Aveugle et cloué à son fauteuil, Hamm n’a d’autre jeu que tyranniser son esclave Clov. Près d’eux, ses parents n’en finissent pas d’interroger leurs souvenirs.
Un univers lugubre où l’absurdité et la vanité de notre monde sont si éloquemment mis à nu qu’à la fin du spectacle on se sent comme exorcisé.
« Le génie de Beckett consiste à donner à rire de la fameuse condition humaine, qui n’a rien de drôle. Il n’a cessé de le prouver. Jean-Claude Sachot l’a judicieusement saisi. » Jean-Pierre Léonardini, L'Humanité, 2 mars 2015
« Le texte de Beckett est sublimé par des acteurs complètement pénétrés par cette farce tragique qui met en scène le dessein fatale de la vie (...) Du théâtre brillant et intemporel, superbement représenté par la compagnie Toby or Not. » Quejadore Paris
« L’interprétation donne ainsi à voir de son excellence tout en se mettant au service du texte, tout comme la mise en scène conjuguant habilement l’absurde, le terrible et le burlesque. » La Terrasse
« La mise en scène de Jean-Claude Sachot est juste et saisissante. » Le Monde
« Une superbe présence qui traduit les douleurs nouées et les tentatives rompues. » La galerie du spectacle
« On se promène sans cesse entre des ambiances inattendues, philosophiques ou naturalistes. » Holybuzz
« Philippe Catoire donne meilleur de lui-même. Il est impressionnant. Hamm devient alors un clown tragique, cabotin, qui, derrière sa cruauté, cache sa peur de mourir. De sa démarche claudicante, le dos tordu, portant sur lui à la fois la misère de sa condition et l’espoir de s’en sortir, Jérôme Keen, épatant, incarne un Clov désarmant. » Pariscope
« Une seule solution pour le spectateur, rire les dents serrées, attentif au travail remarquable du metteur en scène et des acteurs car c’est une pièce d’acteurs » RegArts
Il est difficile d’identifier les raisons profondes qui expliquent le choix de tel ou tel texte. Les intentions qui justifient ce choix et qui précèdent le début d’un travail, sont souvent contrariées pa r l’approche et le fruit des répétitions. La mise en scène (et c’est tant mieux) s’écarte toujours de l’ idée de départ et nos bonnes intentions sont souvent rem placées par de (bonnes ?) décisions.
L’originalité du projet de TOBY OR NOT résidait dans le fait de mettre en scène les deux pièces majeures en même temps, de faire avancer les deux spectacles conjointement, parallèlement avec des comédiens très proches (certains joueront les deux) et par la même, d’établir des ponts, des échanges entre les deux chantiers ; de suivre les différences et les similitudes entre les deux textes et d’approfondir l’œuvre de Beckett. Passer de Godot à Fin de Partie, c’est vieillir, c’ est radicaliser le propos et sans doute (ça, je l’ignore encore), perdre nos derniers feux. C’est cette idée qui m’attire (et qui attire la troupe). Pour le reste, un immense respect pour l’œuvre, une vision fidèle à l’écriture, mais qui derrière la recherche du sens, privilégie aussi l’acteur. Ce sont là, sans doute, de bonnes intentions !
Jean –Claude Sachot
Clov : ( regard fixe, voix blanche) On m'a dit : Mais c'est ça, l'amour, mais si, mais si, crois-moi tu vois bien que – c'est facile. On m 'a dit, Mais c'est ça, l'amitié, mais si, mais si, je t'assure, tu n'as pas besoin de chercher plus loin. On m'a dit, C'est là, arrête-toi, relève la tête et regarde cette splendeur. Cet ordre ! On m'a dit, Allons, tu n'es pas une bête, pense à ces choses là et tu verras comme tout devient clair. Et simple ! On m'a dit, Tous ces blessés à mort, avec quelle science on les soigne.
Hamm : Assez !
Clov : - Je me dis- quelquefois, Clov il faut que tu arrives à souffrir mieux que ça, si tu veux qu'on se lasse de te punir – un jour. Je me dis – quelquefois, Clov, il faut que tu sois là mieux que ça, si tu veux qu'on te laisse partir – un jour. Mais je me sens trop vieux, et trop loin, pour pouvoir former de nouvelles habitudes. Bon, ça ne finira donc jamais, je ne partirai donc jamais. Un temps ) Puis, un jour, soudain, ça finit, ça change, je ne comprends pas, ça meurt, ou c'est moi, je ne comprends pas, ça non plus. Je le demande aux mots qui restent – sommeil, réveil, soir, matin. Ils ne savent rien dire. (Un temps ) J'ouvre la porte du cabanon et m'en vais. Je suis si voûté que je ne vois que mes pieds, si j'ouvre les yeux, et entre mes jambes un peu de pou ssière noirâtre. Je me dis que la terre s'est éteinte, quoique je ne l'ai jamais vue allumée. (Un temps ) Ça va tout seul. (Un temps ) Quand je tomberai je pleurerai de bonheur.
Fin de Partie - Samuel Beckett
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