ; ceci permet alors de transmettre l’émotion ou l’ambiance du texte par un biais plus sensible qu’intelligible. 
Ainsi, le parti pris de mise en scène est d’inscrire les personnages dans un univers assez sobre, mais très marqué.
L’espace de départ se compose de deux parties distinctes qui seront confondues en une seule au fur et à mesure du spectacle : la salle d’attente de la cartomancienne où sont exposées toutes les catastrophes humaines, et son antre qui fourmille d’effets spéciaux et autre boule de cristal.
On a donc une ambiance intimiste qui permet, grâce entre autres à des jeux de lumières, de faire vivre ponctuellement des lieux ou des personnages de passage. 
Tout le théâtre, même l’extérieur, est investi par des personnages ou des ambiances musicales lointaines pour mieux isoler et confiner cette roulotte hors du temps. 

L’écriture de Katia Jaeger est très dense et chargée de sens, Alexia Subert a choisi d’amener une certaine forme de concret et de simplicité dans la mise en scène. Les deux personnages allégoriques que l’auteur a choisi de faire vivre, à savoir l’humanité et la fatalité, ne sont pas ici de grandes icônes intouchables, au contraire elles sont parfois maltraitées pour les rendre plus sensibles, plus simples, plus proches, plus « humaines ». 
Elles évoluent dans l’atmosphère feutrée et étrange de la roulotte de la fatalité-diseuse de bonne aventure, et transportent le spectateur dans un univers intemporel.  

La musique participe aussi de cette atmosphère. 
Elle est présente sur le plateau du début à la fin et toute la partie son (musique et bruitage) se fait en direct. Elle n’est en aucun cas une illustration de l’interprétation des comédiennes.
La contrebasse est un personnage à part entière qui vit aussi dans cette roulotte et qui ne s’exprime que par le son. 
La musique, entièrement composée par Pauline Dupuy, s’inscrit donc dans l’espace et le jeu scénique.
C’est dans cette esprit que la compagnie souhaite travailler.

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Une compagnie née du processus de création des Rencontres d’écritures 2002.

L’initiative de travail est née dans le cadre des « Rencontres d’Ecritures 2002 », organisées par la Platte. 
Alexia Subert, directrice artistique, travaillait sous la tutelle de compagnies déjà existantes, et son désir d’initier sa propre recherche artistique a donc donné lieu à la création de la Compagnie Abribus. Le spectacle Ivresse de lune est donc le premier né de la compagnie.
Ce lien privilégié en direct avec l’auteur a donné une nouvelle énergie de travail. 
Ce véritable échange entre plateau et plume permet aux comédiennes d’être encore plus investies sur le plateau, et à l’auteur d’être partie prenante de la création vivante de son texte.

Abribus a aussi une vocation pédagogique. Des ateliers d’interprétation théâtrale, mais aussi d’écriture théâtrale sont dispensés auprès d’enfants et d’adultes tout au long de l’année. 
Ces projets s’inscrivent dans des écoles, des lycées, des MJC, et des théâtres. Les membres de la compagnie souhaitent vivement s’engager dans ce travail d’initiation.

Les comédiennes
Emma Mathoulin et Mélanie Pochat ont un parcours assez différent dans leur formation et leurs expériences, mais elles se sont trouvées lors de leur apprentissage à « l’œil du silence ». 
Cette école met un accent particulier sur le travail du corps pour aborder le texte et l’interprétation.

La contrebassiste
Pauline Dupuy est issue du Conservatoire Massenet de Saint Etienne. 
Sa formation est essentiellement classique. Elle est aussi membre du groupe « la Rouille ».

L’auteur
Katia Jaeger est un auteur lyonnais. Elle est aussi rédactrice de communication.

Le metteur en scène
La formation d’Alexia Subert est assez diverse. 
Mais elle a principalement suivi des cours à la Comédie de Saint Etienne. 
D’abord comédienne, elle a aussi travaillé comme auteur, marionnettiste, et réalise ici sa deuxième mise en scène.
Elle fera la mise en scène d’un opéra comique de Gounod, Le médecin malgré lui, en 2004 à la salle Louis Daquin de la Ricamarie de Saint Etienne.

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Informations pratiques

Platte

32, rue René Leynaud 69001 Lyon

Spectacle terminé depuis le lundi 2 juin 2003

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