Dès 14 ans.
- Au croisement du réel et du théâtre
La Compagnie Nova réalise un véritable travail d’enquête et de recherche, qui se nourrit aussi bien de la rencontre de témoins que d’associations ou de relais sur les territoires.
Troisième volet de leur triptyque « Écrire en pays dominé » consacré aux questions de notre société contemporaine, 1983 questionne une fois de plus les récits dont nous avons hérité et ce que nous voulons en faire. Inspirés des méthodes pacifistes de Martin Luther King, dix-sept jeunes Français entreprennent le 15 octobre 1983 une marche pour l’Égalité et contre le racisme qui les conduira de Marseille à Paris. Ces « marcheurs » revendiquent leur place en tant qu’enfants d’immigrés et d’ouvriers, dans la société française.
Ce sont plus de 100 000 personnes qui les attendront à Paris le 3 décembre de cette même année tandis que François Mitterrand accède à l’une de leurs revendications principales : obtenir une carte de séjour d’une durée de dix ans. Cet évènement insuffle immédiatement l’espoir d’une reconnaissance sociale pour les deuxièmes générations d’immigrés qui pensent avoir enterré le racisme et trouvé leur légitimité sur le sol français.
Ce ne fut pas la réconciliation de la France avec ses enfants issus de l’immigration. Ce fut, en revanche, le « tournant de la rigueur » et l’adieu au projet de transformation sociale porté au pouvoir en 1981. Ce fut, aussi le début de la percée politique et médiatique du Front national. Autour de cette année pivot, la compagnie Nova bâtit un spectacle qui fait l’archéologie de nos renoncements, se questionne sur nos rendez-vous manqués. Un coup d’œil en arrière qui éclaire notre présent.
Un présent dans lequel aujourd’hui les quartiers populaires perdent de plus en plus de leur mixité, quand le monde ouvrier disparaît au profit des extrêmes.
« Au carrefour de l’intime et du collectif, notre travail s’ancre autour de la troupe et de son écriture au plateau pour faire entendre les paroles de ceux qui se sont tus si longtemps. Pour que du réel à la fiction, l’intime visite le politique. » Margaux Eskenazi
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