Dans la forêt lointaine

Bagnolet (93)
du 22 octobre au 4 novembre 2001

Dans la forêt lointaine

Un Voleur vient de passer huit ans en prison à retranscrire une œuvre théâtrale née d’une rencontre, lors d’un cambriolage, avec Maximilienne directrice de La Firme. La représentation surgit et se déroule sous le regard d’une Encadreuse. Drame familiale, représentation politique du monde depuis la chute du mur de Berlin, poème épique inspiré du Ramayana, Dans la Forêt Lointaine serait « une association d’histoires qui viderait les lieux pour se frayer un chemin ». 

  
Présentation
Note de l’auteur
Création Musicale
Extraits de réactions écrites à la lecture du texte

La Compagnie Les Cow-Boys et les Indiens

Celui qui lit ce récit connaîtra la fortune. Celui qui l’entend lire sera délivré du mal. Ce récit assure la victoire et prolonge la vie. Il guérit les maladies et procure le bonheur dans ce monde et dans l’autre. Valmiki

Vitre, je ne te veux jamais miroir. Pedro Salinas

Un Voleur vient de passer huit ans en prison à retranscrire une œuvre théâtrale née d’une rencontre, lors d’un cambriolage, avec Maximilienne directrice de La Firme. La représentation surgit et se déroule sous le regard d’une Encadreuse. Drame familiale, représentation politique du monde depuis la chute du mur de Berlin, poème épique inspiré du Ramayana, Dans la Forêt Lointaine serait « une association d’histoires qui viderait les lieux pour se frayer un chemin ». 
Dans la Forêt Lointaine est une représentation humaine et poétique d’une lecture de notre monde et la mise en abyme de ses forces contradictoires. Elle y cherche la part animale, la part irrationnelle. Elle en cherche la violence. Violence entre la représentation vivante, le poème épique et celle de la représentation morte, celle des médias. Violence entre le je et le nous. Violence entre le temps formaté et le temps du sablier. Violence entre la réalité humaine, sa complexité, sa richesse, et le nivellement par le bas, la pensée unique, née de la mondialisation. Au delà du combat sous-jacent, la guerre virtuelle n’aura pas lieu grâce au désir de certains de se perdre « Dans la Forêt lointaine » en quête d’« humanité extrême » pour réinventer une autre mode de pensée, d’écoute et de parole.

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Dans la Forêt Lointaine est un geste qui s’inscrit dans mon travail sur l’affabulation, la théâtralisation naïve de la modernité et de sa dérive. 
Il y a quelques années, j’ai eu la chance d’assister à une représentation en théâtre d’ombre du Ramayana d’une rare intensité sur un terrain de parking quelque part dans la banlieue de Kota Baru, en Malaisie. La représentation dura jusqu’à l’aube, et tandis que les ombres dansaient, se battaient, volaient dans les airs, je me suis laissé traverser par une matière, une poétique. Cette vision s’est inscrite en moi, et je savais intuitivement qu’elle renaîtrait un jour sous une autre forme. J’ai laissé ces personnages, ces traits, mûrir, et ils m’ont accompagné dans cette dernière décennie mouvementée. 
D’autres rencontres, d’autres lieux, des femmes qui tenaient des pancartes avec des portraits de disparus à San Christobal de las Casas, au Mexique, d’autres victimes d’autres lieux, et un monde qui en remplace un autre, un monde qui se sépare violemment d’un autre. Le Ramayana, disent les Indiens, est une histoire sur la tragédie de la séparation, la douleur du départ. Dans la Forêt Lointaine n’est ni une adaptation ni une transcription du Ramayana, tout comme l’échangeur ne serait ni une adaptation ni une transcription du sous-commandant Marcos. Il s’agit d’une inspiration, d’un accompagnement. 
Un personnage vacille entre un pilier sur lequel on s’appuie, et une fusée sur laquelle on s’accroche quand le monde va ailleurs, un compagnon d’humanité, il s’installe à l’intérieur, et il parle. On me demande parfois où sont les méchants. Je préfère que les parts d’ombres vivent à l’intérieur, et que la violence des rapports soit sous-jacente, un peu comme dans les films de Mizoguchi. Les personnages, eux, ont bien des combats à mener avec ce qui s’appelle leur place en ce monde.
Dans la Forêt Lointaine part à la recherche de son humanité extrème. Prend le bateau avec elle. Ne juge pas, ne dit pas qu’elle régresse, ne dit pas qu’elle va de l’avant. Sens qu’elle va ailleurs. Se construit autour de cet ailleurs. La fiction naît de cette errance. Quand la fiction est en place, les personnages peuvent enfin se permettre de respirer, de s’y perdre.

Gérard Watkins

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Une chanson, c’est une histoire de fidélité, c’est un point de rencontre entre un moment et l’éternité. Les artistes passent leur vie à abandonner , à s’abandonner, pour se perdre dans un ailleurs, c‘est terrible pour eux, ils n’ont nulle part où aller. Un chanteur, il a sa terre, il a ce moment à faire vivre, à retraverser. Toute petite, j’ai vu un chanteur répéter sa chanson trois, quatre fois et cela pouvait durer encore et encore et c’est ça que je cherche, c’est le encore et encore. J’ai vite compris que tout se jette, que la vie part en fumée, mais que la chanson reste. Cynthia, Dans la Forêt Lointaine
J’ai choisi de partir de la pentatonie du Gamelan javanais et d’en accompagner le chant de Cynthia et d’y joindre un piano joué par la femme-oiseau. Après deux séjours musicaux en Indonésie nous avons pu nous initier au gamelan et comprendre sa dramaturgie. D’une nappe, d’une enveloppe douce (les Javanais l’appelle tonnerre de miel), il peut passer à un environnement brutal, quasi industriel. Ces aller-retours entre l’enfance et la violence de notre monde en marche est une des forces motrices Dans La Forêt Lointaine. Quant aux corps, à leur présence, qu’ils dansent, que les ombres et la lumière se fassent la guerre. Guerre entre ce qui est caché, the dark side of the moon, et ce qui est montré, le miroir aux alouettes. 

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Je te remercie de m’avoir fait lire « Dans la forêt lointaine ». On sent immédiatement que ce qui attire peut au contraire décourager certains parce que tu inventes tout un univers, mais avec des paramètres inhabituels. Tu réussis à traduire la transformation du monde en train de se faire où perce la conscience de ce que nous devenons, nous les vivants, au milieu des monstres que nous suscitons. Des personnes nouvelles ont un autre mode d’échanger entre elles. Les scories du vieux monde sans doute ne facilitent pas les choses. L’éclairage est cruel, ironie cinglante pourtant souvent développé dans l’amour des êtres.
Ce qui déroute et fascine, c’est que tu obéis à un idéal de complexité où les notions ne se donnent jamais comme distinctes et séparées. Je suis bien convaincu que le simple en lui-même ne désigne qu’une illusion, voir une erreur. Chez toi, à travers de longs développements on dialogue avec des configurations mobiles et des nœuds de relation. C’est comme abolir l’écart entre un truand et un saint ; Là s’ouvre une configuration - une carte - inexplorée. Ton texte appelle le corps des acteurs, leur vie, leur joyeuse connivence à se déplacer au delà du connu…

Claude Régy, lettre du 7 mars 2001.

…Parler de notre monde est sans doute l’une des choses les plus difficiles pour un poète et un auteur de théâtre. L’on s’aperçoit aujourd’hui à la lecture des textes de Brecht par exemple, lorsque celui-ci écrivait dans la seconde guerre mondiale, qu’il était limité par la résonance très faible de cette période dans la marche de notre histoire, même si l’on peut en souligner la lucidité, l’émotion, le combat, puisque après tout, notre monde a vécu d’autres guerres en d’autres temps, et d’autres textes sur ces guerres du passé ont servi à Brecht, comme les écrits de Brecht nous servent aujourd’hui. 
Mais il lui a manqué les 50 années qui permettent aujourd’hui à un Edward Bond ou un Athol Fugart par exemple de témoigner devant nous d’une manière aveuglante et dévastatrice de la guerre ou du communisme. 
Il nous manque donc le recul, mais ce recul, au fil du temps, se réduit de plus en plus. Les évènements se chevauchent de plus en plus et se répètent, se présentent à nous sous une autre forme, mais au fond, restent les mêmes. …C’est donc à partir de là que le dramaturge commence à écrire, parce qu’il s’est passé un temps très court entre l’explosion et la déflagration. Ce temps, c’est le notre et le meilleur moyen pour le saisir est de le regarder en face une première fois, puis de biais une seconde fois, puis enfin de haut, pour mieux en saisir les contours, mais aussi l’épaisseur et la circonférence, bref, établir une évaluation des dégâts et des victimes. 

Mohamed Rouabhi, février 2001.

Subtilement le texte fait de la place et découvre des êtres. D’abord comme on vide un lieu, un corps. Comme on déménage des inscriptions, on décolle des affiches sur la chair. Non pas dans les faits du texte représenté, mais dans sa vibration réelle au monde décrit qui avance sauvagement. Un tourbillon plus qu’un rétrécissement dramatique de l’espace vital. De l’urbanisme jusque dans la forêt, les personnages semblent chercher les souches vierges de la société, le coupe–coupe des grandes surfaces à la main.
Est-ce que le monde accepterait encore de se perdre un instant pour se retrouver ? Se comprendre ? S’enfoncerait-il lui-même dans sa forêt lointaine ? Créer un seul vide afin d’entrevoir sa propre mort ? Un texte ne s’abaisse pas à réussir. Mais c’est un enjeu que j’ai ressenti avec cette pièce. Un tissu entre l’humanité extrême et ses effets, ou l’acteur nous incarne. Qui joue de l’image que l’on revêt, contre l’autodestruction, l’avalement de soi-même. Une histoire d’être et d’écriture mystérieuse et violente. Par laquelle on entame un voyage lointain directement adressé à l’intime, et au monde d’aujourd’hui.

Gilles Sampieri, mars 2001.

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La Compagnie Les Cow-Boys et les Indiens

Suivez-moi, La Mousson d’été, Théâtre Gérard Philipe de Saint-Denis,1999
« …Gérard Watkins a la plume caustique, le regard acéré et l’imaginaire explosif. Malgré quelques longueurs et obscurités qui ressemblent à des défauts de jeunesse, il prend à bras le corps notre époque, si tentée par la régression. Une scénographie bourrée d’inventions et des comédiens tels Hélène Alexandridis et Fabien Orcier - dont la capacité de donner du sel à des personnages à la limite du virtuel est saisissante – rendent attrayant ce voyage au cœur de l’etablishment politique et médiatique » J. Shidlow, Télérama 

Route 33 de Stéphane Keller, 1996, Théâtre L’Échangeur, Bagnolet. 
« …Filant vite et droit au désastre, Stéphane Keller croise des destinées fin de siècle sur fond d’incommunicabilité, de frustration et de carriérisme. Jusqu'à ce que pointe l’horreur du nationalisme de moins en moins rampant. A mesure que le propos vire au politique, le ton devient alarmiste : manière de signifier que rien, à commencer par le pire, ne survient fortuitement et qu’il n’est pas nécessaire d’attendre pour réagir que tous les voyants passent au noir. Même si Stéphane Keller se laisse parfois emporter par son sujet au détriment du rythme, la conviction des comédiens vient effacer ces lacunes. Ils ont pour noms Antoine Basler, Barbara Bouley, Catherine Buquen, Cyril Dubreuil, Claudie Guillot et Fabien Orcier et dans les CV reviennent en litanie et sûrement pas par hasard les noms d’Antoine Vitez, Bernard Sobel, Stanislas Nordey, Claude Régy… » A. Dreyfus et G. Renault, Libération 

La capitale secrète, Théâtre de Gennevilliers - centre dramatique national, A.D.C.Quimper- scène nationale, 1995. 
« Des constellations d’étoiles visibles en plein jour, sur le sol une immense bâche blanche. Voilà un coin de plage virtuel, avec baraque de tôle ondulée et troupeau de tortues. Là se retrouve une faune au bout du monde. Karl, le maquereau en Swan Shoes, Ham, le magicien black en rupture de sorts, un frère qui cherche une sœur et un couple moderne. Laurent la Brute et, sous son ombrelle, la blonde Isabella. La Capitale secrète, vous y êtes. C’est un machin à rêver , un truc de magicien qui aurait le blues. Un monde d’illusions, charnel et drôle. Cette bande a quitté nos villes de briques et de ciment, pour une île de No-where. Mais au matin, leur tête reste remplie des rêves et des fureurs de la nuit. Au fil de leur rencontres, vous n’entendrez pas un bobard. Ce qui est dit ici est juste et vrai. Dans ce pays, les filles n’ont jamais suivi personnes, les mecs ont tout lâché, le tapis du casino trop taché de sang est remplacé par du carrelage. Gérard Watkins trace l’inventaire bien réel d’un état de rêves. Un théâtre jubilatoire et tranquille, une longue dérive amoureuse, une toile qui se tisse en liberté. Côté scène, autour d’un Patrick Pineau, déchaîné, rien que du beau monde. Barbara Bouley, Fabien Orcier, Moussa Théophile Sowie et Sylvie Orcier. Dans le plaisir de jouer, c’est leur peau d’acteur qui apparaît. Côté public, ça respire. Une impression d’aller au théâtre comme on va à la mer. Pour les rejoindre dans La Capitale secrète, une seule solution : téléportez-vous ». Patrick Sourd, Nova Magazine.

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Spectacle terminé depuis le dimanche 4 novembre 2001

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