Le Couronnement de Poppée

Marseille (13)
du 28 au 29 novembre 2002

Le Couronnement de Poppée

Il y avait à Rome une femme nommée Sabina Poppéa…Rien ne lui manquait qu’une âme honnête…Sa mère lui avait donné la beauté et la noblesse ses richesses étaient assorties à sa naissance… Modeste était son air, ses mœurs dissolues ; elle paraissait rarement en public, et toujours à demi voilée, pour ne pas rassasier les regards, ou parce que cela lui allait bien…

Présentation
L'Adaptation
Notes de mise en scène
Le livret 
La musique 
La compagnie Deus Ex Machina 

Il y avait à Rome une femme nommée Sabina Poppéa…Rien ne lui manquait qu’une âme honnête…Sa mère lui avait donné la beauté et la noblesse ses richesses étaient assorties à sa naissance…

Modeste était son air, ses mœurs dissolues ; elle paraissait rarement en public, et toujours à demi voilée, pour ne pas rassasier les regards, ou parce que cela lui allait bien …Incapable d’attachement, insensible à celui des autres, là où elle voyait son intérêt elle portait sa passion. Poppée fut introduite auprès de Néron, elle l’enchaîna d’abord par des séductions caressantes et par sa coquetterie, en feignant pour la beauté du prince une irrésistible passion…

  • Tacite Annales livre XVII

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Poppea.

Signor, deh, non partire
sostien che queste bracia
ti circondino il collo, 
come le tue bellezze
circondano il cor mio ;
appena spunta l’alba, e tu che sei 
l’ incarnato mio sole,
la mia palpabil luce,
e l’amoroso di, de la mia vita,
vuoi tu repente far da me partita ?

Poppée.

Ah, ne pars pas, Seigneur, 
et souffre que ces bras
enveloppent ton cou,
comme tes beautés
enveloppent mon cœur.
A peine l’aube pointe, 
et toi qui es 
mon soleil incarné,
ma palpable lumière,
et l’amoureuse clarté de ma vie,
Tu veux déjà te séparer de moi ? 

Cette adaptation fidèle du « Couronnement de Poppée » raconte cette histoire de l ‘amour et du pouvoir dans une dramaturgie resserrée autour des deux personnages principaux et des quatre victimes de leur amour vénéneux.

Quelques scènes du « Couronnement de Poppée», qui relèvent davantage des conventions de l’époque (intermèdes mythologiques, ou faisant intervenir des personnages secondaires), sont supprimées, ainsi que le prologue allégorique. Les récitatifs qui présentent quelques « aridités » ont été resserrés pour ne conserver que les passages les plus significatifs du génie musical et théâtral de MONTEVERDI.
La perspective se trouve ainsi focalisée sur la riche complexité de chaque personnage et nous convie à participer à leur « huis clos », mettant à jour la modernité et la jeunesse de cet opéra.

Mireille Quercia
directrice artistique 

Nerone e Poppea 

Pur ti miro, pur ti godo,
pur ti stringo, pur ti annodo,
più non peno, non moro,
o mia vita, o mio tesoro.
Io son tua, tuo son io,
speme mia dillo, di,
l’idol mio tu sei pur, 
si mio ben, si moi cor,
mia vita, si, si.

Neron et Poppée

Enfin je te vois, enfin tu m’appartiens
enfin je te serre, enfin je t’étreins,
je ne souffre plus, je ne meurs plus,
ô ma vie, ô mon trésor.
Je suis tienne, je suis tien,
mon espérance, dis-le, dis,
mon idole, tu es enfin
mon bien, oui mon cœur
ma vie, oui, oui.

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Nous allons essayer de faire abstraction de toutes nos lectures concernant Rome et ses Césars, et en particulier le César Néron. Nous oublierons Tacite, Suetone, Pierre Grimal, Cisek, etc. Nous essaierons d’oublier cette période attirante et contradictoire, barbare et civilisée. Nous tâcherons de ne pas créer un lien entre la barbarie romaine et la barbarie américaine actuelle pour nous en tenir seulement au texte mis en musique par Monteverdi ; car il s’agit bien d’un texte mis en musique et non d’une musique dotée d’un texte. Là, nous allons explorer ce gouffre obscur qu’est le désir d’un homme pour une femme, d’une femme pour un homme.

Comment se manifeste la jalousie face au rejet du partenaire ? Quel est cet homme, semi barbare, de la Renaissance jusqu’à nos jours, prêt à tuer, commandité ou pas par une quelconque Octavie, pour retrouver le désir, la haine, le désir du meurtre ? Finalement, ne s’agit-il pas pour lui de retrouver notre problématique d’aujourd’hui, cette incapacité à devenir meilleur dans un monde qui ne l’est pas mais qui, par ses stimulants du désir érotique, pousse toujours la société vers l’avant, vers ce que l’on appelle la créativité de l’être humain ?

Andonis Vouyoucas
metteur en scène 

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Point de tout-à-fait bons ni de tout -à-fait méchants dans cette histoire faite « de bruit et de fureur » …

La passion de Poppée est elle feinte ? Celle de Néron, de toute évidence ne l’est pas. Busenello le librettiste de Monteverdi, le peint sous les traits d’un très jeune homme, sensuel, ardent, esclave de son désir immédiat, et prêt à tout pour l’assouvir. Prêt sur la suggestion de Poppée à répudier Octavie et à commander « le suicide » de Sénèque, son précepteur, qui l’exhorte en vain à respecter les devoirs de sa charge. 

Tous obstacles vaincus, c’est l’amour qui triomphera, aussi immorale que soit sa victoire. Mais l’Amour ne protège que ceux qu’il choisit de protéger. 

Othon, l’amant trahi par Poppée, ne jouit pas de son aide. Livré à lui-même, déchiré entre espoir et désir de vengeance, incertain, il exprime obsessionnellement son malheur.

Assassiner Poppée ? Il le tente, quasiment forcé par Octavie et empruntant pour ce faire les vêtements de Drusilla, la jeune fille qui l’aime éperdument, et qu’il voudrait bien aimer aussi. 

Néron se comporte en tyran, certes, mais en tyran assez magnanime pour épargner à Othon la peine de mort, par égard pour Drusilla dont il admire le courage. 

Poppée est entièrement menée par l’ambition, mais n’est-elle qu’une habile calculatrice ? 
N’est elle pas, aussi, sincèrement amoureuse ? 
Qui démêlera ce qu’il entre de tendresse véritable, d’élan sensuel ardent, dans sa tactique séductrice ?
Octavie, la victime innocente, la délaissée, n’en est pas moins celle qui arme le bras d’Othon, au prix d’un méchant chantage.
Othon, crucifié par la trahison de Poppée, n’hésite pas à se servir de Drusilla et à la mettre en péril.
Drusilla elle-même, n’est-elle pas un peu trop crédule ?
Et Sénèque, le philosophe, un peu trop imbu de sa sagesse ?
Voyez enfin Arnalta, la nourrice de Poppée : comme elle se réjouit à l’idée de devenir une dame respectée !

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Sublime de vérité, intemporelle et profondément émouvante. 

Le miracle de la musique de Monteverdi, c’est d’exprimer avec une extraordinaire vérité tous les mouvements du cœur de ces personnages intensément humains. Il les exprime dans une langue musicale infiniment souple et mobile, allant du quasi parlé, ce « récitar cantando » qui épouse les moindres nuances des « affetti », ou « passions » (au sens où l’on entendait le terme au XVIIe siècle), jusqu’au lyrisme du « bel canto », où la musique, souveraine, s’amplifie et se développe, déposant au creux de ce même texte une charge émotionnelle qui en décuple les pouvoirs.

Admirables à cet égard, sont les deux grands monologues d’Octavie. Le premier, situé au premier acte, exprime la plainte de la reine méprisée (« Disprezzata Regina ») esclave de son mariage, impuissante devant la trahison, tenaillée par les affres de la jalousie, révoltée par l’injustice des dieux. Chaque séquence du texte donne lieu à une musique appropriée, que l’on ne peut tout à fait apprécier que si le texte est compris, ce qui est valable pour tout l’ensemble du drame. (On ne saurait trop recommander, à cet égard, de prendre connaissance du livret, qui se lit comme une pièce de théâtre). Le second monologue se situe au dernier acte, au moment du départ pour l’exil : c’est l’adieu à Rome, à la patrie, aux amis, déchirant dans sa nudité, toute lutte désormais vaine. Aucun effet pathétique, aucune surcharge musicale. Une voix, quelques accords de la basse continue ( clavecin et viole de gambe). Musique sublime de vérité, intemporelle et profondément émouvante.

« Les chants désespérés sont les plus beaux », dit -on. Mais que dira-t-on alors des chants d’amour du couronnement de Poppée ? Cinq duos d’amour entre les amants jalonnent la partition. Tour à tour passionnés, sensuels, enthousiastes, triomphants, ils donnent de l’amour une image si jeune, si pure, si vraie, qu’elle emporte l’adhésion au-delà de toute censure morale. L’opéra s’achève sur un dernier duo d’une simplicité qui prend à la gorge : (« Enfin je te vois, enfin tu m’appartiens, enfin je puis t’enlacer et t’étreindre ; ma vie et mes tourments s’effacent, ô ma vie, ô mon trésor, je suis à toi, je t’appartiens »…) Les deux voix, de même tessiture (le rôle de Néron est destiné à un falsettiste, voix d’homme chantant à la même hauteur qu’une soprano) se mêlent et se croisent, en un analogue musical de l’étreinte et de la caresse d’une qualité de tendresse qu’on ne retrouvera que chez Mozart. Tendresse nostalgique, déchirante à force de beauté….

C’est également cette qualité de tendresse qui imprègne la berceuse que chante Arnalta aux côtés de Poppée endormie. Elle a la simplicité d’une berceuse populaire (peut-être-en est-ce une, d’ailleurs). Chantée par une voix de Ténor, dans l’aigu de son registre, elle prend une couleur très particulière, comme sur le fil le plus ténu, le plus fragile de la voix.

Il faudrait tout citer. La noblesse des interventions de Sénèque, Basse profonde ; le charme de celles de Drusilla, Soprano léger ; la santé et la vigueur populaire de celles d’Arnalta (Ténor, selon l’usage de l’époque pour ce genre de rôle) ; la mobilité, presque versatile, d’Othon (Contre Ténor).

L’ensemble est d’une extrême diversité de styles, de couleurs, de rythmes. « Un sommet d’humanité qui accorde exemplairement les exigences du drame au bonheur mélodique du chant ». Ainsi le définit Roger Tellart dans son très bel ouvrage sur Monteverdi (Fayard, 1997). Nous souscrivons absolument à son jugement.

Christine Prost

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Créée en 1998 à l’initiative de Mireille Quercia, la compagnie DEUS EX MACHINA a pour objectif de rendre accessible à un plus large public, des musiques réservées habituellement à un public averti (opéra, musique baroque, musique contemporaine …)

Pour cela elle utilise des musiques extraites du répertoire lyrique en les détournant des conventions de l’opéra, ainsi que des musiques réservées aux salles de concert en les mettant en scène et en y apportant une dimension théâtrale.

La priorité de la compagnie est de présenter au public des pièces extraites du patrimoine musical classique mais aussi de faire découvrir les compositeurs du XXe siècle.

Elle s’attache à révéler les liens étroits qui unissent toutes ces musiques sous des formes moins protocolaires que le concert, dans des spectacles mis en scène ou utilisant une simple mise en espace.

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Informations pratiques

Gyptis Théâtre

136, rue Loubon 13003 Marseille

Spectacle terminé depuis le vendredi 29 novembre 2002

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