Jacob Jacobson

Paris 11e
du 5 au 17 juin 2001

Jacob Jacobson

CLASSIQUE Terminé

Un homme à la mer!" Ca vaut mieux pour lui puisque c'est la fin du monde. Mais Jacob Jacobson acceptera-t-il d'émerger pour être un nouvel Adam? On retrouve ici, le très corrosif humour de Zeitlin. Ne manquez sous aucun prétexte la mise en scène aquatique que vous propose Stéphan Boublil.

présentation
intentions de mise en scène

présentation

"Un homme à la mer!" Ca vaut mieux pour lui puisque c'est la fin du monde. Mais Jacob Jacobson acceptera-t-il d'émerger pour être un nouvel Adam? On retrouve ici, le très corrosif humour de Zeitlin. Ne manquez sous aucun prétexte la mise en scène aquatique que vous propose Stéphan Boublil.

A l’entrepont d’un navire, une nuit sur l’océan, Le Travailleur, La Prostituée et Guignardélus, le poète jurent contre les nantis qui festoient sur le pont. Jacob Jacobson, le roi du bouton de culottes, les rejoint. Justement, le capitaine annonce une nouvelle guerre mondiale. Les misérables de l’entrepont se révoltent contre la mobilisation avant de l’acclamer sous l’influence d’un député et du poète exalté par la récupération poétique des gaz toxiques. Seul Jacob Jacobson pressent la destruction totale, il saute du navire et disparaît, emporté par le Seigneur des Eaux qu’il est le seul à voir. Dans un abysse de l’Atlantique, Jacob Jacobson assiste à la fin de l’Humanité dont la chute des carcasses d’avions et de bateaux en sont l’écho.

Seule l’émeut véritablement, la vision de Lucy, sa femme très infidèle, enlacé dans la mort avec un pilote. Certains Esprits des Eaux tentent de le chasser mais, au nom de l’esprit juif d’assimilation, il insiste pour demeurer parmi eux. Un ange, Sansenoï, plonge pour apprendre à Jacob qu’il est le dernier, donc le premier homme du monde à venir. Jacob résiste à l’appel de l’Eden : il ne veut pas participer à une Création aussi mauvaise que la précédente mais plutôt renégocier la place de l’homme. On ressuscite sa femme et elle le traîne vers l’Eden contre son gré. Lucy, nouvelle Eve, courtise le Serpent, ancien premier danseur d’un dancing parisien. Jacob, demande à voir les générations à venir qui se présentent comme de piteuses marionnettes présageant la répétition à l’identique de l’histoire de l’Humanité. Il préfère donc se pendre à l’Arbre de la connaissance. Qu’à cela ne tienne, un nouvel Adam est créé à partir de la côte d’Eve.

intentions de mise en scène

Jacobson. « Le juif et le nez, c’est quasiment tout un. ». La pièce de Aaron Zeitlin est remplie de nombreuses affirmations péremptoires ou souvent catégoriques qui agissent comme autant de paroles minées prêtes à éclater à tout moment. On ne les remarque que parce qu’elles évoquent une situation grotesque à la réalité improbable. Il y a pourtant là quelque chose de tout à fait paradoxal, comme une négation du texte même, comme un inéluctable anéantissement. D’un « état de pesanteur » imposé par le texte - ce qu’il a de concret – le lecteur se laisse entraîner dans des hypothèses des plus invraisemblables, happé par une authentique régression.

Chaque instant vécu par les personnages de cette pièce bouscule leur vérité et impose des situations qui œuvrent souvent « malgré » ou « contre » leur volonté…Fiction pure chahutant le réel pour le faire entrer dans un ordre « nouveau », obsédant, lancinant comme le doute. Le réel n’a de place que pour préserver contre l’insensé. Et tout comportement irréfléchi engage la vie d’autrui de façon irrévocable. Le réel ici sert plus à désapprendre qu’à découvrir. Il engage à un combat où la défaite - le rêve de Jacobson d’un monde pur et sans Histoire- aurait plus à y gagner que la victoire.

L’écriture lyrique et incisive de cette pièce où la poésie de Aaron Zeitlin sert à exciter les personnages dans ce qu’ils ont de plus secret, semble vouloir se passer du théâtre. Précisément parce que la densité du corps de l’acteur la rend dangereuse, démesurée…événementielle comme un attentat ou un tremblement de terre faisant la couverture du journal. Or, c’est précisément entourés d’un grotesque décor de théâtre que les personnages s’affranchissent, livrent leur incontournable désir d’exister et de dépasser ce qui les travaille et les construit dans le secret de leurs blessures. La mise en scène s’attachera à observer et à protéger tous les possibles, du moment que les héros s’acharneront à les revendiquer. Le combat sera donc celui pour ne pas mourir de la représentation, pour s’élever jusqu’au désordre intérieur quitte à ce que celui-ci détruise l’ultime part de vérité derrière laquelle chacun de nous s’abrite. Une tragédie sans doute, sans rivage lointain où s’évader, où même les profondeurs de l’Océan ressemblent à un musée sinistre. Plus de refuge nul part semble nous dire Zeitlin, « et où trouver le repos ? » L’enjeu de la mise en scène sera de montrer que Jacob Jacobson appelle la scène pour mieux la fuir. Paradoxe pas si fuyant que ça.

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3, cité Souzy 75011 Paris
Spectacle terminé depuis le dimanche 17 juin 2001

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