
Ballet, créé en 1964, adaptation du film éponyme, d’après le scénario de Liang Xin.
« Chine, années 60. Affaibli au pouvoir, le Grand Timonier en appelle à la Révolution culturelle prolétarienne pour reprendre la main. Le peuple est possédé par la folie maoïste. Les jeunes instruits sont envoyés aux champs. Les professeurs, traités de réactionnaires, sont traînés dans la rue, affligés du bonnet d’âne. La société chinoise se retrouve sens dessus dessous. Les Gardes rouges mènent l’empire du Milieu à une quasi guerre civile. Tout signe des quatre vieilleries, les idées, les coutumes, les habitudes et la culture du passé, doit être éradiqué.
Du Tibet jusqu’à Pékin, les temples sont saccagés. Les arts de la scène ne sont pas épargnés par cette opération table rase qui affecte toutes les familles chinoises. L’épouse de Mao, Jiang Qing, se charge personnellement de définir la culture de l’homme nouveau qui doit émerger du grand chamboulement. Les Chinois ne verront plus que huit œuvres, six opéras et deux ballets. Chacune glorifie sans nuances les luttes du Parti communiste, que ce soit face aux forces du Guomindang ou, comme dans Le Détachement rouge féminin, contre les propriétaires terriens réactionnaires qui enchaînent le peuple.
Ce ballet, adapté en 1964 d’un film de propagande du même nom, restera la plus célèbre des yangbanxi, les « œuvres modèles de la scène ». Parce qu’à la demande du premier ministre Zhou Enlai, Le Détachement sera donné, non sans insolence, devant le président Nixon lors de sa visite historique de 1972 en République populaire. Mais surtout parce que, si aucun Chinois ne voudrait revivre cette décennie des plus violentes de l’histoire du pays du Milieu, personne jusqu’à aujourd’hui n’a oublié ces airs et les pas gracieux de l’esclave libérée. »
Harold Thibault - Correspondant du journal Le Monde à Shanghai
Musique : Wu Zuqiang, Du Mingxin, Dai Hongwei, Shi Wanchun, Wang Yanqiao
Musique du chant du Détachement Féminin Rouge : Huang Zhun
Chorégraphie : Li Chengxiang, Jiang Zuhui, Wang Xixian
Dans la Chine du début des années trente, la guerre civile fait rage. Elle oppose d’une part les forces armées gouvernementales du Guomindang dirigées par Tchang Kai-Chek et celles du Parti communiste de Mao Zedong. En 1927, Tchang s’est retourné contre ses anciens alliés et a instauré la sinistre « terreur blanche». L’île de Hainan, au sud de la Chine (deuxième plus grosse île du pays après Taïwan), n’est pas épargnée par le sanglant conflit, loin de là. Dans le cadre de sa lutte, le Parti communiste décide de créer une armée entièrement composée de femmes.
Au début, la tâche de ces « soldates » est de nourrir les hommes et repriser leurs uniformes. Mais très rapidement ces femmes exigent de leurs commandants de prendre part elles aussi à la lutte armée. Satisfaction leur est donnée. Dans les deux années qui vont suivre, les quelque deux cents femmes combattantes vont participer à de très nombreuses batailles où un nombre considérable d’entre elles laisseront leur vie... C’est l’histoire, forcément « héroïque », de ce Détachement féminin rouge que le réalisateur Xie Jin décide de porter à l’écran en 1960.
1, place du Châtelet 75001 Paris