Café Prévert

Paris 6e
du 18 mai au 9 septembre 2000

Café Prévert

CLASSIQUE Terminé

" Café Prévert ", c’est du Prévert en paquet cadeau, pour les cent ans de sa naissance. C’est du Prévert dont on fait vivre les poèmes dans cette boite de résonance extravagante qu’est le Paris des années 50-60, celui de la chansonnette et de l’existentialisme.

Pourquoi Prévert ?
Note d'adaptation
Intentions de mise en scène

Pourquoi Prévert ?

A l'heure où Prévert aurait fêté ses cent ans, presque oublié, marginalisé par la société de communication qui exige des messages clairs, nets et précis, dignes de nos écrans à cristaux liquides, à l'heure où Prévert aurait fêté ses cent ans, mis à l'écart par des électeurs qui votent à gauche pour être gouvernés à droite et ne veulent surtout pas que l'on dérange l'ordre reposant d'une société qui flotte, à l'heure où Prévert aurait fêté ses cent ans étouffé par la bonne conscience des nouveaux philosophes et sous les textes littéraires des présentateurs de jeux télévisés_, à l'heure où Prévert attrait fêté ses cent ans, il n'y a pas meilleure façon de s'offrir une bouffée d'air frais qu'en ouvrant ses livres. Avec simplicité et humeur, il enlève le fard des choses pour leur permettre d'apparaître dans une réconfortante nudité.

Il était temps, pour nous qui refusons tous les maquillages, de nous ressourcer en récitant, sages, tel des écoliers consciencieux mais cancres sur les bords, ces poèmes où la vie et la mort, l'amour et le chagrin, la misère et la gloire sont dessaisis de leur panache. Le bon sens devient maître et nous voilà en pleine cure de purification, obligés, à l'épreuve de ces poèmes, de revenir les pieds sur la terre. Obligés de regarder avec ironie notre propre temps qui ne nous le pardonne pas cela va de soi.

Prévert qui, avant la guerre, se rendait en Russie soviétique avec la troupe de théâtre "Octobre", fait aujourd'hui, une fois de plus œuvre de révolutionnaire.

Allez, un effort, camarades. Dans une société où même les chiens convenablement nourris, crottent écologique, et où, aseptisée, la misère suscite chez des artistes de grands élans de solidarité qui par téléthon interposé, engraisse également les annonceurs, ce vieux croûton de Prévert peut encore nous rappeler qu'un chat est un chat, un loup un loup et que les salmigondis du réformisme n'ont jamais transformé un requin en oiseau lyre.

Prévert aujourd'hui c'est croire encore qu'un œuf dur coûte trop à celui qui a les poches vides, que la liberté c'est de marcher à côté de ses pompes et que, partant, Dieu est un gros lapin.

Il s'agissait donc de glaner ça et là dans les livres de Prévert des poèmes qui s'enchaînent selon le hasard d'un retentissement personnel. Les faire vivre dans cette boite de résonance extravagante qui est le Paris d'après-guerre, celui de la chansonnette et de l'existentialisme, des terrasses de Saint-Germain-des-Prés et du Nouveau Romain, de la. Nouvelle Vague au cinéma et de ces jeunes qui voulaient changer le monde, le Paris de ces personnages à la fois sublimes et drôles que l'auteur épingle avec humeur et tendresse pour le bonheur de la poésie française. Il s'agissait de mettre les poèmes de Prévert dans la bouche de ceux qui en sont à la fois les héros et les cibles, jouer avec la bonne foi des premiers et avec l’innocence des seconds. Il s'agissait de construire un collage - méthode qui, elle aussi, a eu, à l'époque, ses heures de gloire - assurant la cohérence du tout en tissant entre les personnages les liens subtils et complexes de la vie de tous les jours. Laquelle où pouvait-elle mieux s'offrir qu'au café, ce lieu mythique, cet Olympe typiquement parisien, que l'anarchiste Prévert fréquentait consciencieusement assis toujours chez les fumeurs ne vous en déplaise.

Café Prévert c'est la Révolution dont le Marx, en culottes courtes, se prend pour le Père Noël des papillons.

Note d'adaptation

Mon père était cheminot, il me disait souvent, " étudies mon fils, moi je suis allé deux ans à l'école dans ma vie... et pas d'un seul coup ! " Un jour il est venu voir " Une Heure avec Rilke " au Lucernaire que jouait Laurent Terzieff. Après la représentation je lui demandais, " alors, papa qu'en dis-tu ? ". Son œil s'est allumé un instant et il m'a répondu, " Tous ces spectateurs écoutent ça comme à la messe ", il s'est tu un petit moment puis il a ajouté, " d'ailleurs je me suis emmerdé comme à la messe. "

Mon père n'avait jamais lu de poésie. Alors j'ai eu l'idée de reconstituer le bistrot où mon père buvait l'apéro. avec ses copains cheminots en recréant l'ambiance de Prévert ainsi est né CAFE PREVERT. Et mon père a vu dix fois le spectacle, il disait à tous ses copains, " mon fils a écrit un spectacle pour moi, je vous y emmène, vous verrez on se marre ... ET C'EST DE LA POESIE ". Plus tard, il a lu tout Prévert.

CAFE PREVERT, c'est du Prévert en paquet cadeau pour les cent ans de sa naissance. C'est du Prévert dont on fait vivre les poèmes dans cette boîte de résonance extravagante qui est le Paris des années 50-60, celui de la chansonnette et de l'existentialisme, des terrasses de Saint-Germain-des-Prés et du Nouveau Roman, de la Nouvelle Vague et de ces jeunes qui voulaient changer le monde. Le Paris de ces personnages à la fois sublimes et drôles que l'auteur épingle avec humour et tendresse pour le bonheur de la poésie française.

Christian LE GULLOCHET

Intentions de mise en scène

Café Prévert est une anthologie subjective de poèmes dont l'unité est assurée par la continuité des personnages. Le texte dans lequel s'emboîtent les poèmes construit surtout une atmosphère, un univers d'images, un ton et un rythme. Le déroulement dramatique, 'qui assure la réussite d'un spectacle vivant, n'est pas évident : c'est à la mise en scène d'en inventer un.

Il s'agit de procéder par une dynamique de la métaphore et enchaîner les épisodes selon la logique de la tangente : si chaque épisode fonctionne comme un tout, celui qui lui succède est amené par une suggestion marginale. Ainsi, une robe blanche peut appeler, par association d'idées, un épisode où il serait question de cerisiers en fleurs et, une fois mûres, ces mêmes cerises n'auront aucun mal à nous conduire, par confitures interposées, vers les musiques sentimentales d'un temps dont les danseurs de tango étaient en sucre caramélisé_, etc. Ce mode d'agencement typiquement poétique convient parfaitement à un spectacle qui se fait par bribes, chacune parfaite dans sa totalité à la façon des perles qui s'avoisinent sur le fil d'un collier par la simple volonté de l'orfèvre sans pour autant nuire à l'harmonie du bijou.

Le tour baigné dans cette atmosphère exaltante du Paris d'après guerre qui était la capitale du monde parce qu'ici les choses bougeaient et que le monde entier avait envie de bouger. Un Paris fait de musiques qui lui sont propres, de modes extravagantes, qui de couleurs qui tantôt frisent le kitsch, tantôt s'effacent pour laisser la place aux robes noires des jeunes filles aux franges noires qui broient des pensées noires à Saint-Germain-des-Prés, lisent Sartre et Simone de Beauvoir, fréquentent les cours de Lacan, et, toutes nues et barbouillée de peinture, roulent sur des toiles pour donner naissance à un art nouveau. Un Paris où se ramassent tous les révolutionnaires du monde lesquels, avec les accents les plus divers déclinent tous le même discours sur la lutte des classes.

Avec humour et légèreté, il s'agit, à travers Prévert de retrouver l'envie de contester, de mettre le monde sens dessus dessous, de crier sur les toits qu'il faut tout casser, tout jeter à la poubelle... Café Prévert est un spectacle d'ironie et révolutionnaire, une suite d'images et de musiques, un effort de pousser les textes des poèmes jusque là où ils deviennent incendiaires - et mettent le feu à nos idées, à nos cœurs, à notre monde, à Dieu, à nos amours et a nos peines... Des comédiens qui brûlent, des tableaux scéniques qui exigent la présence imminente des pompiers, le rythme d'une flamme qui monte et descend comme si sa seule vocation était de nous fasciner, Café Prévert est, dans l'esprit de la mise en scène, à la fois un bal et un conseil de guerre, une exposition de peinture moderne et les barricades de la nie Gay Lussac, un concert dans les rues de Montmartre et les déconnades à une table de la Closerie des lilas, les amours dans la cour de la Sorbonne et l'envie de barbouiller de rouge la statue de Montaigne (puisqu'on l'a sous la main... !)... Bref Café Prévert est, dans l'esprit de la mise en scène, une boutique d'antiquaire qui sert de repère à une bande d'anarchistes dont le rêve est encore de changer le monde.

Virgil Tanase

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Lucernaire
53, rue Notre Dame des Champs 75006 Paris
Spectacle terminé depuis le samedi 9 septembre 2000

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Spectacle terminé depuis le samedi 9 septembre 2000