
L'histoire d'un mythe
Gaïa & Prométhée : Genèse de l’écriture
Genèse de la création
Dramaturgie et mise en espace
L’Espace et la Scène
Le Monde des Dieux
Les Dieux par leurs interprètes. Textes individuels
Par la compagnie des Gobes-Lune.
Gaïa et Prométhée, c’est une plante antique aux pétales amères qui fleurit à la surface de notre conscience. Gaïa et Prométhée, c’est l’histoire d’un mythe qui resurgit quelques trente siècles après comme l’écho ravageur de notre modernité glacée. Entre glas et tocsin, c’est un cri murmuré à l’oreille d’Aujourd’hui qui vient lui rappeler l’image de sa chair immuable.
Déployée en chorale de sentiments, la bouche de ces Dieux perdus attend notre oreille bienveillante. Ces dieux-là ont déjà trop vécu, et usés par la vie ils se sont ternis à l’image des hommes, jusqu’à leur ressembler.
Seuls intervenants passifs dans la décadence des hommes, ces spectateurs tout-puissants écorchent encore leur vie pour que la nôtre fasse sens. Par pur don d’eux-mêmes et dans le sentiment qui jaillit hors de lui-même, ils livrent leur parole enchaînée à la rime cannibale, jusqu’à l’explosion du chœur. Explosion de la parole où les sentiments se déchaînent, explosion du drame dans le chant des possibles, explosion du théâtre divin qui interrompt brutalement le drame.
A.D.
Le point de départ de cette pièce a été une étincelle. De fait, je n’avais jamais eu l’intention d’écrire une pièce de théâtre. C’est en lisant l’intégralité de la mythologie grecque, que l’étincelle (c’est-à-dire associer Gaïa et Prométhée) a jaillit. Involontairement, cette association germait dans mon cerveau, et la pièce se construisait avec elle. Au cours de mes élucubrations, un aspect déterminant dominait : je voulais traduire dans les dialogues « l’inauthenticité », un enfermement inconscient qui empêcherait les personnages d’exprimer réellement ce qu’ils ressentent, d’être en contact avec leurs émotions. C’est de là qu’est venu l’idée des alexandrins. Pas l’alexandrin racinien, poétique, ultime structure auquel se raccroche les personnages pour ne pas sombrer dans la folie, mais un alexandrin-prison déstructuré, dégénéré, qui donnant l’illusion d’une parole libre, signerait en fait une incapacité à ressentir. Les personnages auraient beau s’insulter, parler en anglais ou en grec, ils ne pourraient échapper à un carcan verbal dont ils n’auraient pas même conscience.
Ce formalisme technique a complètement gouverné la rédaction de la pièce. Les vers, en effet, imposent une « linéarité quasi-absolue de l’écriture ». Il faut écrire de façon continue, en sachant qu’il sera très difficile de revenir après coup sur quelque chose qui a été déjà rédigé. On n’écrit pas sur du papier, on « grave dans du marbre ». Ce caractère fastidieux, progressif et irréversible de l’écriture limitait ma capacité à avoir une vision complète du texte. Il fallait donc que je m’astreigne parallèlement à un travail très rigoureux de conception globale de la pièce pour ne pas me perdre en chemin. Paradoxalement, les alexandrins ont joué un rôle structurant dans ce double processus de conception et d’écriture, à tel point que j’ai fini par appréhender le passage à la prose… ayant peur d’être un peu « livré à moi-même ».
Dans la genèse de l’œuvre, l’autre élément déterminant a été d’inscrire la pièce dans trois réalités concomitantes : la réalité du monde, la réalité intérieure, la réalité dramatique. Étant autodidacte, je suis parti de mon expérience de spectateur de théâtre et j’ai perpétuellement cherché à ce que le lecteur ou le spectateur potentiel soit à la croisée de ces trois réalités. Pour se faire, je me suis servi d’un artifice traditionnellement réservé au cinéma : le hors champs. En excluant les humains de la scène mais en faisant d’eux les principaux moteurs de l’action, j’ai mis le spectateur dans une situation où il n’est pas seulement le témoin de l’intrigue, il y participe également.
Cette réalité polyphonique a également eu des implications fortes sur le traitement de la symbolique des Dieux. Elle a ancré les personnages dans une réalité qui n’était pas que mythique, mais aussi dramatique, politique, familiale, érotique…. volontairement actuelle.
Enri Wegmann
Quelques amis, un livre, un auteur : ce projet sonnait comme un impromptu pour individus épars. C’est avant tout l’heureuse rencontre avec une œuvre atypique au rayon théâtral de la FNAC. Coup de foudre, immédiat. Je connais bien Prométhée, pour l’avoir eu comme fréquentation privilégiée au cours de mon cursus littéraire classique ; et là, dans les vers d’Enri Wegmann, il est aussi incisif, moderne et pathétique que dans mon propre esprit : tel que j’aime le mythe et le personnage. Mon sentiment spontané quant à cette pièce frise l’empathie, tant sur le plan dramaturgique (réécriture mythologique et dramaturgie classique) que dans le fond même de l’écriture : entre archétypes intimes et passions politiques, tous ces dieux ressuscités font écho en moi, leur geste et leur parole devient le meilleur prétexte à jeu que je pouvais attendre, de la matière brute pour metteur en scène en puissance.
Entre lecture privée et lecture en groupe, à peine deux semaines s’écoulent. L’auteur est présent, avec nous : derrière les mots j’ai rencontré l’homme, digne père d’une œuvre étonnante. Les échanges entre lui et moi sont riches et fructueux et deviennent source d’un espoir étonnant. La distribution est instinctive, elle se révèlera juste. La lecture fait mouche, à l’unanimité, voilà l’élan de création donné au groupe. L’été viendra faire mûrir l’ensemble. Fin du premier acte.
Septembre 2006 : reprise des hostilités. Entre la constitution d’une structure associative et d’une distribution finalisée, voici les Gobes-Lune lancé pas après pas dans la concrétisation de leur aventure et, avec les premières répétitions, la rencontre de ces nouveaux dieux païens avec leur propre univers, tout un Olympe à réinventer. La recherche visuelle nous apparaît comme étant la clé de notre création, car il nous faut tout un monde d’images pour porter ce texte au plateau. Les forces vives s’exercent dans toutes les directions nécessaires à partir de notre réflexion commune, les comédiens réinventent leur rôle hors de la scène : scénographie, musique et administration font partie intégrante du travail de chacun pour que le rêve prospère…
Adrien Dupuis
L’Œuvre « en quête d’un monde dual »
Une pièce en cinq actes et en alexandrins, au moins pour moitié, avec sa crise et sa catastrophe, construite sur un canevas classique pour dérouler devant nos yeux un drame divin. Au confluent entre la tragédie racinienne et le drame moderne se trouve ce texte hybride que l’on pourrait appeler une épopée ordinaire.
D’épique, elle conserve les personnages, ces figures mythologiques responsables du destin des hommes ; de la tragédie, elle conserve une tension grandissante, l’impossibilité de démêler une crise sans tomber dans la catastrophe ; de moderne, elle a cette écriture, cette geste de petites gens en proie à leur quotidien. Cet assemblage épars loin d’être stérile ou sclérosant devient une véritable machine à jouer, pour chaque vers retrouver une dynamique propre, pour chaque scène recréer une confrontation (cet agôn antique), pour chaque acte renouveler la tension dramatique, voilà quels sont les principaux problèmes que nous avons tenté de résoudre.
Et pour rendre parfaitement compte du texte de Gaïa et Prométhée il faut également mentionner ses didascalies. Importantes quelle que soit l’œuvre étudiée, surtout dans les textes contemporains, les didascalies chez Enri Wegmann entretiennent un statut particulier avec l’œuvre. Le dialogue en lui-même, contraint par la forme fixe de l’alexandrin et par la rigidité du propos, est comme privé d’une poétique propre, sans épanchement lyrique, comme aride. Ce sont les didascalies, moins faites pour être représentées que pour suggérer une ambiance, une atmosphère, qui supportent dés lors la fonction poétique du langage dans l’œuvre de Wegmann. Transcrire sur le plateau cette dimension particulière du texte, sa poétique, constitue également une part importante de notre travail.
Comment raconter au spectateur cette bulle divine, sans rien lui cacher de ses paradoxes intrinsèques, et avec cette idée qu’il regarde au travers d’un microscope ? Comment lui donner à voir la scène d’un mythe où sa propre absence joue un rôle prépondérant, où l’échelle des grandeurs est confondue par le lieu-théâtre même, et deux infinis fondus dans un espace foncièrement unique ?
Cette problématique de la dualité que nous plaçons à la base même de la création trouve un premier élément de réponse dans l’acceptation totale de ces antinomies -qu’elles soient dramaturgiques ou « architecturales ». Chercher la force de ce fil tendu, ce couteau tiré qu’est cette matière hybride, ce texte contemporain qui réinvente l’antique, accepter ses paradoxes pour en restituer la teneur et l’esthétique.
Deux espaces d’abord pour un seul plateau : la montagne des dieux, ce lointain Olympe où trône le palais de Zeus ; et le désert des hommes, le Caucase où nul n’a jamais osé habiter, hanté qu’il est par le souvenir de Prométhée. À nous autres humains qui rêvons, il nous reste le ciel, ironie amère, que nous pouvons souiller à notre guise.
Ce chemin de recherche ainsi emprunté nous conduit vers une scénographie dont le principe géométrique soutient par lui-même les forces et les faiblesses de ce dédoublement perpétuel. Et il n’y a qu’une seule figure qui permet de déterminer un tel espace : le cercle. En effet, le cercle, par l’ambiguïté de sa frontière, offre cette possibilité de créer deux espaces distincts mais indéterminés en surface et en volume : l’éther olympien, montagne des dieux qui suppose une élévation du jeu, où les corps doivent se faire légers comme sur un nuage, portés qu’ils sont par l’essence divine, et le Caucase, lieu désert, où toute présence est avant tout un poids, que la gravité semble aspirer vers les profondeurs de Terre. Il permet surtout de confondre ces deux espaces à leur véritable origine : la conscience des hommes, c’est-à-dire l’étroitesse d’une boite crânienne.
Pour faire exister vraiment cette scène sur scène (même en cas de dispositif frontal), il faut que le cercle soit aussi la frontière entre le dieu-personnage qui évolue dans un échange de paroles données, et le dieu-technicien, anonyme, dont seuls les gestes agissent sur le monde qu’il domine. Par ailleurs, par sa seule évocation symbolique, le cercle devient la trace évidente des fondements du monde que l’on met en branle.
Ainsi sur cette base circulaire, il faut envisager les volumes qui confèrent à cet espace lisse la verticalité nécessaire et rendent au Caucase et à l’Olympe leur singularité. Ces modules, tranches de sphère tronquée, doivent suggérer par leur empreinte un couvercle à la fois osseux et cosmique dont la matérialisation entière écraserait l‘espace scénique. De plus, mobiles et fonctionnels (conçus comme des échelles en trois dimensions), assumant la modernité de leur matière brute, ils sont les fragments du monde avec lesquels les dieux sont en interaction.
Enfin, ce cercle tracé au sol, dans son rapprochement avec une piste circassienne, offre à notre recherche la possibilité d’introduire dans notre espace des modules acrobatiques (rubans, cordes), des costumes luxuriants et une musique envoûtante pour amener en douceur le spectateur au sein d’un univers si féerique qu’il pourra sans peine croire à l’existence de ce drôle de monde divin.
- Le drame
Tout commence par la rencontre extraordinaire de Gaïa et Prométhée, rencontre qui n’aurait jamais dû se produire si la Terre-Mère et sa fille ne s’étaient perdues sur son territoire, le Caucase aride. Le face-à-face de ces deux êtres qui revendiquent chacun, à leur manière, paternité (maternité) de la race humaine n’est pas sans étincelles ni violence : divinités usées, elles s’épuisent encore à raisonner contre l’autre, sans l’entendre. Et se déchirent avant que d’apprendre à s’aimer…
En marge de cette rencontre se trouve un autre monde, d’autres dieux aussi usés, un Olympe vieilli, corrompu par un dieu fourbe qui complote contre le pouvoir séculaire de Zeus : Hermès le séducteur, que son ambition et ses attributs ont conduit à dominer le monde comme une puissance grise, il est un pouvoir totalitaire qui ne dit pas son nom et agit voilé.
Un seul être peut encore sauver le monde divin de ce péril au visage d’ange : Prométhée, l’enchaîné, le déchu, l’exilé.
Pourquoi lui ?
- Gaïa et Prométhée
Deux personnages mythologiques, deux époques archaïques, deux symboles. Non pas dans l’affrontement manichéen de deux conceptions opposées, mais dans la recherche d’une union de deux principes complémentaires, non pas un duel entre deux puissances titanesques mais la construction d’un monde dual.
Et dans ce monde dédoublé vivent des êtres doubles eux aussi : leurs rôles, car c’est bien d’un rôle qu’il s’agit, est de gouverner le monde, leur tâche est universelle – ce sont les dieux antiques, cette conscience divine, cette petite voix qui dirige, invente, établit, comme le souvenir d’une culture qui nous anime – mais leur être, lui, est mesquin, commun, trivial, trop humain.
Cette grande famille des dieux semble cliver, partager entre leur réalité immédiate et stupide, leur petits problèmes personnels comme chacun peut en avoir, et leur tâche divine, extraordinaire. Et leur langue, forcément étrangère, se construit dans le carcan du vers : l’alexandrin résonne étrangement dans la vulgarité de ces dieux corrompus. Entre rimes et prose, ces dieux humains, glissent, de l’Olympe au Caucase, vers leur destin, le destin des Hommes.
Prométhée, par Florent Bresson
Prométhée, celui qui comprend avant. Le désert, les chaînes, la douleur et le temps l’ont rouillé. Ce titan haineux, brailleur, ne peut supporter les dieux olympiens, qui l’ont châtié. Il s’oppose à eux comme Dieu créateur des hommes Il leur a apporté le feu et la technique pour leur permettre d’échapper à la Nature, au Destin. Prométhée ambitieux, rusé, est le seul à s’élever au niveau de Zeus et à le déstabiliser.
C’est aussi un grand refoulé : l’idée même d’aimer le terrifie plus que l’aigle de Zeus, qui vient lui déchirer le foie quotidiennement. Gaïa et Prométhée, c’est la rencontre d’une Déesse prostituée par les hommes et d’un fou interné par les Dieux.
Gaïa, par Elise Touchon
Gaïa et Prométhée drôle d’histoire.
Je suis Gaïa, la Terre Mère.
Mère du monde, de l’Humanité.
C’est par son besoin d’enfanter que cette humanité est née.
Besoin qui jaillit comme celui de respirer. Souffle de vie, d’envie, de création.
A-t-elle seulement choisi cette humanité ?
Ou était-elle grosse d’une vie préexistante qui ne demandait qu’à émerger ?
Une fois dehors ses enfants sont des fleurs déjà écloses.
Premier homme, premier combat. Coupe le sexe de ton père pour exister.
Mère du monde minéral, végétal et animal.
Dis-moi d’où tu viens je te dirai qui tu es.
Qui est-elle ?
La nature puissante, implacable, dicte sa loi aux hommes. Nul ne l’amadoue, ne la dompte. Chacun l’écoute, la chérit et vit aux rythmes de ses caprices.
Femme fatale aux instincts maternels.
N’y a-t-il pas un petit peu de Gaïa en chacune de nous, Femmes ?
Elle est de ces êtres qui n’ont pas de parents,
D’où la vie naît d’elle même par elle-même.
Être unique.
J’admire cette force, difficile d’imaginer la vie sans elle en moi, sans elle en nous.
Difficile d’imaginer un corps pour Gaïa.
Alors je recherche l’expansion continue des sensations.
Travail sur l’infini qui vit et meurt.
Aujourd’hui elle souffre.
Elle n’a pas de problème avec l’Humanité mais avec les humains.
Escalade du progrès qui peu à peu de jour en jour avance sa destruction.
Souillée par endroits, sublimée par d’autres, son corps est déchiré.
On abuse des ses atours, on profite de ses faiblesses.
Elle s’en rend compte et se revêt de misère.
A qui la faute ?
Surprenante à toute heure, ressource inépuisable de chaleur, l’étincelle de vie vibre encore à travers l’Amour.
Partenaire improbable, ici Gaïa n’est plus seule.
Elle aime et est aimée.
Nouveau travail sur le lien du cœur.
Elle est La Femme et cette femme désirée, elle est La Mère et notre mère.
Éternel va et vient entre le symbole et l’anecdote.
« L’immense te ramène à ton essence. »
Elle est cet Immense.
Rhéa , par Anna Moysan
Fille de Gaia, Rhéa l'accompagne partout et lui sert en quelque sorte de traductrice ou assistante didactique. Elle est à peu près au courant de tout ce qui s'est passé et peut-être tout ce qui se passe dans l'immense royaume de l'olympe.
Au début plutôt calme et patiente, elle se révèle ensuite
moqueuse et impertinente face à sa mère exclusivement occupée par sa relation avec Prométhée.
Un petit rôle ponctuel et pertinent dans cette pièce ou se
trament complot, amour, drogue et pouvoir.
Zeus, par Frédéric Chaboud
Zeus Dieu des Dieux. Incorruptible coureur de jupons, maître de l’univers depuis la guerre contre les Titans, marié à Héra depuis tant d’années.
Tout lui pèse, il cherche à s’évader de toutes ses contraintes. Fuir ce quotidien qui le déprime, il trouve en Hermès un réconfort et un soutient qui lui est nécessaire. Son mariage avec Héra bat de l’aile, car celle-ci le pousse à rester dans son Rôle.
Seule solution à tous ces problèmes : L’Ambroisie, drogue fournit par Hermès. Ainsi, ce Zeus junky montre un visage inattendu du pouvoir déclinant et confère à ce rôle une tonalité à contre-emploi de son nom.
Héra, par Marie-Sophie Lequerré
Héra est la déesse protectrice des épouses, et femme de Zeus.
Jalouse, violente, et vindicative, elle protège son mariage, et dès que quelqu’un tente de faire de l’ombre celui-ci, elle se venge. Elle se venge sur les maîtresses de Zeus et sur les enfants adultérins, parce qu’elle ne peut pas toujours se venger sur Zeus.
Elle est capable d’une grande violence, lorsqu’elle est vexée, ou lorsque l’on veut lui faire de l’ombre.
Elle aime toujours son mari, mais plus par affection, par habitude, que par passion. C’est un mariage de façade. Elle prend son rôle de déesse et de reine des dieux très à cœur. Elle s’inquiète pour l’avenir des hommes, des dieux et de Zeus.
Prête à tout pour que ça se passe bien. Pour elle, les apparences sont essentielles.
Aphrodite , par Maud Landau
- Plénitude
Silence
Repos
Peu de temps après le chaos.
J’apparais
Dans une bulle
Une bulle au milieu de centaines d’autres
- Je regarde -
Il n’y a que moi
- Je nais
Au cœur de cette écume
Qui me permet de redevenir vierge
Quand je le désir.
Je souris, je jouis
Je ressens, j’aime
Chaque siècle a ses canons d’Esthétisme
Chaque époque ses idoles
Chaque génération ses fantasmes
- Je suis l’énigme et l’origine de ces mots.
J’incarne le Mystère de la Féminité
Je suis essence de l’Amour et de la Beauté.
- Sensuelle -
Mon nom coule et caresse
Il pénètre et attaque
J’évoque et je provoque
En vous
Le désir de la chair
L’érotisme
L’attraction charnelle, l’envie de faire un
- Avec l’Autre -
- J’appartiens à un univers que vous avez créé -
Je demeure en chacune d’entre vous
Tout en restant à jamais pour les Hommes
La « Femme » rêvée - l’inaccessible.
Ares, par Lindsay Mitcham
Dans une situation où le dieu du commerce prend l’ascendant sur tous, Arès prend conscience qu’il a de moins en moins d’utilité.
De guerrier, il est devenu bureaucrate sous l’influence d’Hermès qui lui vend des armes dont la puissance terrifiante les rend inutilisables, prévenant ainsi les conflits qu’Arès considère comme nécessaires pour libérer les passions des hommes.
Il est incapable de répondre aux doutes d’Aphrodite, hantée par l’idée de la mort, et leurs échanges n’ont pas la fureur passionnelle que l’on croirait du couple formé par ces deux opposés, mais font place à une tendresse et un désir d’être rassurer.
Poséidon, par Rémy Chevillard
Le dernier né.
Je suis Poséidon.
L’ombre d’un frère, le frère d’une ombre
L’aîné des trois fils, le dernier né
Celui qui aurait dû rester dans le ventre de son père
Celui qu’a enfanté son plus jeune frère et qui pour l’éternité restera comme celui que l’on aurait dû oublier.
Je suis Poséidon, Dieu de la mer et des océans
J’ai quitté ce monde depuis bien longtemps
Mes rêves d’avenir dévorés par mon père et vomis par mon frère
J’ai noyé mon existence dans mes larmes
Je me suis abreuvé de tant de liquide
Que mon sang a perdu à jamais toute dignité.
Je suis Poséidon, le dieu liquide
J’ai imbibé ma carcasse imbécile et me suis à jamais retiré
Mon frère sauva le monde que j’aurais dû sauver
Mon frère garde le monde que j’aurais dû garder
Je suis l’aîné, celui que l’on oublie
Et j’ai noyé mon âme pour me faire oublier
Demain Héra viendra me demander
Viendra demander à moi, Poséidon, de prendre la place de mon frère
De retrouver la dignité du dieu derrière l’océan
De renaître à nouveau hors du liquide dans lequel je me noie
Mais je refuserai
Je resterai Poséidon, ombre de mon frère, frère de mon ombre.
2 bis, Passage La Ruelle 75018 Paris