Corps otages

du 7 au 10 juin 2006

Corps otages

  • De : Jalila Baccar
  • Mise en scène : Fadhel Jaïbi
  • Avec : Hosni Akremi, Jalila Baccar, Fatma Ben Saïdane, Khaled Bouzid, Besma El Euchi, Hajer Gharsellawi, Riadh Hamdi, Jamel Madani, Lobna Mlika, Moez M'Rabet, Waffa Tabboubi
Dans Corps otages, Jaïbi et Baccar partiront du geste d'une jeune professeur de physique qui se fait exploser dans la cour de son établissement de la capitale, au pied du drapeau tunisinen. Comment une fille de famille aisée, d'éducation laïque, dont le père, ancien militant communiste, a passé dix ans dans les geôles de Bourguiba, dont la mère, haut fonctionnaire à la retraite, milite pour les Droits de l'Homme, comment donc une telle femme en vient-elle à basculer dans l'islamisme radical ?

Spectacle en arabe, surtitré.

Fadhel Jaïbi est un grand nom de l'art théâtral arabophone. Chacune de ses mises en scène est passionnément commentée par des milliers de spectateurs fidèles à son théâtre de Tunis. Depuis 1972, en une vingtaine de créations, il s'est forgé une stature unique. Elle lui garantit une liberté de parole et de création qui, sans jamais être définitivement acquise, lui permet néanmoins de travailler sans avoir à transiger ni avec le pouvoir, ni avec le marché. Son théâtre, qu'il voudrait comme Vitez « élitaire pour tous », a été applaudi à Beyrouth, à Damas, au Caire. En Europe, il s'est d'abord fait connaître comme pédagogue et formateur, mais ses derniers spectacles - Comedia, Familia, Les Amoureux du café désert, pour ne citer que ceux-là - ont tourné en Italie, en Espagne, en Hollande, en Suède, au Portugal, en Belgique et en France. En 2002, Junun (Démences), joué au Cloître des Célestins, est l'une des révélations du Festival d'Avignon. Mais depuis 1998, le public parisien n'a plus eu l'occasion de suivre son travail.

Ce travail, Jaïbi et sa compagne, Jalila Baccar, s'y engagent totalement, immergeant les acteurs dans un processus de création partagée qui s'étend parfois sur près d'un an. Cette longue gestation s'explique par la nature même de la recherche qui anime Jaïbi. Son théâtre est affaire de quête, de corps, de confrontation. De corps : Jaïbi tient à ce que son théâtre soit fait de chair et de sang, de mouvements et d'émotion, communiquant du coup à ses spectacles une énergie directe et convulsive.

De quête : Jaïbi s'interroge avant tout sur la condition de l'homo tunisianus contemporain, telle qu'elle résulte des soubresauts d’une histoire complexe, fragmentée, souvent ignorée et refoulée. Pour comprendre cette histoire, il faut délier les langues, réveiller les mémoires, remonter le cours du temps et tenter d'inventer des parcours possibles, des figures, des archétypes suggérant comment on en est arrivé là.

La quête se fait donc enquête, et procède par confrontations : du présent avec le passé, des positions de parole masculine et féminine, de la nouvelle génération adulte avec celle de ses parents, du rationalisme marxiste des militants des années 1960 et 1970 avec les convictions fondamentalistes, mais aussi de l'Occident post-colonial avec l'Orient et le Maghreb.

Dans Junun, l'exploration et l'anamnèse avaient pour fil conducteur la relation d'un jeune schizophrène avec sa psychanalyste : la construction dramatique s'opérait autour d'un sujet absent et du douloureux travail de sa renaissance à soi.

Dans Corps otages, l'absence et l'aliénation seront d'un autre ordre : Jaïbi et Baccar partiront cette fois-ci du geste d'une jeune professeur de physique qui se fait exploser dans la cour de son établissement de la capitale, au pied du drapeau tunisien - autrement dit, comme le note Jaïbi avec une froide ironie, « si loin des lieux où l'on se fait habituellement exploser ». Le thème de recherche choisi par Jaïbi rejoint ainsi son style théâtral et sa matière de prédilection : depuis toujours animé par la violence qui traverse les corps, son théâtre s'attaque ici à l'une de ses formes les plus effrayantes, pour essayer de reconstituer le « puzzle éclaté » (Jaïbi ne dédaigne pas un certain humour noir) qu'a laissé la jeune femme. Comment une fille de famille aisée, d'éducation laïque, dont le père, ancien militant communiste, a passé dix ans dans les geôles de Bourguiba, dont la mère, haut fonctionnaire à la retraite, milite pour les Droits de l'Homme, comment donc une telle femme en vient-elle à basculer dans l'islamisme radical ?

La réponse, selon Jaïbi, nous concernera sans doute de bien plus près que nous ne voudrions le croire.

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Spectacle terminé depuis le samedi 10 juin 2006

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