Ballet National de Marseille

du 10 au 19 janvier 2008

Ballet National de Marseille

Deux chorégraphies Silent Collisions (2003) inspirée des Villes invisibles d'Italo Calvino et Métamorphoses inspirée des Métamorphoses d'Ovide de Frédéric Flamand interprétées par le Ballet National de Marseille.
  • Les nouveaux espaces de la danse

Lorsqu’en 1973, Frédéric Flamand fondait en Belgique le groupe Plan K, il envisageait déjà le spectacle vivant comme une plate-forme de rencontres et de dialogue, y introduisant les arts plastiques et les techniques audiovisuelles. Depuis, le chorégraphe n’a jamais cessé de croiser danse et architecture, menant dès 1996 un cycle qui a déjà réuni sur scène quelques-uns des plus grands architectes mondiaux : les New Yorkais Diller+Scofidio, l’Irako-Britannique Zaha Hadid, ou les Français Jean Nouvel et Dominique Perrault. À chaque collaboration, Flamand donne ainsi plus d’espace à sa danse qui se nourrit d’un langage à la fois contemporain et néo-classique.

Quant aux architectes invités, ils imaginent scénographie, décors et projections pour un nouveau souffle chorégraphique. Depuis 2004, Frédéric Flamand dirige le Ballet National de Marseille (et son École supérieure de danse). Pour cette première visite à Chaillot, dans le bâtiment qui abrite en voisin la Cité de l’architecture, tout un signe, Frédéric Flamand et la compagnie marseillaise donnent Silent Collisions – inauguration de la Biennale de Venise 2003 – réalisé avec l’architecte californien Thom Mayne (agence Morphosis): ce dernier, qui signera la tour Phare de la Défense près de Paris, a imaginé une structure mobile articulée qui encadre la chorégraphie, influe sur elle ou lui répond.

Avec Frédéric Flamand, ils ont librement adapté Les Villes invisibles d’Italo Calvino, retenant de ce livre érudit onze types de villes envisagés par l’Italien. Le résultat, spectaculaire, va en surprendre plus d’un par son aspect visionnaire. Par la suite, Frédéric Flamand dévoilera une nouvelle aventure avec sa compagnie en s’appuyant sur Les Métamorphoses d’Ovide, œuvre qui, à ses yeux, transgresse et fait éclater l’ordre classique, riche d’hybridation et de métissage comme en changement perpétuel.

Pour donner forme à cette matière vivante, Frédéric Flamand a invité les designers stars du Brésil, les facétieux frères Campana, spécialistes du détournement de produits artisanaux, du recyclage aussi. À prévoir, sous les projecteurs, une réflexion sur la nature et l’être humain face au monde en mutation. La danse n’en sera que plus libérée.

Philippe Noisette

  • Programme

Du jeudi 10 janvier au samedi 12 janvier à 20 h30
et le dimanche 13 janvier à 15h00 : Silent Collisions

Du mercredi 16 janvier au samedi 19 janvier à 20h30 : Métamorphoses

  • Silent Collisions (2003)

Librement inspiré des Villes invisibles d’Italo Calvino
Conception artistique Frédéric Flamand
Chorégraphie Frédéric Flamand et les danseurs du Ballet National de Marseille
Concept scénographique Thom Mayne (Morphosis), architecte californien
Avec les danseurs du Ballet National de Marseille : Peter Agardi, Thibault Amanieu, Delphine Boutet, Frédéric Carré, Marion Cavaille, Katharina Christl, Simon Courchel, Yasuyuki Endo, Nonoka Kato, Yoshiko Kinoshita, Marcos Marco, Nathanaël Marie, Angel Martinez, Mié Miyazawa, Valentina Pace

J’ai été frappé par un texte de Calvino dans son livre Les Villes invisibles, ouvrage visionnaire qu’il est possible d’interpréter à l’infini.

Calvino parle « des livres qui deviennent comme des continents imaginaires dans lesquels d’autres œuvres trouveront leur place, continents de l’ailleurs en cette époque où l’on peut affirmer que l’ailleurs n’existe plus et que le monde entier tend à s’uniformiser ». Mon ambition a été de réaliser un spectacle en m’inspirant librement de l’ouvrage de Calvino. Je me suis refusé à le paraphraser.

Pour la scénographie, mon choix s’est porté sur l’architecte californien Thom Mayne (Pritzker Prize 2005), fondateur du groupe Morphosis, à qui j’ai d’ailleurs emprunté le titre du spectacle. Ses installations, découvertes lors d’expositions internationales d’architecture à Rotterdam (Nederlands Architectuurinstituut, 1999/2000) ou à Venise (Biennale d’Architecture 2002), correspondaient à mon souci de confronter la danse à une architecture de métamorphoses et de transformations.

Par le biais du corps, se construit une approche de la ville comme système dynamique fait de tensions, de ruptures, de conflits. Comme le souligne Calvino, outre les échanges de marchandises, ce sont les échanges de paroles, de désirs, de souvenirs qui modèlent la ville au même titre que l’architecture et l’urbanisme et la rendent “vivante”. Le spectacle met l’accent sur la dimension critique liée à la problématique de la ville contemporaine.

Silent Collisions aborde aussi la dimension temporelle des cités, décomposées en temps de la transformation de l’environnement urbain illustré par la scénographie, en temps vécu dans le mouvement par le corps des danseurs, en temps accéléré par la médiatisation des nouvelles technologies de l’information.

De la structure complexe du livre d’Italo Calvino, Thom et moi avons retenu une ville de chacun des 11 types envisagés par l’auteur. A chaque type de ville correspond une configuration précise de l’architecture scénographique. Dans les Villes invisibles, en introduction et en conclusion des différents chapitres, s’établit un dialogue entre le Grand Khan et Marco Polo qui fait le point sur l’état de l’empire à partir de l’évocation des cités qui le composent. A deux reprises dans le spectacle, ce dialogue est transposé en duos entre les protagonistes, faisant allusion à ce que pourrait être l’influence d’un Empire plus contemporain.

D’une manière générale, chorégraphie, architecture et projections se fondent dans un travail sur la tension entre trace comme élément de mémoire (signes de différents langages et alphabets, détails de ville, traces générées par les mouvements des danseurs, etc.) et virtualité exploratoire du post-city age. Il s’agit aussi finalement de méditer sur la dernière réplique du livre Les Villes invisibles : « chercher et savoir reconnaître qui et quoi, au milieu de l’enfer, n’est pas l’enfer, et le faire durer, et lui faire de la place ».

Frédéric Flamand

Au cours du siècle passé, la mobilité, facilitée et accélérée, a remodelé les géographies et transformé l’expérience urbaine.

Bousculant des idées bien ancrées sur la nature de l’espace, du mouvement et du corps humain, la vitesse a fragmenté l’environnement et la perception humaine tout en produisant une structure ouverte, inépuisable, faite de juxtapositions et collisions. La vitesse disperse et propose à la fois de nouvelles combinaisons. Sous cette force persistante, la pratique de la cartographie traditionnelle - avec son élan vers l’homogénéité, l’intégralité, la fixité et l’objectivité idéologique - est devenue un outil conceptuel et visuel inadéquat pour exprimer l’expérience contemporaine de l’espace en tant qu’itinérant.

Champ diffus dans lequel le corps se meut aussi fréquemment entre les lieux qu’en leur sein, l’espace urbain contemporain est expérimenté comme décentralisé, inachevé et en changement permanent. Sans point d’entrée ni de sortie, sans origine ni fin, les villes immergent et enchâssent le sujet humain dans leurs processus incohérents de prolifération.

L’espace construit s’expérimente via un réseau de rencontres fortuites, le rythme et l’allure du voyage, des considérations et systèmes changeants qui se chevauchent, et les traces accumulées d’une intervention humaine perpétuelle. Dans Une nuit sur terre, le cinéaste Jim Jarmush choisit avec justesse le taxi comme expression des qualités éphémères de l’espace urbain, comme expression des processus sous-jacents de permutations et de transferts de la ville. Le transitoire lui-même devient lieu et le corps humain devient localisé dans le mouvement. La ville se révèle espace cinématique qui se déplie continuellement et simultanément s’efface.

L’une des préoccupations essentielles de Morphosis a été d’élaborer des stratégies grâce auxquelles l’architecture peut se mettre en phase avec l’environnement urbain sans banaliser ou limiter la cacophonie de l’expérience humaine. Comment l’architecture peut-elle se projeter comme processus évolutif plutôt que comme entité figée dans l’espace et le temps ? Comment l’architecture peut-elle traiter un éventail diversifié d’interactions cognitives et physiques et le mettre en relation avec l’espace ?

Thom Mayne

  • Métamorphoses

Librement inspiré des Métamorphoses d’Ovide
Chorégraphie Frédéric Flamand
Concept scénographique Humberto et Fernando Campana, designers brésiliens
Avec les danseurs du Ballet National de Marseille

De l’architecture au design
Après ses nombreuses collaborations avec des architectes de renom : Diller+Scofidio, Jean Nouvel, Thom Mayne, Zaha Hadid, Dominique Perrault, Frédéric Flamand entraîne le Ballet National de Marseille et ses danseurs sur les terres du design en permettant aux frères Humberto et Fernando Campana, brésiliens d’origine, la signature de leur première scénographie et de leurs premiers costumes. Leurs formes hybrides, leur magnification de matériaux pauvres et recyclés ont défini un nouveau concept de design qui les a rendus célèbres dans le monde entier. Ils sont les interlocuteurs rêvés pour aborder le thème de la métamorphose, inspiré de l’œuvre monumentale d’Ovide.

Les Métamorphoses d’Ovide entrent en résonnance singulière avec notre époque préoccupée par le mythe d’un changement perpétuel.

Les Campana, « frères épicuriens », privilégient une démarche fondée sur une recherche matérielle fondamentale dans la formulation de leurs œuvres, intégrant des savoir-faire populaires extraits de leur culture locale, puisant dans des narrations inspirantes de leur pays, comme par exemple, la réinterprétation des assemblages « favellesques » en assises chatoyantes. En outre, au Brésil, le corps est magnifié, décomplexé, et l’intervention des Campana prend réellement possession des corps des danseurs, en tant qu’êtres faits de chair et de sang, explicitement sensuels et pourtant vulnérables. La scénographie qu’ils proposent enveloppe et développe les membres du corps des danseurs et redessine les silhouettes, jouant des échelles et des matières.

Pourquoi « Les Métamorphoses » ?
L’œuvre, lors de sa conception, semble être une réaction à l’instauration de l’ordre augustéen. Elle transgresse et fait éclater l’ordre classique. A la pureté, elle oppose l’impureté, l’hybridation, le métissage ; à la notion de frontière la notion de porosité et de décloisonnement, à la stabilité la notion de changement perpétuel. A la raison froide, elle oppose la canonisation de l’imaginaire et de son irrationalité.

Dans la confrontation de l’ordre et du chaos, il ne s’agira pas de préférer l’un ou l’autre mais de s’interroger, à l’instar de Jurgis Baltrusaitis, sur la manière dont l’ordre engendre le désordre, de savoir comment répond la nature à sa tentative de domestication, comment l’être humain réagit, dans l’approche de son propre corps, aux catégories dans lesquelles on essaie de l’enfermer, aux défis qui lui sont proposés.

S’immerger dans l’imaginaire fantastique d’Ovide à travers des temps et des espaces différents, pour mieux analyser en quoi ces « métamorphoses » peuvent renvoyer à nos mythes contemporains. Jeux infinis de métamorphoses et d’hybridation à partir de quelques mythes, dieux et figures emblématiques : Phaéton, Persée et la Méduse, Pégase, Diane et Actéon, Narcisse, Pallas et Arachné et Médée et la quête de jouvence.

L’approche des mythes sera pour nous l’occasion d’une réflexion sur les forces constitutives de la nature humaine, sur les manifestations du désir, sur les combats éternels du bien et du mal.

Evoquer un ailleurs ancien pour mieux interroger notre contemporanéité.

Frédéric Flamand

Avec Peter Agardi, Slawek Bendrat, Delphine Boutet, Marion Cavaille, Katharina Christl, Simon Courchel, Yasuyuki Endo, Nonoka Kato, Yoshiko Kinoshita, Aurélie Luque, Lisa Maiesta-Wolsink, Marcos Marco, Nathanaël Marie, Angel Martinez, Valentina Pace, Yannick Rayne, Anton Avir

Haut de page

Vous avez vu ce spectacle ? Quel est votre avis ?

Note

Excellent

Très bon

Bon

Pas mal

Peut mieux faire

Ce champ est obligatoire
Ce champ est obligatoire

Vous pouvez consulter notre politique de modération

Informations pratiques

Chaillot - Théâtre national de la Danse

1, Place du Trocadéro 75016 Paris

Accès handicapé (sous conditions) Bar Librairie/boutique Restaurant Salle climatisée Tour Eiffel Vestiaire
  • Métro : Trocadéro à 96 m
  • Bus : Trocadéro à 31 m, Varsovie à 271 m, Pont d'Iéna à 297 m
Calcul d'itinéraires avec Apple Plan et Google Maps

Plan d’accès

Chaillot - Théâtre national de la Danse
1, Place du Trocadéro 75016 Paris
Spectacle terminé depuis le samedi 19 janvier 2008

Pourraient aussi vous intéresser

Spectacle terminé depuis le samedi 19 janvier 2008