Richard III

Romans sur Isère (26)
du 28 au 29 janvier 2002
3H30

Richard III

" Quoi vous tremblez ? Vous avez tous peur ? Hélas, je ne vous blâme pas, car vous êtes mortels… " Richard III

Présentation
Eveillons les Fantômes qui sommeillent
Cette volonté d'être acteur
Now
Traduction
Le Panta-Theatre

" Quoi vous tremblez ? Vous avez tous peur ? Hélas, je ne vous blâme pas, car vous êtes mortels… " Richard III

Richard III, à l'instar des plus grands héros shakespeariens, est devenu une icône : celle de l'horreur historique et de la tyrannie sanglante, incarnés dans la difformité physique. Cette représentation du mal étonne alors par sa paradoxale humanité… Richard est celui qui s'exempte de toute compassion, de tout devoir de fraternité, mais qui aussi hurle son manque d'amour, force son destin, joue admirablement la comédie. 

Terrifiante et séduisante figure de théâtre sur la scène du monde, Richard se veut le metteur en scène de sa propre vie. Et cela depuis le premier mot qu'il prononce ,sur un plateau déserté " Now ", pour instituer une existence nouvelle, hurler contre la paix et ses fadeurs, exiger la guerre à nouveau… La fable le voit accomplir, à coups de violences meurtrières mais aussi à force de séduction, une impeccable prise de pouvoir.

Ayant pris le royaume, Richard va le perdre presque aussitôt. C'est que lui-même, le grand manipulateur, était l'instrument de la machine historique. 

La beauté de Richard III est plutôt celle d'une cérémonie de fin du monde, comme si la liberté unanimement accordée à Richard de prendre la barre du bateau ivre était le prix à payer pour que tous les morts et les derniers vivants puissent enfin délivrer leur mémoire, purgée de leurs folies, qui avaient pris les couleurs de deux roses.

Pascal Colin et Guy Delamotte

Nos divertissements sont terminés
Nos acteurs comme je vous en ai prévenu étaient tous des esprits et se sont
fondus en air, en air léger.
Et comme l'incorporel tissu de ces visions,
Les tours coiffées de nuages,
Les magnifiques palais,
Les temples solennels,
Ce grand globe lui-même et tout ce qui l'habite
Se dissoudront
Comme cet immatériel spectacle
Lui-même sans laisser
La moindre trace.
Nous sommes de l'étoffe
Dont les songes sont faits
Et notre petite vie est cernée de sommeil.

Shakespeare - La Tempête

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Le personnage de Richard III est unique dans la première tétralogie de Shakespeare, par sa paradoxale humanité. Lui qui semble s’exempter de toute compassion, de tout devoir de fraternité, mais qui, aussi, hurle son manque d’amour, force son destin, joue extraordinairement la comédie…

Sur un rythme intimiste et pudique, avec en toile de fond le détail d’un tableau de Masaccio, l’écoute est privilégiée à toute violence, annonciatrice d’un travail sur le tragique, sur la représentation du tragique à travers l’histoire : ascension vers le cercle de la couronne. Richard III : miroir, où se confondent les qualités d’acteur et de tyran. Où le langage vacille en une apologie de la vengeance, de la malédiction, puis en un chant de lamentations.

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Le fil conjugué de la traduction et de la mise en scène de Richard III, concerne la vie comme mise en scène, à proprement parler. Le théâtre non comme représentation du monstre au pouvoir, mais comme expérience du pouvoir lui-même, dans sa monstruosité, par l’action conjuguée d’une souffrance et d’un désir de jouissance inaltérables. Ce qui est à l’œuvre dans tout pouvoir est en nous-mêmes, mais enfoui, et que Richard, l’indispensable salaud, révèle.

Ainsi, Richard n’est pas seul dans le coup : il y a les autres et le public. Et s’il existe une confusion concertée entre le réel et l’illusion, le théâtre et l’histoire, s’il y a provocation, ce ne peut être que par le public et grâce à lui, qui est convié à jouer avec Richard et qui, pervers lui aussi, veut être confondu et éclairé, provoqué et scandalisé, consterné et séduit. La position ambivalente du héros n’offre aucune ambiguïté : le public est son complice. Il participe à l’élaboration de cette vie mise en scène.

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N’en déplaise aux bonnes consciences,
Richard est un Homme et il fait partie de notre communauté humaine.
Sachons l’accueillir et concevons notre société comme multiple, diverse,
et faites de tous ses membres. Même si…
Meurtrier oui ! Mais qui n’a jamais envisagé la mort de son prochain.
Alors ce parcours est bien celui d’un homme.
Rien de plus et non la simple ascension d’un tyran sanguinaire.
Pourtant le meurtre est au cœur de l’histoire
Comme un noyau explosif autour duquel tous gravitent.
Meurtre originel de l’innocence.
Quand l’espérance est morte ;
Le grand supplice, alors, est de ne plus pouvoir jouir du repos
Qui soustrait un instant aux supplices de la conscience.
Il ne reste plus qu’à implorer un cheval.
Dérisoire demande d’un enfant abandonné.
Richard, pour finir n’est qu’un pauvre acteur.
Sur la scène du monde désertée et inutile.

Now
Eveillons les fantômes qui sommeillent.
Et si tout le travail ne consiste qu’à les convoquer
« Ces esprits qui veillent sur les pensées des morts »
Alors nous verrons Richard jouer de son ombre-
portée (détourné de lui-même) masquer d’un voile
noir la clarté de quelques unes de nos certitudes.
Ascension vers le cercle de la couronne ;
Soleil d’or qui entourera les tempes mortelles de ce roi ;
Là où trône la mort farceuse et ricanante.
Couronne d’épines d’une humanité inachevée,
Pauvre prématuré, envoyé avant le temps
Dans le monde des vivants.
Et qui n’a d’autre choix que la séduction du mal
Face au chœur des figurants de ce monde
« De bruits et de fureur »
Qui se croient en paix.
Richard III, miroir,
Où se confondent
Les qualités d’acteur et de tyran.
Où le langage vacille
En une apologie de la vengeance, de la malédiction
Puis en un chant de lamentations.

Désespères et puis meures.
L’incantation a produit son effet.

Guy Delamotte

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Rien n’arrête Richard. Surtout pas le texte, dont il est le produit, et aussitôt l’énergie. Vitale (mortelle). Traduire Richard III, alors, c’est d’abord s’interdire les semblants d’une poétique dont les forces, même les beautés, pourraient endiguer le mouvement.

Car c’est dans ce mouvement qu’il faut soi-même être pris. Entraîné. 

Car on a l’impression qu’ici, à l’orée d’une œuvre (gigantesque), nous sommes un peu au moment où la langue devient drame, où l’hétéroclite du texte (par exemple ses archaïsmes, emprunts aux mystères médiévaux, qui voisinent avec les premiers monologues - modernes - de la conscience déchirée) manifeste une recherche de puissance dramatique, par laquelle théâtre et vie ne seraient pas dans un rapport d’imitation mais coïncideraient, jusqu’à l’agonie d’un monde et la mort du salaud, échoué sur la scène, la chute de l’acteur ayant tout donné : une dramaturgie de conquête, d’excès et d’épuisement, et dont la représentation, totale, est l’unique finalité.

Alors la traduction n’est pas, ne peut pas être, ici, séparée du reste, comme si la langue pouvait seule parader à l’écart de l’acte de jouer. 
Peut-être, par instants, l’entend-on pour elle-même, peut-être même, fugitivement, peut-elle séduire ou irriter par quelque chose - quelque aspect : sa dimension « contemporaine » (dans certains choix lexicaux en particulier) ou son souci, d’ailleurs réel, de rythme, sacrifiant parfois l’image à son profit - l’action scénique. Peut-être.

Mais ce ne sont que là que les effets d’un enjeu plus constant, espéré plus radical : redécouvrir constamment l’énonciation - cette parole globale, en activité dans le texte, vivante par nous l’agissant - en s’efforçant de bannir toute complaisance sur une partie, tout à coup isolée, de l’énoncé ; c’est-à-dire inscrire sur le plateau d’aujourd’hui l’acte concret que constitue cette parole de fiction, qui fabrique le monde comme un théâtre, d’abord volontairement pour y survivre et puis, sans le vouloir, pour y mourir. Mais toujours dans la nécessité.

Aussi bien, l’intégrité de la traduction n’est pas à trouver dans les débats préfabriqués proximité/éloignement, respect/licence, etc. N’est pas, par exemple, dans l’accrochage forcené à la littéralité, produisant au mieux d’hermétiques élégances, associé qu’il est, ce scrupule de l’œuvre, à la pure mythologie shakespearienne.

L’intégrité d’une traduction est la même que celle de toute lecture lucide, infiniment soucieuse de la langue mais insoumise aux codes, qui dit ce qui du texte est aujourd’hui intelligible, et qui participe ainsi de l’œuvre de représentation à faire. 

Car on ne fait pas du théâtre pour recréer les conditions de réception d’il y a quatre siècles…ni d’il y a quinze jours. Mais on peut profiter qu’il s’agisse d’éphémère : au travers des différences essentielles entre les espaces et les siècles, se révèle la relation particulière, profondément analogue, de connivence et/ou de violence entre acteur et public que ce théâtre implique. 

La traduction n’est donc qu’un moment de cette (re)création mais elle est un moment de cette (re)création - n’en peut-être pour moi détachée. 

Elle ne peut, en tous cas celle-ci, et pour ces quelques raisons, être isolée du projet de représentation qui ici, au Panta, l’a suscitée : la tragédie du roi Richard III.

Pascal Collin

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Le Panta-Théâtre , Equipe De Création Théâtrale, Est Implantée A Caen Au 24 Rue De Bretagne. Lieu Pour Construire Une Parole D’aujourd’hui Où L’on A Pu Découvrir Des Auteurs Contemporains Tels Que Koltès, Le Clézio, Durif, Cormann, Kermann, Duras…

1987 Credo D’enzo Cormann - Théâtre De La Cité Universitaire - Festival D’avignon 87
1988 Avant-Garde De Marieluise Fleisser - Théâtre Du Lucernaire - Paris
1989 Rêve De Sade De Hervé Royer - Festival D’avignon - 89
1990 Woyzeck De Georges Buchner - Co-Production Comédie De Caen - Centre Dramatique National
1991 Combat De Nègre Et De Chiens De Bernard-Marie Koltes - Ouverture Du 24 Rue De Bretagne A Caen - Théâtre De La Tempête Et Tournée Nationale
1992 Quai Ouest De Bernard-Marie Koltes - Co-Production Scènes Nationales D’alençon Et De Cherbourg
1993 Palais Mascotte D’enzo Cormann - Théâtre De L’aquarium
1994 On N’a Jamais Été Si Loin De La Terre - Vol St 617 D’après J.M.G Le Clezio - Festival D’Avignon 94 - Théâtre De L’est Parisien
1995 Les Petites Heures D’eugène Durif - Tournée Nationale
1996 Ivanov D’anton Tchekhov - co-Production Théâtre De Caen, Collaboration Comédie De Caen. 1ère Version Inédite.
Traduction André Markowicz Et Françoise Morvan
1997 Le Rêve D’un Homme Ridicule De Fédor Dostoievski - Traduction : André Markowicz
1997 Frida Kahlo D’après Son Journal Et Sa Correspondance. Théâtre Déjazet A Paris Et Tournée Nationale. - Festival D’avignon 99
1998 Les Démons De Fédor Dostoievski - Traduction : André Markowicz - Théâtre De L’aquarium A Paris Et Tournée Nationale
1999 L’idiot D’après Fédor Dostoievski - Traduction : André Markowicz
2000 Leçons De Ténèbres De Patrick Kermann Créé A Caen Et Repris Aux Fédérés A Montluçon - Cdn D’auvergne
2000 Agatha De Marguerite Duras Festival D’avignon 2001 - Tournée En Pologne
2001 Shakespeare Go Home D’après Shakespeare - Traduction : Pascal Collin - Co-Production Scène Nationale D’alençon-Flers
2002 Richard III De Shakespeare - Traduction: Pascal Collin - Co-Production Cdn De Normandie / Comédie De Caen, Scène Nationale De Cherbourg-Octeville, Le Rayon-Vert / Saint-Valéry-En-Caux, Office Départemental D’action Culturelle Du Calvados

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Sélection d'avis des spectateurs - Richard III

Richard III Le 26 janvier 2003 à 11h38

Je ne vais pas souvent au théatre, c'est peut-être pour cette raison que cette pièce est la meilleure à mes yeux et à ce jour que j'ai vu. Je félicite particulièrement les acteurs pour cette représentation car leur jeu était vraiment passionnant. J'ai aussi apprécié l'ambiance qui traduisait bien le tragique de la pièce. Bravo !

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Richard III Le 26 janvier 2003 à 11h38

Je ne vais pas souvent au théatre, c'est peut-être pour cette raison que cette pièce est la meilleure à mes yeux et à ce jour que j'ai vu. Je félicite particulièrement les acteurs pour cette représentation car leur jeu était vraiment passionnant. J'ai aussi apprécié l'ambiance qui traduisait bien le tragique de la pièce. Bravo !

Informations pratiques - La Presle

La Presle

Avenue du Chanoine Jules Chevalier 26100 Romans sur Isère

Spectacle terminé depuis le mardi 29 janvier 2002

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