Ici ou ailleurs

du 30 septembre au 3 novembre 2002

Ici ou ailleurs

Ici, c'est la gare où Clope vit dans son carton. Ici, c'est là d'où les gens partent pour ailleurs. Des voyageurs passent et repassent, arrivent et s'en vont. Clope ne bouge pas ici c'est son refuge. Il étudie la grammaire, joue les cartomanciens pour des femmes en mal d'amour et d'aventure, philosophe avec Madame Flan la vendeuse de journaux qui rêvent de voyages lointains.

Présentation
A propos du Nouveau Roman

" C'est dans le manque ou le défaut que se cache la vérité de découvrir. " Robert Pinget, Du Nerf

Dans les œuvres de Pinget, on parle. On parle pour dire qu’au fond il n’y a rien à dire « puisqu’on peut le dire autrement ». Puisque tout a déjà pu arriver. Alors les personnages pris dans un vertige de répétition disent et redisent. Ils « tournent en rond » car rien n’est pire que la ligne droite.

Parler, c'est véritablement exister en ouvrant tous les possibles du langage ; c'est courir après un manque pour « combler un vide inavouable ». Car au cœur de l'œuvre est un secret : identités perdues, dossiers mystérieux, repères disparus…

Aucune certitude, tout est hypothèse. La quête d'identité devient obsessionnelle. Qui est qui ? Que s'est-il passé ? Il s'agit d'approcher et de tenter d'exprimer ce qui sans cesse se dérobe. Mais rien de mélancolique dans cette recherche tant les redites avec ces décalages, ces dérapages engendrent surprise, rire et loufoquerie.

Partagés entre silence et bavardage, les personnages de Pinget, comme Clope réfugié dans sa gare dans Ici ou ailleurs, le sont aussi entre mouvement et immobilité. Désir de voyage et désir de méditation cohabitent et dessinent une géographie insolite avec ses chemins d'ombre, ses bifurcations surprenantes, ses horizons lumineux.

Et le langage né du banal et de l'insignifiant est alors travaillé par l'imaginaire : le rêve traverse la réalité, la pensée logique dérive en délire, l'humour laisse place à la méditation métaphysique…

Dans le théâtre de Pinget la fascination du langage élimine l'action et l'intrigue. C'est lui le vrai sujet de la pièce. 

" Tout ce qu'on peut dire ou signifier ne m'intéresse pas mais la façon de le dire. Et cette façon une fois choisie, … elle m'imposera la composition et la matière du discours. " Robert Pinget

Clope l'a très bien compris qui termine l'acte I en « retournant à la nuit du langage ».

Anne-Marie Lazarini

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En 1997, dans un article du Nouvel Observateur intitulé Quoi de neuf ?, Jérôme Garcin répond : Le Nouveau Roman en évoquant avec humour l’année 1957 comme une année « architectonique » avec le Spoutnik en URSS, la Dauphine Renault, la Versailles Simca, Le Pont de la rivière Kwaï, le Traité de Rome…

Le 26 février 1997 dans le Monde des Livres, Nathalie Sarraute revient sur ces années : En réalité, ma démarche, très intérieure, n’avait rien à voir avec l’extériorité revendiquée par Robbe-Grillet qui a toujours été le plus militant (…) Nous étions tous d’accord pour dire que le personnage, l’intrigue, étaient des choses dépassées. Mais nous n’avons jamais formé à proprement parler un groupe.

Dans les années 50, l’accueil par la critique fut loin d’être unanime. A l’enthousiasme d’un Roland Barthes et d’un Bernard Dort, à l’intérêt d’Aragon dans les Lettres Françaises, on peut opposer les critiques peu amènes de François Mauriac dans le Figaro insinuant que Robbe-Grillet plagie Ponge La technique du cageot d’Alain Robbe-Grillet (8 novembre 1956). Celles de Robert Kemp dans Les Nouvelles littéraires, notamment à propos de Le Vent de Claude Simon où il proteste vigoureusement contre le travail imposé au lecteur, travail « de mineur de fond, de sapeur dans la terre argileuse, de puisatier, de haleur de la Volga (novembre 1957). » 

La critique la plus grave opposée au Nouveau Roman est livrée dans la revue Esprit, un éditorial de Camille Bourniquel (juillet-août 1958) : Le refus des formes traditionnelles est croyons-nous, l’indice majeur de la vie des formes à toutes les époques et dans tous les arts. Mais le malaise dépasse aujourd’hui le choix des signes : c’est une certaine notion de l’homme, l’intelligibilité du monde créé, qui est cette fois dans la balance. Comment resterions-nous étrangers à cette dégradation de la personne, à ce « refus de la nature humaine », à cette « expérience vécue sous la menace de l’impersonnel », à cette « approche d’une parole neutre qui se parle seule »…à cette impossibilité pour l’homme de se délivrer des mots et de leur donner un sens ?

Dans son article paru dans le Monde du 22 mai 1957, Emile Henriot invente l’expression « nouveau roman » ; il dénie tout intérêt affectif ou intellectuel à ces œuvres, condamne leur ton de dérision.

Qui sont les « nouveaux romanciers » ? Pour les désigner, on fait en général référence à la photo prise par Mario Dondero qui souhaitait regrouper des personnalités incarnant la modernité. Autour de Jérôme Lindon, directeur des Editions de Minuit, on remarque : Alain Robbe-Grillet, Claude Simon, Claude Mauriac, Robert Pinget, Samuel Beckett, Nathalie Sarraute et Claude Ollier.

Sont absents Marguerite Duras, Jean Ricardou, et Michel Butor. 

Sylviane Bernard-Gresh

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Quelques repères…

1953 : Les Gommes d’Alain Robbe-Grillet
1956 : L’Ere du soupçon de Nathalie Sarraute
1957 : La Jalousie d’Alain Robbe-Grillet
Tropismes de Nathalie Sarraute (déjà publié en 1939)
Le Vent de Claude Simon
La Modification de Michel Butor (Prix Renaudot)
1958 : La mise en scène de Claude Ollier (Prix Médicis)
1959 : Le Planétarium de Nathalie Sarraute
1960 : La Route des Flandres de Claude Simon (Prix de l’Express)
1962 : L’Inquisitoire de Robert Pinget
1963 : Pour un Nouveau Roman d’Alain Robbe-Grillet
1965 : Quelqu’un de Robert Pinget (Prix Femina)
1971 : Colloque de Cerisy-la-Salle sur le Nouveau Roman en présence de Michel Butor, Claude Ollier, Robert Pinget, Jean Ricardou, Alain Robbe-Grillet, Claude Simon. Marguerite Duras, se méfiant des débats théoriques n’y assiste pas.
1985 : Prix Nobel attribué à Claude Simon

Avec Marguerite Duras, Robert Pinget et Nathalie Sarraute, on parle de « théâtres du Nouveau Roman ». Leurs recherches sur le roman les ont menés à la scène. Ils sont alors accompagnés par de nouveaux acteurs et metteurs en scène (Madeleine Renaud, Jean-Louis Barrault, R.J. Chauffard, Etienne Bierry, Catherine Sellers, David Warrilow, Michaël Lonsdale) et une revue Les Cahiers Renaud-Barrault. Ils reconnaissent en Samuel Beckett leur figure de proue.

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Spectacle terminé depuis le dimanche 3 novembre 2002

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