L’Européenne

du 9 au 13 octobre 2007
1h40

L’Européenne

Pièce politique mais aussi revue musicale sautillante et dérisoire de l’Europe en construction… ou en reconstruction : suite à un appel à projet, plusieurs artistes planchent pour célébrer l’Europe du XXIème siècle. S’engage une sorte de course, de rallye où il s’agit de doubler les autres, de les envoyer dans le décor… Lequel s’attirera les faveurs de la Commission ?

Revue musicale sautillante et dérisoire de l’Europe en construction
Note d’intention de l’auteur
Un projet sur l'Europe
Le rire pour parler de l’Europe

  • Revue musicale sautillante et dérisoire de l’Europe en construction

Pièce politique mais aussi revue musicale sautillante et dérisoire de l’Europe en construction… ou en reconstruction : suite à un appel à projet, plusieurs artistes planchent pour célébrer l’Europe du XXIème siècle. S’engage une sorte de course, de rallye où il s’agit de doubler les autres, de les envoyer dans le décor… Lequel s’attirera les faveurs de la Commission ?

En abordant par l’humour le thème de l’Europe, l’auteur/compositeur David Lescot donne à un sujet politique toute la saveur de ses paradoxes ; le metteur en scène bruxellois Charlie Degotte, familier des univers burlesques, explore les affres de nos rapports à cette utopie et donne à ce théâtre musical les couleurs de la satire.

Allez ! c’en est fini de la 9e de Beethoven comme hymne européen. Symphonie de joie du III° Reich et de la Rhodésie, elle est usée la pauvre. Heureusement la commission de Bruxelles veille au grain. Elle a convoqué des artistes de toute l’Europe pour nous en composer une nouvelle avec le poème épique qui va avec et l’oeuvre d’art à mettre autour. Les pieds dans l’administration, la tête dans les étoiles d'or, nos artistes vont donner le meilleur d’eux-mêmes, mais cela suffira-t-il à faire oublier Ludwig Von ?

Quand on sait que les gens ne savent même pas qui a composé la 9e de Beethoven, on s’imagine l’ampleur de la tâche. Il faut voir la réalité en farce : l’Europe est en route et l’Européenne aussi. Avec sa distribution multi-idiomatique et son texte de David Lescot aux saveurs tragi-burlesques du plus européen acabit. Et Hop-la Hop-la l’Europe des planches.

Charlie Degotte

Composition originale : David Lescot
Chef de chant : Virgile Vaujelde
Le texte de la pièce est publié aux Editions Actes Sud.

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  • Note d’intention de l’auteur

Représenter l’Europe. Voilà ce que l’on demande aux personnages de l’Européenne, artistes de tous horizons rassemblés en résidence. Telle est leur situation, mais telle est aussi la mienne, moi qui n’avais jusqu’alors, comme la plupart des gens, été amené à me prononcer sur l’Europe que sous la forme d’une réponse binaire (oui ou non).

Nous sommes européens puisque nous sommes dans l’Europe. Mais l’Europe est-elle en nous ? Qu’éprouvons-nous d’elle intérieurement ? Quelle représentation, individuelle ou collective, sommes-nous capable d’en donner ?
Pour répondre à des questions pareilles, et donc écrire le texte de la pièce, je crois avoir eu besoin de me démultiplier, c’est-à-dire de me projeter ou de me scinder en plusieurs figures :
- un compositeur persuadé de pouvoir faire mieux que Beethoven et proposant à la Commission un nouvel hymne européen ;
- un poète lointainement inspiré par Walt Whitman et qui se sentirait de taille à coucher la première épopée de l’Europe ;
- une linguiste belge adepte d’une méthode pleine d’avenir nommée « intercompréhension passive » ;
- une installatrice allemande qui rejouerait indéfiniment le référendum ;
- un performer portugais révolté ;
- une jeune femme slovaque accompagnée de la plus vieille Européenne encore vivante.
- Une sous-déléguée à la Direction générale des affaires culturelles de la Commission européenne (ou quelque chose comme ça) chargée d’encadrer les précédents.

Les imaginer, donc, puis m’incarner en eux, c’est-à-dire imaginer ce qu’ils auraient fait à ma place. Et le faire.

J’ai toujours pensé (et je sais que Charlie Degotte, le metteur en scène belge de cette affaire, le pense aussi) que les sujets les plus graves, les plus politiques, pouvaient s’accommoder d’une forme légère, comme celle de la revue ou de la comédie musicale, qui n’empêchent en rien la profondeur, l’émotion et la pensée. Car il y a une sorte d’émotion politique attachée à l’Europe, monde ancien, mais monde à construire, ou à reconstruire.

Le paradoxe de l’auteur de théâtre, c’est qu’il a fini avant que tout ne commence. Voilà où j’en suis. C’est maintenant le tour de Charlie Degotte. Pour ma part je me sens animé d’une grande confiance transfrontalière. Même si je n’ai pas encore de réponses à mes questions, mais plutôt de nouvelles questions, juste un peu plus aiguës. Et quand même une certitude, une seule : il est absolument impossible de faire mieux que Beethoven.

David Lescot

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  • Un projet sur l’Europe

Dans le cadre de « Luxembourg et Grande Région, Capitale européenne de la culture 2007 »

Depuis 1985 et jusqu’à aujourd’hui, le label « Capitale Culturelle de l'Europe » a consacré des villes européennes en vue d’attirer l’attention des citoyens européens sur leurs richesses artistiques et culturelles. En 2007, pour la première fois, la Capitale Européenne ne consacrera pas une ville, ni même une Région, mais un ensemble de régions appartenant à quatre pays, le Luxembourg, la France, l’Allemagne et la Belgique. La différence n’est pas seulement d’échelle, mais de principe : lorsque la Capitale Européenne consacrait une ville, cette ville n’avait pas attendu d’être Capitale Européenne pour être connue comme ville. Dans le cas de la Grande Région, il apparaît que sa désignation comme Capitale Européenne a d’abord pour objectif de la faire exister comme région.

Grande Région : cette désignation a minima nous dit que l’identité de cet espace géographique est improbable. Que penser d’une région dont on ne peut, pour la désigner, rien dire d’autre qu’elle est grande ? Grande Région Capitale Européenne : cette appellation nous invite pourtant à penser cet espace comme le centre temporaire de l’espace culturel européen. Mais l’art peut-il et doit-il répondre à cette injonction politique de célébration ? Notre situation ne ressemble-t-elle pas à celle des personnages de Musil dans L’Homme sans Qualités, échouant à célébrer le cinquantième anniversaire du règne de François-Joseph parce qu’en fait l’Autriche-Hongrie n’existait pas ?

Nous avons, pour certains d’entre nous, déjà travaillé ensemble indépendamment de cet événement annoncé. La question qui se pose pour nous aujourd’hui n’est donc pas : « devons-nous travailler ensemble ? » mais « que faire ensemble dans le cadre de la Capitale Européenne que nous n’aurions pas de toute façon fait hors de ce cadre ? »

On peut se dire : faisons plus grand, plus prestigieux et plus cher grâce à l’argent du label. Mais, outre le fait que cet argent reste hypothétique pour les Français, les Allemands et les Belges, cette réponse accepte le jeu de la célébration. En bref elle dit : « La Grande Région est grande, faisons du théâtre en grand ».

Alors que faire ? Je propose que nous utilisions plutôt ce projet de célébration comme objet même de notre théâtre. Autrement dit : nous avons du mal à imaginer des projets communs parce que la Grande Région n’existe pas vraiment et que nous ne voyons pas pourquoi ni comment le théâtre devrait la célébrer. Faisons alors de cette difficulté le thème à partir duquel construire nos projets communs.

Laurent Gutmann,
Directeur du Centre Dramatique de Thionville Lorraine

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  • Le rire pour parler de l’Europe

Parler de sujets graves de manière joyeuse, n’est-ce pas la meilleure manière de s’en emparer. C’est en tous cas celle, pleine de dérision et d’insolence, à laquelle travaille Charlie Degotte depuis toujours. Peut-on prendre au sérieux celui qui rit de tout ? Et peut-on rire de tout ?

Nous, les Belges (et principalement les francophones de Belgique), qui hésitons sur notre identité, nous sommes prêts à rire de tout et surtout de nous-mêmes. Au cœur de l’Europe, la Belgique se pique d’être un modèle de ferveur européenne. Elle l’est aussi dans l’imagination qu’elle déploie pour concilier des aspirations linguistiques, culturelles, sociales parfois diamétralement opposées.

Et si l’Europe devenait une grande Belgique ? Un endroit où, chaque fois qu’il faut effectuer un choix, on cherche à additionner les termes de l’alternative. Comme les anchois des Tropiques, d’une calamité, faisons une spécialité !

Voilà pour le menu que nous avons concocté avec nos collègues (nos voisins, nos cousins, nos amis ?) de Bussang, Thionville et Luxembourg, en confiant cette aventure artistique à David Lescot et Charlie Degotte. Gageons qu’ils sauront en débusquer les travers européens et nous secouer… de rire !

Serge Rangoni
Directeur du Théâtre de la Place / Centre dramatique de la Communauté française de Belgique/ Centre européen de création théâtrale et chorégraphique

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Informations pratiques

Nest-CDN de Thionville-Lorraine - Théâtre en Bois

15, route de Manom 57103 Thionville

Spectacle terminé depuis le samedi 13 octobre 2007

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