
Nous avons créé Y’a de la joie il y a une dizaine d’années au Théâtre National de Chaillot puis en tournée. Mais la Première mondiale à eu lieu à Perpignan, « centre du monde », donc lieu approprié pour une Première mondiale.
Nous jouions en plein air. J’avais tellement peur d’oublier mes textes que j’avais truffé le plateau de pense-bêtes. Au moment de commencer le spectacle, la tramontane se déchaîne et envoie au diable vauvert tous mes petits papiers. Le bon Charles Trenet était là, au premier rang, à côté de l’autre Charles (Aznavour) qui filmait l’événement avec une petite caméra. J’étais mort de trouille etm’en sortit tant bien que mal. A la fin du spectacle, Charles monta sur scène et chanta avec la troupe Le Temps des poètes. L’émotion envahit le public, et la soirée s’avéra triomphale.
Alors que j’aidais Charles à descendre les marches de l’estrade, il me serra le bras et me dit : « C’était très beau, très fou et très poétique… mais dites-moi Savary (et il plongea ses yeux dans les miens) je n’ai pas vu les micros, vous chantiez en play-back n’est-ce pas ?… » Il fautdire que, grâce aux progrès de la technique, on fait aujourd’hui de minuscules micros que l’on dissimule dans les perruques ou au revers d’un veston. Je montrais le mien à Charles et répondit : « Mais non Charles, réfléchissez un peu, si on avait chanté en play-back, on aurait mieux chanté !… » Il sourit et conclut : « Ah c’est vrai !… Je n’y avais pas pensé !… »
C’est en souvenir de cet homme doux et simple que j’ai voulu remonter Y’a de la joie.
J. S.
Un spectacle musical de Jérôme Savary
sur des chansons de Charles Trenet
Livret de Jacques Pessis
et Jérôme Savary
Direction musicale de Gérard Daguerre
Collaboration artistique Léonidas Strapatsakis
5, rue Favart 75002 Paris
Entrée du Public Place Boiëldieu