Pantin de bois

A partir de 5 ans.

• Comédie musicale

L’horrible M. Grumbach, directeur de l’école, a retiré son cœur pour l’enfermer dans une boîte. Autoritaire et redouté, il trouve un élixir qui va lui permettre de changer les enfants en pantins de bois… Et que l’ordre et la loi soient enfin respectés ! Le sergent Moulips (aspirateur) et Chiffonnette (chiffon à poussière) vont tout faire pour l’en empêcher. Y parviendront-ils ?

Par la Compagnie Apuka.

• Le point de vue du metteur en scène

Ce qui nous frappe au premier abord dans Pantin de bois , c’ est le mélange des genres. Par sa musicalité, son traitement burlesque et le côté un peu « toon’s » des personnages, opposé au caractère plus psychologique de Grumbach, nous sommes immédiatement confronté à un univers qui nous plonge au coeur des inquiétudes de l’enfance.

Comme chez les enfants, il nous apparaît que dans la comédie musicale, le dessin animé ou le clown, les émotions sont exprimées sans refoulement, d’une manière immédiate. C’est ce qui rend les personnages fragiles, poétiques et attachants dans leurs excès et leurs désordres, mais aussi bruyants et dérangeants pour un entourage peut-être plus submergé par ces mêmes émotions, plus en lutte et donc moins apte à les exprimer.

C’est ce que nous avons voulu retrouver par le visuel, le rythme et le jeu des comédiens. Pour souligner la souffrance et l’ isolement de Grumbach, mais aussi pour inviter les enfants à entrer dans l’histoire et l’action en utilisant des codes qui leurs sont familiers.

Cela nécessite un rythme et une énergie qui laisse peu de place à l’interaction et à « l’animation », mais plus au rêve et à la magie du spectacle pour, nous l’espérons, le bonheur des encore petits et des pas encore grands, voir même des déjà plus âgés.

Yves Lecat

• Le point de vue pédagogique

Avec Pantin de Bois, nous avons souhaité aborder le monde des grands dans ce qu’il peut avoir de plus inquiétant, de plus effrayant pour les enfants. Il apparaît ici sous les traits de M. Grumbach, un directeur sans coeur, froid et autoritaire, n’aimant rien ni personne. L’histoire se déroulant dans une école, les enfants spectateurs se retrouvent implicitement à la place des élèves et susceptibles d’êtres changés en Pantin de Bois. Heureusement, ils pourront se reconnaître dans Chiffonnette qui parle comme une enfant de 5 ans et en porte la candeur, et dans les 2 ventricules du coeur, chahuteurs, insolents et indisciplinés.

Enfin, ils seront rassurés par le sergent Moulips, un vieil aspirateur très généreux, bougon et râleur mais à la bonhomie lui donnant une figure de grand-père, ainsi que par Carole, la gardienne de l’école auto proclamée maman de tous les enfants. Bien sûr, il ne s’agit pas d’effrayer les enfants mais de les inviter à se confronter à leur peur ; aussi l’histoire est-elle traitée de façon burlesque et légère afin que le public ne se sente pas en danger, ni ne rejette le personnage du directeur.

Car le propos n’est surtout pas d’être manichéen en opposant au monde de l’enfance celui de l’autorité et partant de ses parents ou enseignants, bien au contraire. L’histoire nous montre que M. Grumbach est devenu « méchant » parce qu’il a retiré son coeur à un moment donné de l’enfance suite à un choc brutal. L’origine de ce choc n’est pas définie car anecdotique, mais le déni de son propre coeur est la cause du glissement de M. Grumbach en un être mort-vivant.

Les enfants sont alors invités à ne pas juger les « Grumbach» qui jalonnent leur route et à surtout ne jamais s’amputer d’eux-mêmes ; car qu’est-ce d’autre que la part d’enfance que ce coeur enfermé dans une boîte ?