Ballet National de Marseille

du 1 au 3 avril 2010

Ballet National de Marseille

Dans un décor de l’architecte-plasticien chinois Ai Weiwei, Frédéric Flamand revisite à sa façon, décalée et spirituelle, Le Baron perché d’Italo Calvino. Sa danse, à l’unisson, entend prendre elle aussi de la hauteur.

Quand les arts plastiques et la danse se rencontrent
La Vérité 25X par seconde
Point de départ
Dispositif
Ai Weiwei
Un continuum spatio-temporel

  • Quand les arts plastiques et la danse se rencontrent

This so called contemporary art is not a form but a philosophy of the society. » Ai Weiwei

Dans un décor de l’architecte-plasticien chinois Ai Weiwei, Frédéric Flamand revisite à sa façon, décalée et spirituelle, Le Baron perché d’Italo Calvino. Sa danse, à l’unisson, entend prendre elle aussi de la hauteur.

Créateur singulier, Frédéric Flamand fait se rencontrer des mondes, ceux de la danse, de l’architecture et du design. Jean Nouvel, Dominique Perrault, Zaha Hadid ou les frères Campana ont imaginé des superstructures pour ballets du temps futur. A la tête du Ballet National de Marseille, Flamand continue sur cette voie royale : Ai Weiwei architecte-plasticien chinois, coréalisateur du fameux « Nid d’oiseau », stade des J.O. de Pékin, signe un décor à la croisée des cultures. Le Baron perché d’Italo Calvino devrait servir de fil conducteur, non sans détour, à Frédéric Flamand. Ce même Calvino qui, dans ses Leçons américaines, évoquait « légèreté, rapidité, exactitude, visibilité, multiplicité ». Une possible définition du mouvement.

Philippe Noisette

Concept Frédéric Flamand
Chorégraphie Frédéric Flamand et les danseurs du Ballet National de Marseille
Concept scénographique Ai Weiwei
Conseiller artistique Bernard Degroote

  • La Vérité 25X par seconde

Une réflexion sur les mutations de la perception, sur l’ambiguïté du rapport vérité/mensonge, ainsi que sur le statut du corps en proie aux évolutions technologiques. Godard définit le cinéma comme « la vérité 24 images par seconde ». Dans le spectacle, le balayage électronique de trois caméras vidéo de surveillance crée un nouvel environnement de contrôle en temps réel de 25 images par seconde. Cette vision sans regard se confronte à une autre approche de la vérité : celle du corps fragile et de sa présence réelle, ici et maintenant.

  • Point de départ

Une inspiration très libre du livre de Calvino Le Baron perché. Oeuvre ouverte qui permet une multitude d’interprétations (métaphores de l’artiste, de l’intellectuel engagé, du philosophe…) mais surtout oeuvre qui fait partie « des livres qui deviennent comme des continents imaginaires dans lesquels d’autres oeuvres trouveront leur place, continents de l’ailleurs en cette époque où l’on peut affirmer que l’ailleurs n’existe plus et que le monde entier tend à s’uniformiser ». Calvino

  • Dispositif

Un beau jour de 1767, un jeune homme se dispute avec ses parents ; il grimpe dans les arbres du jardin et décide de ne plus jamais en descendre.

Loin de s’enfermer dans une tour d’ivoire, notre héros porte un regard pertinent, parfois critique, souvent généreux sur le monde qu’il aperçoit dorénavant avec distance.

Du haut des arbres, il rêve à d’autres perspectives à la fois vitales et visuelles et souhaite s’affranchir de la gravité et d’une certaine pesanteur du règne humain (il est intéressant de noter que le XVIIIe siècle adore les tableaux à perspective aérienne dites à vol d’oiseau !).

Cette mise à distance, cette vision à la fois panoramique et fragmentée de la réalité sensible préfigure la perception de l’homme moderne ; c’est toute l’histoire de l’oeil depuis le Quattrocento qui réduit le monde à un tracé régulateur (perspective linéaire) jusqu’à l’homme contemporain qui, face à ses multiples écrans rejette de plus en plus la position unique dans l’espace au profit d’un rêve d’ubiquité, apanage des télé-technologies du temps-réel où tout se vit à travers les dispositifs de communication (perspective numérique).

Cette mise en crise de la vision ne laissera jamais, loin s’en faut, le corps comme une figure neutre.

Dans notre nouvel environnement global s’organise la confusion (sinon la fusion) entre le proche et le lointain ainsi que le contrôle des corps ; l’élargissement de la vue se double d’un rétrécissement des espaces vitaux.

Nous vivons dans l’obsession de la transparence et du refoulement de l’invisible. Paradoxe d’un horizon fluide de flux et de réseaux dans un univers de plus en plus compartimenté, saturé de nouvelles frontières où le contrôle devient un véritable biotope. Le mot crise se traduit en chinois par la combinaison de deux caractères qui signifient respectivement danger et opportunité.

  • Ai Weiwei

Pour cette réflexion sur la vision évolutive, cette volonté d’un regard « autre » pour mieux voir, j’ai choisi un artiste conceptuel parmi les plus engagés et les plus novateurs en Chine. Il entreprend une collision entre la culture chinoise et une relecture des grands courants de l’art contemporain occidental.

Son travail critique fait de lui un espoir incomparable pour les artistes et la jeunesse chinoise tout en étant très provocant d’un point de vue occidental.

J’ai toujours voulu favoriser la rencontre de la danse avec des artistes d’autres disciplines (histoire de sortir du cadre de nos seules préoccupations) et relancer la notion si importante d’expérimentation. L’installation d’Ai Weiwei à la dernière Biennale de Venise ainsi que son projet fou à la Documenta de Kassel m’ont fasciné.

Après nos différentes discussions et rencontres sur la fable (et non l’intrigue) du Baron perché, la proposition d’Ai Weiwei pour la scénographie fut très radicale : la forêt du héros de Calvino deviendrait une forêt d’échelles. Quoi de plus banal qu’une échelle ? Après tout Ai Weiwei n’est-il pas un adepte du ready-made de Marcel Duchamp ?

Très vite, il nous est apparu que cette réduction de la scénographie à un élément très simple multiplié et modulable allait évoquer un édifice à la Escher, une usine de production, un Piranèse abstrait, un chantier admirable et délaissé, un monde de ruines et de renaissances, une ossature géante support de la danse avec l’espoir que le corps soit toujours plus fort que les lieux qu’il habite.

Ou comment « expanser » l’espace au-delà du cadre de la représentation et faire en sorte que par un jeu de contraintes, de connexions, d’articulations, d’emboîtements de points de jointure, de rouages organiques et mécaniques mêlés, le corps-artisan dialogue avec l’architecture.

  • Un continuum spatio-temporel

Création d’un circuit intégré où les danseurs sont reliés à des capteurs pour le son et à des caméras pour l’image. Un contrôle continuel des corps et des espaces crée un environnement inattendu. La perspective se dilate. Les corps se retrouvent dans un jeu de cache-cache avec leur propre image ; virtuel et réel s’étreignent tandis que la télé-surveillance gère différentes temporalités.

« Qu’on le veuille ou non, il y a maintenant pour chacun de nous dédoublement de la représentation du monde et donc de sa réalité. Dédoublement entre activité et interactivité, présence et téléprésence, existence et téléexistence. » Paul Virilio, La Vitesse de Libération

Histoire d’une émancipation qui relance des interrogations de toujours sur le statut du corps et invite les danseurs à s’accaparer à leur manière et à partir de leur mémoire le parcours démesuré du héros perché dans les arbres.

Frédéric Flamand

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Spectacle terminé depuis le samedi 3 avril 2010

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