Proust ou les intermittences du cœur

Paris 9e
du 27 mai au 8 juin 2009
2 heures, entracte compris

Proust ou les intermittences du cœur

« […] aux eaux troubles de la mémoire sont liées les intermittences du cœur. » Cette phrase de Marcel Proust inspire Roland Petit pour sa chorégraphie. Il oppose le monde du bonheur à celui de la perversion, le paradis à l'enfer. Des tableaux indépendants mais liés par le fil de la mémoire permettent au chorégraphe de dégager des moments tendres ou dramatiques et de reconstruire un monde lointain avec des images très fidèles.
  • Ballet en deux actes et treize tableaux (1974)

Roland Petit, inépuisable traducteur chorégraphique des grands textes littéraires, s'attache ici à l'univers de Marcel Proust. Un plongeon inédit dans le roman A la recherche du temps perdu pour lequel il privilégie la forme du fragment plutôt que du récit. Une façon fidèle de saisir les profondeurs de l'écriture proustienne et de donner corps aux souvenirs et aux sensations qui la pétrissent.

De l'oeuvre littéraire à l'oeuvre chorégraphique
Dans La Recherche du Temps perdu, Marcel Proust s'intéresse aux souvenirs du narrateur : un jeune homme hypersensible, né dans une famille bourgeoise à la fin du XIXe siècle, qui rêve de devenir écrivain. Cependant, les tentations mondaines le détournent longtemps de son objectif. Attiré par le mirage doré de l'aristocratie, il découvre en grandissant le monde, l'amour et l'homosexualité. La maladie et la guerre, qui le couperont du monde, lui feront prendre conscience de l'extrême vanité des choses et de son aptitude à devenir finalement écrivain, pour fixer le temps perdu.

Dans son ballet, Roland Petit s'est attaché à capter la très subtile texture d'une époque et d'une société toute en demi-teintes, telles que Marcel Proust les décrit. Il crée un langage chorégraphique épuré, capable d'évoquer les plus ténus émois de l'âme. Le chorégraphe oppose le monde du bonheur à celui de la perversion, le paradis à l'enfer, renonçant évidemment et justement à toutes les implications de caractère littéraire. Choisir des tableaux indépendants mais liés par le fil de la mémoire lui permet de dégager des moments tendres ou dramatiques et de reconstruire un monde lointain avec des images très fidèles.

La musique
Le chorégraphe a veillé à choisir des musiques qu'aimait Proust, et sur lesquelles il avait écrit. Ainsi entendra-t-on Ludwig von Beethoven, Claude Debussy, Camille Saint-Saëns, Richard Wagner... La tentation de faire danser les musiques de La Recherche a été au moins aussi forte que de faire danser ses personnages... Roland Petit reconnaît que de tels choix musicaux inscrivent le ballet à contre-courant des tendances de son temps, mais, selon le chorégraphe, Proust permet justement de se libérer de ces sortes d'asservissements du Temps.

Les décors et costumes
Pour cette entrée au répertoire, la production a bénéficié de nouveaux décors et costumes - confiés respectivement à Bernard Michel et à Luisa Spinatelli - qui, plus que jamais, transcendent les époques et font danser les sentiments. L'oeuvre de Proust hésitait entre les tentations mondaines et la vanité des choses. De la même façon, le ballet est divisé entre une première partie « en blanc », pleine de tendresse et de délicatesse - sorte d'âge d'or de la sensibilité - et un second acte « en noir », qui nous plonge dans un univers passionnel plus violent et plus sombre.

Musiques de Ludwig van Beethoven, Claude Debussy, Gabriel Fauré, César Franck, Reynaldo Hahn, Camille Saint-Saëns, Richard Wagner
Chorégraphie et mise en scène de Roland Petit
Décors : Jean-Michel Wilmotte
Costumes : Luisa Spinatelli
Lumières : Jean-Michel Désiré

Avec les Étoiles, les Premiers Danseurs et le Corps de Ballet, Orchestre de l'Opéra national de Paris - direction musicale Koen Kessels.

  • Les intermittences du cœur

"Car aux eaux troubles de la mémoire sont liées les intermittences du cœur. C’est sans doute l’existence de notre corps, semblable pour nous à un vase où notre spiritualité serait enclose, qui nous induit à supposer que tous nos biens intérieurs, nos joies passées, toutes nos douleurs sont perpétuellement en notre possession.

Peut-être est-il aussi inexact de croire qu’elles s’échappent ou reviennent. En tout cas si elles restent en nous, c’est la plupart du temps dans un domaine inconnu où elles ne sont de nul service pour nous, et où même les plus usuelles sont refoulées par des souvenirs d’ordre différent et qui excluent toute simultanéité avec elles dans la conscience. Mais si le cadre de sensations où elles sont conservées est ressaisi, elles ont à leur tour ce même pouvoir d’expulser tout ce qui est incompatible, d’installer seul en nous, le moi qui les vécut." Marcel Proust, Albertine disparue

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Spectacle terminé depuis le lundi 8 juin 2009

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