Régis Campo

Régis Campo
Contemporain

Entretien avec Régis Campo
Biographie

Entretien avec Régis Campo

Régis Campo : À la suite de la petite chanson que j’avais composée pour le " Cabaret contemporain " de la Péniche Opéra, j’ai reçu un certain nombre de propositions dans le domaine vocal, notamment de la part des " Jeunes Solistes " et de " Musicatreize " . L’idée d’une forme de madrigal contemporain, dans l’esprit de Clément Janequin, me séduisait ; donc le vœu de la Péniche Opéra d’offrir au sein d’un même spectacle une vision à la fois ancienne et moderne du mythe d’Orphée ne pouvait que m’attirer. J’ai repris le livret original d’Alessandro Striggio, écrit en 1607 pour l’Orfeo de Monteverdi et, à la lecture de cette suite de scènettes, j’ai réalisé que nous étions totalement dans la " Commedia dell’arte " . Le traitement vocal reprend l’idée du chant classique, mais aussi des sonorités nasales et grimaçantes propres au chant populaire napolitain. Le texte, à l’origine, avait été mis en musique de façon très directe — ce qui nous ramène au cadre spécifique de la Péniche Opéra, où l’on retrouve cette proximité du texte, de la musique, des artistes et du public. Orfeo n’était pas donné à l’église, mais plutôt dans des salons, lieu plus intime. Lorsque Banchieri compose sa Barca di Venezia per Padova (1605), chaque personnage, dans la barque, parle à sa manière, propre à la région d’où il vient.

Franck Mallet : Mais dans l’Orfeo de Monteverdi, le ton est beaucoup plus sérieux ; la Commedia dell’arte a disparu…

R. C. : Jusqu’à présent, de l’Euridice de Peri et Rinuccini (1600) à l’Orphée et Eurydice de Gluck (1762), on se lamentait beaucoup dans Orphée, alors que — excepté l’Orphée aux enfers d’Offenbach (1858), traité sous l’angle d’une comédie grinçante —, le mythe est falsifiable, on peut le voir de plusieurs façons, entre autres avec une certaine ironie, comme une farce. Ma manière d’utiliser le texte est beaucoup plus cynique. Parfois, je l’ai détourné, changeant à l’occasion un mot, modifiant du coup le sens de la phrase. En accord avec Mireille Larroche, j’ai modifié la fin — qui m’a toujours paru curieuse ; on ne comprend pas pourquoi, après avoir retrouvé sa chère Eurydice au terme de ce long périple, Orphée se retourne et perd à jamais sa bien-aimée —, on s’est dit que, peut-être, finalement, Orphée ne voulait plus d’Eurydice et qu’il choisissait cette occasion pour s’en " débarrasser " . Et puisque nous sommes dans le domaine de la farce, eh bien Orphée se marie avec le Berger… ! On trouve d’ailleurs plus d’ambiguïté dans le récit originel d’Ovide (Xe et XIe livres des Métamorphoses), où Eurydice disparaît complètement.

F. M. : Ce coup de théâtre me rappelle Le Roi Roger de Szymanowski, où Roger " succombe " au chant orphique du berger…

R. C. : Je me suis donc amusé à écrire un duo entre le Berger et Orphée. D’ailleurs, aux premières répétitions, les chanteurs étaient quelque peu gênés et amusés, comme s’ils commettaient un sacrilège ! En un sens, j’ai voulu replacer ce thème dans un contexte actuel, dans l’époque qui est la nôtre, préoccupée par les questions d’identité…

F. M. : Pauvre Eurydice !

R. C. : Dans les ouvrages du passé, son rôle n’est pas très important. En ce qui me concerne, je lui ai donné plus de présence en développant son chant. Au final, elle accepte, résignée, son sort. Son corps disparaît mais son esprit revient, à la manière du quatuor qui exprime la morale de l’histoire dans le Don Giovanni de Mozart.

Propos recueillis par Franck Mallet, le 9 novembre 2000

Biographie

Né en 1968 à Marseille, Régis Campo est l’une des figures dominantes de la jeune génération des compositeurs français. Son style volontiers ludique et énergique met l’accent sur l’invention mélodique et sur une grande vitalité des tempos. Stravinsky, Mozart, Rameau mais aussi Mahler, Messiaen, Lutoslawski et Dutilleux demeurent les maîtres les plus admirés du compositeur. Après des études d’écriture et de composition auprès notamment de Georges Bœuf, il poursuit ses études au CNSM de Paris avec Georges Grisey où il obtient un Premier prix de composition en 1995. Il rencontre alors à Paris de grands compositeurs indépendants comme Edison Denissov ou encore Dutilleux. Il reçoit en 1996 le prix hollandais de la Fondation Gaudeamus pour son œuvre Commedia. La même année, son quintette de cuivre Exsultate Jubilate reçoit trois prix au concours Dutilleux. En 1999, la SACEM lui décerne le prix Hervé Dugardin et l’Académie des Beaux Arts (Institut de France) le prix Pierre Cardin –deux prix attribués au parcours remarqué d’un jeune compositeur. De 1999 à 2001, Régis Campo est pensionnaire à l’Académie de France à Rome (villa Medicis). Ses œuvres sont diffusées à travers l’Europe et le monde entier par de nombreux ensembles ou orchestres de renom.

Son riche catalogue d’œuvres aborde de très diverses formations et l’on peut mettre en regard certaines compositions comme Commedia (95) pour 19 musiciens, son Concerto pour violon (97), Les jeux de Rabelais (98), pour 12 voix mixtes avec ou sans accompagnement instrumental, Le Livre des Sonates (97-99) pour orgue, Concerto pour piano et orchestre (98-99), Nova (99) pour violoncelle ou enfin Les blasons du corps féminin (2000) pour 7 voix a cappella.

Régis Campo travaille actuellement pour grand ensemble, une commande de l’ensemble InterContemporain pour l’année 2001.

Cet(te) artiste n'est pas lié(e) en ce moment à un spectacle.

De 1999 à hier - Régis Campo

Street Art

Athénée Théâtre Louis-Jouvet, Paris

du 12 au 13 mai 2023
1h20
MUSIQUE & DANSE Performance Terminé
  • De : Steve Reich, Régis Campo, Pascal Zavaro, Fabien Cali
  • Direction musicale : Julien Masmondet
  • Avec : Simon Nogueira, Andrea Catozzi

Autour de treize musiciens dirigés par Julien Masmondet, des free runners, alias artistes du déplacements, interagissent avec la musique, notamment celle de Steve Reich.

Un Carnaval, des animaux

Espace culturel André Malraux au Kremlin-Bicêtre, Le Kremlin-Bicêtre

le 9 janv. 2016
MUSIQUE & DANSE JEUNE PUBLIC Coup de cœur Primaire Terminé
  • De : Camille Saint-Saëns, Régis Campo, Jacques Rebotier
  • Direction musicale : Pierre Roullier
  • Avec : Jacques Rebotier
De la musique de foire ! Des déguisements de fête ! Mais qui se cache derrière ce long défilé de nageoires, de crinières, de longues oreilles, de trompes ? Qui gazouille, brame, rugit, fait des bulles ou se rengorge ? Une drôle de faune assurément. Des musiciens qui font des bêtes ou des animaux qui se prennent pour des virtuoses ? A nous les serpentins et les confettis.
Les quatre jumelles

Théâtre Silvia Monfort, Paris

du 12 au 13 févr. 2009
MUSIQUE & DANSE Coup de cœur Terminé
  • De : Copi, Régis Campo
  • Mise en scène : Jean-Christophe Saïs
  • Avec : Sylvia Vadimova, Robert Expert, Julie Robard-Gendre, Fabrice di Falco
Dans un Alaska imaginaire, chez les richissimes sœurs Smith, débarquent les sœurs Goldwashing, chercheuses d’or, mais présentement en quête d’un travail. Commence alors une lutte à mort sans répit et sans fin. Dans ce huis clos férocement burlesque, Copi orchestre, avec une ébouriffante maîtrise, un crescendo grand-guignolesque adapté ici en opéra-bouffe.
Concert de l'orchestre colonne, 2006-2007

Salle Gaveau, Paris

du 10 oct. 2006 au 5 juin 2007
2 heures
MUSIQUE & DANSE Coup de cœur Terminé
  • De : François-Bernard Mâche, Francis Poulenc, Olivier Greif, Igor Stravinsky, Arthur Thomassin, Félix Mendelssohn, Charles Gounod, Laurent Petitgirard, Johannes Brahms, Robert Schumann, Serge Nigg, Aleksandr Nikolaïevitch Scriabine, Christian Lauba, Sergei Rachmaninov, Claude Debussy, Wolfgang Amadeus Mozart, Thierry Escaich, Camille Saint-Saëns, Pascal Dusapin, Sergueï Prokofiev, Nicolas Bacri, Régis Campo, Antonin Dvorak
Parallèlement à de grandes œuvres du répertoire classique et romantique (Mozart, Beethoven, Mendelssohn, Schumann, Brahms, Dvorak...) le public découvre des chefs d'œuvres moins souvent joués et une reprise d'œuvres de musique contemporaine.
Concert de l'orchestre colonne, 2006-2007

Salle Pleyel, Paris

du 23 janv. au 9 mai 2007
2 heures
MUSIQUE & DANSE Coup de cœur Terminé
  • De : François-Bernard Mâche, Francis Poulenc, Olivier Greif, Igor Stravinsky, Arthur Thomassin, Félix Mendelssohn, Charles Gounod, Laurent Petitgirard, Johannes Brahms, Robert Schumann, Serge Nigg, Aleksandr Nikolaïevitch Scriabine, Christian Lauba, Sergei Rachmaninov, Claude Debussy, Wolfgang Amadeus Mozart, Thierry Escaich, Camille Saint-Saëns, Pascal Dusapin, Sergueï Prokofiev, Nicolas Bacri, Régis Campo, Antonin Dvorak
Parallèlement à de grandes œuvres du répertoire classique et romantique (Mozart, Beethoven, Mendelssohn, Schumann, Brahms, Dvorak...) le public découvre des chefs d'œuvres moins souvent joués et une reprise d'œuvres de musique contemporaine.
Concert de l'orchestre colonne, 2006-2007

Eglise Saint-Germain-des-Prés, Paris

le 24 avr. 2007
2 heures
MUSIQUE & DANSE Coup de cœur Terminé
  • De : François-Bernard Mâche, Francis Poulenc, Olivier Greif, Igor Stravinsky, Arthur Thomassin, Félix Mendelssohn, Charles Gounod, Laurent Petitgirard, Johannes Brahms, Robert Schumann, Serge Nigg, Aleksandr Nikolaïevitch Scriabine, Christian Lauba, Sergei Rachmaninov, Claude Debussy, Wolfgang Amadeus Mozart, Thierry Escaich, Camille Saint-Saëns, Pascal Dusapin, Sergueï Prokofiev, Nicolas Bacri, Régis Campo, Antonin Dvorak
Parallèlement à de grandes œuvres du répertoire classique et romantique (Mozart, Beethoven, Mendelssohn, Schumann, Brahms, Dvorak...) le public découvre des chefs d'œuvres moins souvent joués et une reprise d'œuvres de musique contemporaine.
Concert de l'orchestre colonne, 2006-2007

Eglise de la Trinité, Paris

le 20 oct. 2006
2 heures
MUSIQUE & DANSE Coup de cœur Terminé
  • De : François-Bernard Mâche, Francis Poulenc, Olivier Greif, Igor Stravinsky, Arthur Thomassin, Félix Mendelssohn, Charles Gounod, Laurent Petitgirard, Johannes Brahms, Robert Schumann, Serge Nigg, Aleksandr Nikolaïevitch Scriabine, Christian Lauba, Sergei Rachmaninov, Claude Debussy, Wolfgang Amadeus Mozart, Thierry Escaich, Camille Saint-Saëns, Pascal Dusapin, Sergueï Prokofiev, Nicolas Bacri, Régis Campo, Antonin Dvorak
Parallèlement à de grandes œuvres du répertoire classique et romantique (Mozart, Beethoven, Mendelssohn, Schumann, Brahms, Dvorak...) le public découvre des chefs d'œuvres moins souvent joués et une reprise d'œuvres de musique contemporaine.
Le fil d’Orphée

Péniche Opéra, Paris

du 11 janv. au 4 févr. 2001
MUSIQUE & DANSE Terminé
  • De : Philippe Beaussant, Ana Yepes, Régis Campo
  • Mise en scène : Mireille Larroche
  • Avec : Robert Expert, Florence Malgoire, Marianne Muller, Laurent Stewart, Anne Maury, Jacques Bona, Carl Ghazarossian, Emmanuelle Halimi
Du salon baroque à la farce contemporaine, la Péniche vous propose de tirer un fil doré entre quatre siècles d'histoire d'Orphée. Eurydice rejoignant d'un bond son Orféo moderne, Monteverdi, Caccini, mais aussi Schubert, Poulenc, Offenbach… en relation avec Régis Campo !