Bach - Musique Funèbre pour le Prince de Cöthen

À la Chapelle Royale.

Bach écrit pour la mort du Prince de Cöthen une cantate funèbre ambitieuse dont la musique ne nous est malheureusement pas parvenue, mais dont la totalité ou presque concerne une parodie de la musique de deux œuvres majeures de cette époque : la Trauer-Ode BWV 198, et la Passion selon Saint Matthieu BWV 244b.

Dès 1873, de premières recherches et études de l’œuvre de Bach permettent de constater la proximité du livret de cette musique funèbre avec de nombreuses arias de la Saint Matthieu : sonorités, nombre de vers et de pieds, caractères, etc... Pour exemple, le célèbre « Erbarme dich » de la Passion selon Saint Matthieu ressemble à tous points de vue à l’aria « Erhalte mich » de notre TrauerMusik. Ainsi, se dessine l’hypothèse d’une œuvre parodiant la Saint Matthieu pour partie, et la TrauerOde écrite elle un an plus tôt pour la mort de la Reine de Pologne.

Bach a-t-il pensé cette musique d’abord pour le texte de notre TrauerMusik, ou d’abord pour la Passion selon Saint Matthieu ? Imaginer que certaines des plus grandes pages du Cantor puissent être entendues dans leur contexte originel nous a paru fascinant.

Cette TrauerMusik donne donc à entendre ce qui pourrait être la cantate la plus longue et ambitieuse de Johann Sebastian Bach, et utilisant les deux chœurs extrêmes de la TrauerOde BWV 198, ainsi qu’un chœur et neuf arias de la Frühfassung de la Passion selon Saint Matthieu. De derniers travaux universitaires ont révélé également la proximité du chœur central, appelé Dictum, avec le second Kyrie de la Messe en si de 1733. Sur le texte du Psaume 68, la fugue stricte et sévère du second Kyrie semble être toute pensée pour ce nouveau contexte. Une fois que nous avons accepté de retirer nos empreintes presque indélébiles de ces musiques sur leur texte connu, nous voyons apparaître une œuvre nouvelle, passionnante, où ces nouveaux textes semblent avoir toujours été pensés pour elles.

Raphaël Pichon (extraits)

Avec l'Ensemble Pygmalion.
Direction : Raphaël Pichon.