Aux hommes de bonne volonté

Paris 11e
du 8 au 25 mai 2000

Aux hommes de bonne volonté

CLASSIQUE Terminé

Pièce intervenant dans le cadre du festival le Québec à l'Aktéon. Jeannot, quinze ans, vient de mourir du sida. Par la voix d’un notaire supposé neutre, nous assistons à la lecture du testament de révolte et d’amour d’un " enragé de la vie " en présence de sa famille et de son a

La pièce
Entretien avec Jean-Pierre Gryson

" Adulte ? Jamais. Jamais, comme l’existence qui ne mûrit pas, reste toujours verte de jour splendide en jour splendide. " Pier Paolo Pasolini

La pièce

Synopsis
Jeannot, 15 ans, vient de mourir du sida. Son testament réserve à sa famille des surprises, des révélations et des provocations inattendues. Dans cette pièce bouleversante, Jean-François Caron, tout en laissant une large place à l’imaginaire, va à l’essentiel, au cœur de l’émotion, à la source profonde de ce qui constitue notre humanité et notre force de vivre.

Résumé
Nous sommes dans l’étude d’un notaire, où nous assistons à la lecture du testament de Jeannot. Sont présents: son frère Juliot, sa sœur Loulou, son oncle Jos, et Serge, son ami, amant, complice. Son père, sa mère ne sont pas venus.
Le notaire, se débattant tant bien que mal face à une orthographe anarchique, dévoile un testament qui attaque, caresse, réagit si on l’interrompt, parle d’amour, ne se laisse pas faire... un testament qui semble avoir hérité de la vie révoltée que son jeune auteur vient de quitter.
À quinze ans, on n’a pas grand-chose à léguer. Après avoir réparti diverses bricoles, ce Jeannot absent s’engage dans un véritable combat avec son entourage. Il ne s’agit pourtant pas là d’un banal règlement de comptes avec les vivants mais plutôt de révéler à tous une vraie révolte et une vraie hargne de vivre au travers de violentes attaques et de bouleversantes déclarations d’amour à l’humanité.
Jeannot nous révèle ainsi sa vie, courte mais intense, folle, violente et débridée. On découvre peu à peu que, si tout le monde a cru aimer Jeannot, peu l’ont compris, peu ont su lui donner l’amour qu’il réclamait. Serge, sans doute, son amour de toujours; peut-être Mman, sa mère partie à la recherche de sa vie tout autour de la planète et qui arrive à l’improviste dans l’étude du notaire pour écouter les dernières volontés de son fils "unique".
Mais le testament révèle également les douleurs et la folie de ceux qui l’écoutent, et lorsque le notaire en termine la lecture, les masques sont tombés, les carapaces sont fissurées, la vie a progressé... Peut-être.

Entretien avec Jean-Pierre Gryson

Qu’est-ce qui vous a donné envie de monter Aux hommes de bonne volonté ?
À la fois la qualité de l’écriture et l’histoire qu’elle sert. La pièce a été une révélation pour moi. Le texte possède une inventivité et une intelligence de l’écriture rares. Une écriture chaotique, épurée, violée, dans laquelle l’apparemment sordide devient poésie et nous raconte une histoire bouleversante. Une histoire sombre sans doute mais qui contient un formidable désir d’amour. Cet amour, c’est d’abord celui qui unissait Jeannot à Serge; la déclaration d’amour de Serge à son Jeannot mort est une des plus belles de la littérature théâtrale. Mais ce besoin d’amour dépasse largement celui des deux amants, il déborde sur la famille, à commencer par la mère, puis sur l’humanité tout entière. Plus Jeannot et Serge s’enfoncent dans la drogue, le sexe et les corps, plus ils atteignent la pureté parce qu’eux-mêmes sont totalement purs. Ils offrent ainsi une véritable vision christique du rachat de l’humanité par le sacrifice du corps et de la vie. Tous les personnages sont absolument magnifiques J’avais envie de faire ce cadeau à des comédiens que j’aime.
Et puis cette pièce entre parfaitement dans le domaine que notre compagnie, le Théâtre Import-Export, souhaite explorer. En effet, nous avons créé le Théâtre Import-Export en 1994, avec Mike Sens et Aline Blondeau, dans le but de travailler sur le répertoire contemporain peu ou pas du tout connu en France. Il n’existe pas de crise de l’écriture dramatique contemporaine; cependant, il existe tant en France que partout ailleurs un parcours semé d’embûches pour les jeunes auteurs dramatiques avant que leurs écrits ne voient le jour, c’est-à-dire vivent sur une scène. Nous essayons modestement de leur apporter notre petite contribution. Mon souhait est que les spectacles que nous produisons puissent créer des désirs chez d’autres metteurs en scène et qu’ils abordent les auteurs que nous essayons de promouvoir.

Vous parlez de l'inventivité et de l'intelligence de l'écriture de Jean-François Caron...
Oui. Dans Aux hommes de bonne volonté, il crée une situation imaginaire, un testament qui répond à ce qu'on lui dit, et l'exploite de façon sans cesse renouvelée, de telle sorte que le spectateur est amené à pousser son imagination toujours plus loin. À aucun moment, on ne peut se dire "ça y est, j'ai compris le truc"; toutes les hypothèses que l'on est tenté de former sont confortées quelque temps, puis démenties, ce qui force à construire de nouvelles hypothèses. De plus, l'écriture elle-même est investie par la vie: le testament est écrit sans orthographe, ce qui peut parfois conduire le notaire à le lire sans le comprendre... Et un personnage, Serge, est écrit sans ponctuation, avec tout ce que cela peut amener de sens et de difficultés pour le comédien...

Dans le travail de mise en scène, qu’est-ce qui, selon vous, est le plus important ?
Etre des témoins, des passeurs. Restituer simplement l’émotion pure d’un texte, de la pensée d’un poète, d’une histoire. Mon souci est de ne pas "fermer" la façon dont un spectacle peut être ressentie par les spectateurs. Il faut respecter l’imaginaire des spectateurs, qu’il puisse vivre librement au travers de ce que nous leur proposons. Le théâtre, c’est d’abord une émotion véhiculée par un texte et un corps et débarrassée de toutes les scories qui prétendent l’envelopper mais qui ne font que l’alourdir. Mon idéal d’épure serait un comédien nu sur une scène nue avec un éclairage unique et restituant sans interprétation toute l’émotion et la poésie d’un texte; je crois que je ferai cela un jour.

Les comédiens joueront-ils avec l’accent québécois ?
Quand on voit, en France, une représentation d’une pièce de Durif ou de Maeterlinck, personne ne s’étonne que les comédiens ne jouent pas avec l’accent belge, mais dès qu’il s’agît de textes québécois, il semble qu’il y ait obligation pour les comédiens de parler avec l’accent de la "belle province". Comme si le théâtre venu du Québec ne pouvait être sorti de son contexte géographique. Non, les comédiens d’Aux hommes de bonne volonté ne jouent pas avec l’accent. Ils sont tous français et il aurait été un peu ridicule de tenter de leur faire prendre un accent qui ne leur appartient pas. Ou alors, c’est de l’imitation, ce qui ne m’intéresse pas.

Comment rencontrez-vous vos comédiens ?
Quand je cherche des comédiens pour un spectacle, je m’intéresse assez peu à leur parcours. C’est ce qu’ils sont plus que ce qu’ils savent faire ou prétendent savoir faire qui m’importe. En fait, j’ai réellement besoin d’être amoureux de tous les comédiens de mes distributions. Trois des comédiens d’Aux hommes de bonne volonté étaient déjà dans Jacko, ma précédente mise en scène, et la rencontre avait été magnifique. Trois autres nous ont rejoint pour ce nouveau voyage et une nouvelle aventure humaine a commencé. J’ai toujours besoin de faire un mélange entre des gens qui me sont très proches et d’autres qui le deviendront peut-être.

Comment travaillez-vous avec eux ?
Il serait un peu long et compliqué d’exposer en détail ma façon de travailler: il faudrait assister à tout, de la première répétition à la dernière représentation. Disons que pendant longtemps, nous explorons toutes les ressources de l’histoire et de l’écriture et dans les dix derniers jours de répétitions, nous "fixons" le spectacle. Cependant, même lorsque la mise en scène est fixée, nous ne sortons jamais d’une démarche de recherche. Cela impose de travailler avec les comédiens dans une relation de totale confiance et intimité car chacun va au plus profond de son être et se met en danger permanent.

Et après Aux hommes de bonne volonté, quels sont vos projets ?
Je mettrai en scène Le pont tournant de la Rue Dieu de Mike Sens, un monologue, mais qui se fera avec deux comédiens. Le spectacle devrait être créé début 2001. Peut-être aussi une autre pièce de Jean-François Caron. J’ai envie de continuer à travailler sur cet auteur car j’aime profondément son univers, son imaginaire et son style littéraire. J’ai aussi très envie de jouer...

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Informations pratiques

Aktéon

11, rue du Général Blaise 75011 Paris

Lieu intimiste Salle climatisée
  • Métro : Rue Saint-Maur à 304 m, Saint-Ambroise à 307 m
  • Bus : Saint-Ambroise à 105 m, Chemin Vert - Parmentier à 198 m, Voltaire - Léon Blum à 333 m
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Plan d’accès

Aktéon
11, rue du Général Blaise 75011 Paris
Spectacle terminé depuis le jeudi 25 mai 2000

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