Les étranges mues de Mrs Blue

du 8 au 11 février 2005
60 minutes

Les étranges mues de Mrs Blue

Pour tout public à partir de 8/9 ans. Voilà l’histoire de Barbe-Bleue revisitée par une compagnie bourrée d’imagination. Mais cette fois-ci, le héros est bien décidé à trouver l’âme sœur. L’histoire, empreinte de poésie, est émaillée de nombreux clins d’œil délicieux aux contes traditionnels, tandis que la mise en scène nous plonge dans une féerie d’images. Au-delà du miroir, l’homme et la femme sauront-ils se comprendre ?

Pour adultes et… garçons et filles dès 8 ans.

Un conte fantastique
L’histoire

L’image de la femme
Extrait

Extraits de presse

« C’est l’histoire de Bläerbeblue qui, après 6 mariages successifs, aimerait enfin trouver la femme de sa vie. Il la voudrait toute simple, cette femme, docile, sans artifice, ni coquette ni même jolie, et surtout, surtout qu’elle ne soit pas trop curieuse... Le meilleur moyen serait qu’elle vienne de loin, de très loin, du grand Nord par exemple, une femme “à l’état de nature” qu’il n’aurait plus qu’à modeler à son goût pour en faire une épouse parfaite ; comme si la féminité n’était que le reflet du regard de l’homme... C’est l’histoire d’une femme qui débarque du Grand Nord pour devenir “Mrs Blue” et c’est (plutôt) mal parti... Une (plutôt) drôle d’aventure où l’on ne saura pas vraiment qui piège qui. »

Voilà l’histoire de Barbe-Bleue revisitée par une compagnie bourrée d’imagination. Mais cette fois-ci, le héros est bien décidé à trouver l’âme sœur. Grâce à un dispositif scénique ingénieux, le spectateur assiste à un étonnant face à face entre les époux. Dans cet univers fantastique où la vidéo est très présente, l’homme et la femme confrontent leurs rêves. En se superposant, les images virtuelles et théâtrales créent un duo inédit. De part et d’autre de l’écran, chacun joue sa propre partition. L’histoire, empreinte de poésie, est émaillée de nombreux clins d’œil délicieux aux contes traditionnels, tandis que la mise en scène nous plonge dans une féerie d’images. Au-delà du miroir, l’homme et la femme sauront-ils se comprendre ?

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« Tout avait commencé le 23 Février 1907. Le Capitaine Vaërderlinck était rentré de l’expédition que j’avais financée. Il avait 5 mois de retard. Longtemps bloqué par les glaces, il avait dû abandonner notre navire, sa cargaison et l’équipage au beau milieu de l’océan arctique. De là, il avait continué seul, d’abord en traîneau, puis sur la barque d’un marchand de peaux, dans la cale d’un baleinier, et enfin, en compagnie d’un pêcheur qui puait aussi fort que son stock de morues avariées. Épuisé, mais droit et digne dans son manteau de capitaine au long cours, il était enfin arrivé à ma porte.

Je fis monter sa malle dans le laboratoire que j’avais aménagé à cet effet et m’inquiéta du précieux spécimen qui se trouvait à l’intérieur. 
- Elle vit encore, affirma le capitaine. 
Je le congédiais en doublant sa solde pour le récompenser de son courage et m’assurer de son silence. Puis il disparut dans la bruine du soir, et alors, mes ennuis ont commencé. »

C’est par ces mots que Bläerbeblue, homme solitaire et énigmatique entame son récit.

Baigné par les thèses de Darwin et les écrits de Jean Jacques Rousseau, il s’est lancé dans la quête d’une femme, à “l’état de nature”, comme il dit. Cette femme, il l’a fait quérir au nord, tout au nord, sur le toit du monde, là où longtemps, on a cru qu’une mer libre et calme baignait l’Eden ; là où longtemps, on a confondu la défense torsadée du narval, avec la corne de la licorne du Paradis ; là où la glace bleutée des icebergs, étend ses voiles comme des robes de mariées.

Une femme tellement loin de notre civilisation, qu’elle sera forcément vierge de tous ces défauts qu’on leur prête d’ordinaire : séduction, tentation, cupidité, mensonge, coquetterie, jalousie, et surtout, surtout cette curiosité maladive qui les poussent à mettre leur nez partout, particulièrement là où on leur a pourtant bien dit que c’était interdit...

Une femme, donc, "à l’état de nature" comme vide de toute caractéristique particulière, et qu’il suffirait de remplir, de conditionner, de formater, comme on dit aujourd’hui, pour obtenir d’elle la femme idéale : docile, soumise, aimante sans provocation, belle sans artifice. Une femme, enfermée dans une chambre-laboratoire, observée par Bläerbeblue, à travers un miroir sans tain.

Un sujet d’expérience, livrée à une évolution chaotique vers une féminité qui se cherche et se révèle dans le regard de l’homme, transformation après transformation, mue après mue. Seulement voilà : fort de ses convictions d’homme occidental, Bläerbeblue ne s’est pas douté que sous la simplicité, la naïveté burlesque de cette femme, ce n’est pas le vide, bien au contraire.

Pleine, bien pleine de choses qui la dépassent, de la poésie fantastique et mystérieuse des pouvoirs chamaniques, elle va semer le désordre dans son laboratoire, sa vie et ses sentiments. Elle ira bien sûr là où c’est interdit, se montrera dans des tenues étranges et pas convenables du tout, dansera dans l’âtre de la cheminée, et lorsque enfin, elle viendra se mirer dans la glace, ce ne sera pas pour faire la coquette, mais pour le piéger, l’enfermer à jamais, lui et son regard, dans son miroir sans tain.

Voilà, c’est donc depuis ce poste d’observation magique et dérisoire que Bläerbeblue, nous conte son histoire, sous la forme d’un journal. Au présent ou en flash back, on assistera à quelques épisodes notoires, comme, par exemple celui de leur mariage hâtif, ou bien la découverte du secret de Bläerbeblue et du souvenir de ses défuntes épouses.

De même, on sera le témoin de toutes les manœuvres pathétiques, drôles et fantasmagoriques, entreprises par la jeune femme pour se mettre en scène, au propre comme au figuré, pour plaire à l’homme, à travers ses différentes mues et ses multiples costumes.

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J’ai souvent entendu, « elle est sage comme une image ». Immobile, muette, l’image est de moins en moins sage…

Mouvantes et parlantes, nombre d’images bousculent les sentiments d’intimité, voire de pudeur. Alors noyés, engloutis, abrutis, avons-nous peut-être quelques difficultés à discerner (télé) réalité et imaginaire. Bercés par nos illusions optiques, comment parvenir à forger nos identités, à connaître et reconnaître l’essence de nous-mêmes, nos parts animales, féminines et masculines ? Et cela d’autant plus, dans ces moments d’adolescence, où la chimie des corps change, et nous change.

Évolution, maturation, mûrissement, nos mues successives de tous âges sous-tendent nos désirs de rencontres, poussent à provoquer nos duels : filles et garçons, hommes et femmes… Voilà.

Les étranges mues de Mrs Blue est une envie de retourner à un travail chorégraphique inspiré du Buto, d’explorer les passages d’un état de corps à un autre. C’est un désir de conte, où le merveilleux joue avec les fantasmes, où les étranges fantasmagories ne trouvent pas seulement leur place dans « les lanternes magiques », mais sont aussi bien incarnées en chair et en os sur une scène théâtrale.

Passer du « qui piège qui ? » à « qui transforme qui ? ». Une confrontation directe entre une image virtuelle (le regard d’un homme et son point de vue derrière un miroir sans tain) et un personnage théâtral (une femme venue de loin…).

Véronique Chatard

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« Elle dort. À ses paupières fermées, le miroir sans tain s’est éteint. Elle dort. Libre est son esprit : il voyage. Sans retenue, sans pudeur. Libre.
Le rêve : la seule liberté vraiment universelle, mais qui ne se partage pas, justement.
Le rêve, comme seule limite de ma propriété : je ne sais pas moi, ce qu’il se passe à l’intérieur de sa tête ! À quoi rêve-t-elle ? À la vie qu’elle a connue là-bas ? Aux jours qu’elle a vécu ici, depuis son arrivée ?
Ou bien se voit-elle dans le futur, à mes côtés, à mon bras ? Suis-je toujours aussi effrayant ? A-t-elle peur de moi ? Je ne crois pas. Je lui suis, tout simplement, aussi étranger qu’un éléphant de mer ou un vieux phoque édenté. Le soir de nos noces, elle m’a regardé froidement, sans émotion, comme le pêcheur qui se demande en retirant l’hameçon, s’il va rejeter le poisson à l’eau ou bien dans le fond du seau.
A quoi peut bien rêver une fille comme elle ? D’ailleurs, à quoi rêvent les filles ?
Sous leurs cheveux lâchés, coiffés, cachés, voilés, leurs rêves s’échappent, sans jamais rejoindre les rêves des garçons.
Par quels mystérieux détours se retrouvent-ils un jour ?
Qui fait le premier pas sur le chemin de l’autre ?
Deviendras-tu un jour Mrs Blue ?
La Mrs Blue de mes rêves, à moi ? »

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 « Ce spectacle happe le spectateur dans un tourbillon onirique et l'abandonne dans un espace intimiste, au milieu d'un rituel chamanique. La nature et le rapport que l'homme entretient avec elle ont une grande place dans la pièce. (...) Véronique Chatard, comédienne et metteur en scène de cette pièce, nous donne à voir une chorégraphie très forte et chargée émotionnellement ; un travail expressif à partir de la danse buto. Sa danse s'entremêle avec un texte poétique de Philippe Rousseau dans une juste proportion. L'expression du corps reste l'aspect dominant. La musique tient également un rôle important; chants énigmatiques et musiques incantatoires soutiennent cette transe. La pièce se termine en laissant le spectateur sonné, encore pris dans cette cérémonie primitive. » Le Dauphiné Libéré, 29 novembre 2004

 « La Compagnie des Yeux Gourmands vous invite dans le monde fantastique de Blaërbeblue, au royaume des apparences… A travers cette pièce, Véronique Chatard et la Compagnie des Yeux Gourmands, interrogent la réalité. Celle de l'image, de la télévision, représentée par ce Bläerbeblue enfermé derrière son écran plasma, qui met en évidence le contraste de l'émotion que suscite d'un côté Véronique Chatard, en chair et en os, évoluant sur scène sous les yeux des spectateurs, et le peu d'affecte que suggère l'homme pré-enregistré. Mais c'est aussi un univers fantastique et inquiétant par un décor soigné, fait d'ombres et de lumière que la Compagnie donne à voir. » La Vie Nouvelle, 25 novembre 2004

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Théâtre Nouvelle Génération

23 rue de Bourgogne 69009 Lyon

Accès handicapé (sous conditions) Bar
Spectacle terminé depuis le vendredi 11 février 2005

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