Elle ! Louise Brooks

Clamart (92)
le 22 mars 2002

Elle ! Louise Brooks

Un écran, un film, Journal d’une fille perdue, une chanteuse et des musiciens. A l’origine de ce spectacle : deux lumineuses rencontres, celle de Roberto Tricarri, musicien, et d’Hanna Schygulla, actrice et chanteuse puis celle de cette dernière avec celle qui fut sa muse : L

 
Présentation

Celle qui était toutes les autres en une…
Le Film
A propos du Journal d’une fille perdue…

Un écran, un film, Journal d’une fille perdue, une chanteuse et des musiciens. A l’origine de ce spectacle : deux lumineuses rencontres, celle de Roberto Tricarri, musicien, et d’Hanna Schygulla, actrice et chanteuse puis celle de cette dernière avec celle qui fut sa muse : Louise Brooks. Tous trois se sont retrouvés autour de Pabst et de son cinéma qui « bouscule les convenances et exalte avec éclat l’insoumission et la beauté ». Profonde et sensuelle, la voix d’Hanna Schygulla offre une nouvelle lecture de cet hymne à la liberté qu’est le film de Pabst.
Une fascination émane de cette soirée, sans doute grâce à la complicité artistique qui existe entre ses deux femmes, la correspondance entre le visage énigmatique de Louise Brooks et la présence-voix de Hanna Schygulla. Les paroles de l’une apparaissent comme les pensées secrètes de l’autre. Tout cela sur une musique qui accompagne savamment les images sans les écraser. Un véritable événement.

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Bien sûr, on m’a souvent demandé qui était mon idole. Et moi je n’étais pas si sûre que j’en avais une…Ou alors peut-être…s’il en fallait une alors peut-être à la sortie de mon adolescence Brigitte Bardot la femme animale. Et un peu plus tard : Marilyn Monroe la femme séductrice. Et un peu plus tard : Jeanne Moreau la femme mystère. Et un peu plus tard : Simone Signoret la femme tout court. Et encore plus tard : Ingrid Bergman l’être tout court. Et puis beaucoup plus tard…j’étais devenue moi-même actrice de cinéma…
Je rencontre mon étoile phare. Je la rencontre dans le vieux film muet « Loulou » de Pabst. Celle qui était toutes les autres en une…Louise Brooks. A peine je la vois…je sais que c’est elle. Elle rayonne d’une telle essence de rare pureté. Ca donne le vertige comme l’être plus fort des enfants pas encore apprivoisés. Ca vient d’une zone où la morale ne s’y est pas encore enracinée. Où la vie ne se cache pas encore derrière les masques de nos joyeux sociaux. C’est le choc de la pureté sauvage. C’est à travers Louise Brooks, peu importe qu’elle fût habillée en blanc ou en noir, que j’ai vu apparaître sur l’écran la belle nudité de ce que j’ai envie d’appeler : « L’Enfant achevée qui s’est réveillée femme ». Louise Brooks s’est retirée de l’écran en plein milieu de sa carrière ! Est-ce qu’elle n’a pas eu de regrets plus tard ? Etait-ce le destin d’un avènement prématuré ? Etait-ce une façon de se sauver ? Ou était-ce « La malédiction de la beauté » qui élève la belle sur un nuage distant de nous autres créatures ? Tant de questions à travers tant de beauté visible ! Cela invite à vouloir toucher au « mystère : Louise Brooks ». C’est pour cela qu’il m’a paru tout naturel de vouloir lui rendre hommage… Quand Roberto Tricarri m’a proposé de m’embarquer dans sa belle aventure : Réinventer le son du film muet « Journal d’une fille perdue ». Et comment ? peut-être au lieu d’une sonorisation plus ou moins évidente. Est-ce possible de rendre cet hommage au travers d’une sorte de poème sonore ? Hanna SCHYGULLA

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Journal d’une fille perdue (Das Tagesbuch einer verlorenen) - 1929- Réalisation de G.w.Pabst, d’après le roman de Margarethe Boehme avec: Louise Brooks (Thymiane),  Joseph Rovensky (Henning), Vera Pawlowa(Tante Frida), Fritz Rasp (Meiner), Arnold Korff (Comte Osdorff), Sybille Schmitz (L’Amie de Thymiane), Andrews Engelmann (Le directeur de la maison de redressement), Valeska Gert (Sa femme), Edith Meinhard (Erika)

George Wilhem Pabst (1885 / 1967) : Né en Autriche en 1885. D’abord musicien, en Suisse et aux Etats- Unis, il aborde la mise en scène dès 1918 en plein courant expressionniste. Dans cet esprit, il réalise son premier film en 1923 : Le Trésor.
Avec La Rue sans Joie (1925), qui le fait connaître, s’amorcent les préoccupations sociales qui marqueront désormais ses films. C’est la « nouvelle objectivité » (réalisme) qui l’amènera plus tard à rencontrer Bertolt Brecht. Les découvertes de la psychanalyse, certaines tendances anarchistes, une sensualité naturelle et une violence contenue aboutiront, après l’amour de Jeanne Ney (1927), au premier chef-d’œuvre absolu de Pabst, Loulou. Dans ce film, on découvre une des plus fascinantes actrices du cinéma : Louise Brooks. Pabst, en 1992, tourne avec Louise Brooks Journal d’une fille perdue.
Le cinéma parlant, malgré quelques autres grandes œuvres, lui sera moins favorable. Citons Quatre de l’infanterie, L’Opéra de quat’sous (1931) et l’Atlandide (1932). Il meurt à Vienne en 1967.

Louise Brooks : A une époque où tant d ‘énergie est consacrée à perpétuer la vision éphémère de ces stars (femmes-objets, hommes-objets) livrés à l’appétit oculaire des foules, fantômes vêtus de lumière empruntée, il nous paraît important de pouvoir rendre hommage à l’une des seules actrices de l’histoire du cinéma qui se soit toujours insurgée contre cette forme nouvelle d’idolâtrie.
Il y aurait beaucoup à écrire sur le destin de cette femme étonnante, fille spirituelle de Lou Andréas - Salomé, d’une indépendance et d’une intelligence- pour ne point parler de sa beauté- hors du commun. Louise Brooks n’a pas beaucoup tourné. Trop lucide et trop indépendante sans doute pour jouer le jeu.
Il y eut cette rencontre miraculeuse avec un personnage, Loulou, et avec un metteur en scène, Pabst. Dans Journal d’une fille perdue, autre chef d’œuvre, elle est toujours perverse, enfantine, naïve, enjouée, amorale pensionnaire canaille et femme fatale. Louise Brooks emplit l’écran de sa présence magique et apporte au film de Pabst un érotisme de tous les instants. Il en résulte un jeu sublime qui dépasse l’interprétation. Un jeu où tout l’être est en jeu.

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Un Hymne à la liberté sexuelle flétrissant l’hypocrisie d’une société corrompue. « N’ayons pas peur des mots. Nous sommes en face d’un chef d’œuvre.
Rarement la beauté cinématographique n’aura été aussi près de l’efficacité du langage. Dans un tout d’une cohérence absolue, l’art de Pabst harmonise la photogénie des visages, la fluidité du montage, la présence significative des décors, le rôle des objets, la justesse des éclairages et la position privilégiée de la caméra… »
Journal d’une fille perdue a toutes les apparences d’un mélodrame… Toutefois, nous sommes fort loin des codes de narration du genre. Nous en sommes même à l’opposé, et des historiens du cinéma comme Raymond Borde et Freddy Buache parlent d’un « antimélo ». Pabst refuse constamment les interprétations tranchées et plonge les rapports entre les personnages dans une ambiguïté fondamentale. C’est son immoralisme qui transforme Journal d’une fille perdue en antimélo.
Dans l’Allemagne pré nazie, peu de films auront subi autant de mutilations, d’interdits…La censure se déchaîna. Rares sont les films qui dénoncent avec autant de virulence la soif de corruption de la bourgeoisie et exaltent avec autant d’éclat le plaisir charnel et la beauté.

Freddy Buache, fondateur de la Cinémathèque suisse, auteur de nombreux ouvrages sur le cinéma

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Spectacle terminé depuis le vendredi 22 mars 2002

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