Fin de Partie

du 8 novembre au 15 décembre 2002

Fin de Partie

Fin de partie est d'abord une comédie. Ce n'est qu'un jeu, rien de moins, dit Beckett.

Intentions
Revue d’Esthétique par Bernard Dort
Beckett, L'increvable désir

Fin de partie est d'abord une comédie. 
Ce n'est qu'un jeu, rien de moins, dit Beckett. 
Je voudrais redire ici "la gaieté" de son art : 
« L'art exprime une promesse de bonheur, d'une certaine façon, même dans l'expression du désespoir. 
Le rideau se lève sur les pièces de Beckett comme devant la salle décorée pour fêter Noël. » (Adorno)

Le refuge. Perdu au milieu d'on ne sait quel désert de sable ou d'océan. 
Ils sont quatre. 
L'aveugle. Cloué au vieux fauteuil qui ne roule plus, il raconte. 
L'homme qui voit, qui ne pourra plus s'asseoir. 
Son fils peut-être, qui va et vient entre ici et la cuisine trois mètres sur trois mètres sur trois mètres. 
Le père accidenté avec la mère, la première femme du théâtre de Beckett. D'eux on ne voit que la tête quand ils sortent comme des diables de leurs "boîtes". 
Chacun sa boîte !

Métaphore de tout ce qu'on voudra. 
Vieux réflexe ! Ne serait-on pas en train de signifier quelque chose ? 
Ou plutôt métaphore de "cette chose" d'où surgissent les mots, les images.

Il faudra imaginer le refuge comme un lieu mental. 
Sans quatrième mur, ni troisième, etc. 
Où l'intérieur ? Où l'extérieur ? 
Prison sans limites. Chambre d'esprit.

Il faudra imaginer le fauteuil sans roulettes croisant autour du monde comme un bateau ivre...

... sur un simple plancher de théâtre. 
Puisque aussi bien Beckett n'a de cesse de rappeler qu'ici on est au théâtre, qu'on est sur les planches du "théâtre de monsieur Hamm". 
Servis sur un plateau !

Ce qui me frappe dans Fin de partie c'est la dimension ludique des dialogues, cette qualité d'enfance qui fait clignoter telle image, tel souvenir, mais irradie secrètement toute la parole, tout le jeu. 
« Puis parler, vite, des mots, comme l'enfant solitaire qui se met en plusieurs, deux, trois, pour être ensemble, et parler ensemble, dans la nuit.. . »
Oui c'est un théâtre d'enfant solitaire qui joue à se faire peur dans le noir. 
Qui s'invente une compagnie. 
Une "compagnie" de théâtre.

Une partition jubilatoire pour voix parlées. 
Avec récitatifs, airs, plain-chant, silences. 
Une écriture chorégraphique de mouvements burlesques et d'immobilité dansée. 
Beckett considérait Godot comme un "western endiablé". 
Alors Fin de partie (parler / vite / les mots ... ) se joue sur un tempo d'enfer !

Gilles Bouillon - Bernard Pico
19 octobre 2001

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« Ce qui compte, ce sont moins les significations dont le texte est gros que le jeu de ces significations entre elles, que le fonctionnement de sa machine théâtrale. Un fonctionnement concret, évident.

Là on peut véritablement parler de plaisir. Sans doute, la noirceur et le pessimisme de Beckett n'en sont-ils pas effacés. Mais ils entrent dans le mouvement de ce plaisir. Ils en deviennent toniques et comme actifs. Beckett ne nous dit peut-être que le désir et l'impossibilité de mourir. Mais il le dit sur tant de tons, il fait là-dessus tant de variations (au sens musical), il échafaude tant de combinaisons... que son théâtre est d'une vitalité prodigieuse. Dans sa fragmentation et son laconisme, il offre un champ presque infini à nos possibilités de jeu. »

Bernard Dort - Revue d’Esthétique

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« Beckett est indiscutablement (seul grand écrivain de ce siècle à l'être) dans une tradition majeure du théâtre comique : duettistes contrastés, costumes décalés, suite de numéros plutôt que développement d'une intrigue, trivialités, injures et scatologie, parodie du langage philosophique, indifférence à toute vraisemblance, et surtout acharnement des personnages à persévérer dans leur être, à soutenir contre vents et marées un principe de désir, une puissance vitale, que les circonstances semblent à tout instant rendre illégitime ou impossible.

Le handicap n'est pas une métaphore pathétique de la condition humaine. Le théâtre comique grouille d'aveugles libidineux, de vieillards impotents acharnés à suivre leurs passions, de domestiques-esclaves roués de coups mais triomphants, de boiteux mégalomanes...

C'est dans cet héritage carnavalesque qu'il faut situer Hamm, aveugle, paralytique et méchant, qui joue jusqu'au bout, âprement, sans défaillance, son incertaine partie...

Il faut jouer Beckett avec la plus intense drôlerie, dans la variété constante des types théâtraux hérités, et c'est alors seulement qu'on voit surgir ce qui de fait est la vraie destination du comique : non pas un symbole, non pas une métaphysique déguisée, encore moins une dérision, mais un amour puissant pour l'obstination humaine, pour l'increvable désir, pour l'humanité réduite à sa malignité et à son entêtement. »

Alain Badiou - Beckett, L'increvable désir.

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Spectacle terminé depuis le dimanche 15 décembre 2002

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