La folle absurdité du travail. Depuis quelque temps, Hervé Schmertz découvre tous les matins un homme qui ressemble à un singe assis à son bureau. Veut-il sa place ? Est-ce une blague de son ambitieux collègue ? Ou est-ce une manipulation de son supérieur Wurtz pour le pousser à bout ? Il faut dire que Wurtz est lui aussi sous pression, malmené chez lui par son épouse. Pourquoi alors ne pas inviter son subalterne et sa femme à dîner pour se changer les idées ?
Cette farce sociale aux airs de vaudeville nous montre comment les névroses, les frustrations et les luttes de pouvoir au sein de l’entreprise dérèglent le quotidien de trois couples pour les mener jusqu’à la folie collective. Une soirée qui promet quiproquos et réactions explosives. Un boulevard moderne à l’univers aussi surréaliste que kafkaïen.
Qu'est-ce qui vous a frappé à la lecture de ce texte, et donné envie de le porter au plateau ?
Kadoc, au-delà de la drôlerie du texte qui nous a beaucoup fait rire, est une pièce sociale qui porte un regard féroce sur les relations humaines, qu'elles soient basées sur des rapports hiérarchiques ou amoureux, et les travers qu’elles révèlent. Les personnages peuvent se montrer odieux, lâches ou ridicules, en somme ils sont humains, et nous déchargent de nos propres faiblesses.
Comment vous êtes vous appropriés les codes du boulevard, les avez-vous détourné, pour en faire quelque chose de moderne ?
Nous avons surtout piqué aux codes du boulevard sa métronomie, sa musicalité, sa folie. Kadoc est une pièce qui ne peut-être jouée que dans des états forts et avec des enjeux extrêmement importants pour les personnages. La modernité du spectacle se joue surtout par ses choix esthétiques, quasiment sans décor, avec l'utilisation de bruitage en direct par exemple, pour emmener la pièce au-delà du réalisme et pousser plus loin encore le registre de l’absurde.
Comment la comédie permet-elle d'aborder des thématiques politiques telles que le travail et notre société patriarcale ?
La comédie permet d'aborder les thèmes de manière détournée, de ne pas les attaquer de manière frontale. C'est peut-être seulement en sortant de la salle que le spectateur se rendra compte du caractère violent de la pièce. Notre relation au monde du travail a extrêmement évolué ces dernières décennies, encore plus récemment avec la crise du Covid où beaucoup de gens se sont questionnés sur leur rythme, certains ont déménagé et télé-travaillent, quand d'autres ont carrément changé de métier. Quel travail voulons-nous ? Quelle place souhaitons-nous lui donner dans nos vies ? Dans quelle mesure notre travail nous défini en tant que personne, socialement et humainement ? Kadoc soulève ces questions qui sont éminemment profondes et politiques avec drôlerie. Et en tant que femmes, la pièce nous permet de poser un miroir grossissant sur la représentation féminine au cœur d’un système patriarcal, au sein duquel ni homme ni femme ne sont finalement très heureux.
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