Quelques jours avant la reprise de Decadance, l’un de ses succès historiques, la Batsheva Dance Company présente une série de représentations de Naharin’s Virus, fruit de la collaboration entre Ohad Naharin, directeur artistique et chorégraphe de la compagnie, et les danseurs. Une façon de lancer les interprètes dans le grand bain de la créativité. On y retrouve, bien sûr, l’énergie qui irradie la danse de cette compagnie, mais aussi la profondeur d’une gestuelle qui, sans être narrative, touche chacun au plus profond de soi.
Cette pièce est aussi un dialogue entre le mouvement de la danse et l’écriture de Peter Handke, l’un des plus grands auteurs vivants. En effet, Naharin’s Virus s’inspire de sa pièce Outrage au public. De larges parties du texte constituent une trame idéale tandis que la musique épouse la chorégraphie. Peter Handke dit voir dans son œuvre « une pièce sans histoire, sans intrigue, sans fil narratif, une pièce qui se raconte elle-même. Pas d’histoire pour nous accrocher comme à un hameçon, pas d’histoire conçue pour s’évader, mais seulement la réalité nue du moment dans l’espace. » Ohad Naharin fait sien cet espace, imaginant une gestuelle débordant d’invention et emmenant ses interprètes toujours plus loin dans l’émotion et la virtuosité.
Philippe Noisette
Avec les danseurs de la Batsheva Dance Company.
1, Place du Trocadéro 75016 Paris