Crave (Manque)

" Maintenant que je t’ai trouvée, je peux arrêter de me chercher. " Crave.

Le texte de Sarah Kane est disponible en français aux Editions de l'Arche dans la traduction d'Evelyne Pieiller.

Sarah Kane entretien avec Johann Thielemans, 1998.

... (Avec Manque), j’étais vraiment à la recherche d’une nouvelle forme. Je voulais découvrir comment un poème pouvait quand même être théâtral. C’est vraiment une expérience sur la forme, sur la langue, sur le rythme, sur la musique. (...)

Normalement, lorsque j’écris, je sais quels sont l’intention, le sens de la réplique. Avec Manque, je savais ce qu’était le rythme, mais je ne savais pas ce que j’allais dire. A deux ou trois reprises, j’ai utilisé des notations musicales, le rythme, simplement, sans mots véritables. Avec Manque les fils de la narration ne sont pas chronologiques, j’entends les gens dire les choses les plus bizarres dans des situations étranges. Pour moi, c’est simplement que je m’immerge dans l’écriture.

Et ce n’est pas important si j’ai écrit ça alors que je vivais en Amérique et que personne ne comprenait mon accent, que je perdais complètement ma façon de parler, et je n’avais presque pas de raison de parler puisque personne ne me comprenait.

Bernard Sorbel au sujet de "Crave" et "Bad boy Nietzsche"

A B C.... : Sarah Kane qui tend la main à Shakespeare et Foreman à Molière sont bien, comme eux, nos contemporains.

A, B, C, M, N, J, K, S. En l’année 1999, de part et d’autre de l’océan, en Angleterre et aux Etats-Unis, deux poètes n’ont que des lettres esseulées de l’alphabet à proposer aux acteurs pour désigner les personnages qui donnent voix à ce qui semble vital au théâtre : ne pas se raconter d’histoires, mais travailler en commun à faire vaciller, si cela se peut, la seule hypothèse présentée aujourd’hui comme plausible : l’hypothèse Barbare.

Peut-être Manque et Bad boy Nietzsche sont-ils des objets étranges mais l’étrangeté n’est-elle pas nécessaire pour débusquer l’illusion de fatalité qui auréole l’hypothèse Barbare ?