Les vérités vraies

Est-ce que toutes les vérités sont bonnes à dire ? C’est ce que doit encore se demander Jean-Claude qui vient de répondre à une question délicate posée par sa fille Magali. Elle a en effet profité du déjeuner qui a suivi l’enterrement de son grand-père pour interroger son père sur un point précis : "Pourquoi ne l’a-t-il pas élevée après le décès de sa mère ?" Jean-Claude lui a donc répondu franchement. Magali l’a pris franchement… comme une claque.

Et, bien qu'on soit en plein été, le déjeuner dans le jardin de la maison familiale a alors très vite dégénéré en un grand déballage de printemps :

Pourquoi Daniel, l’ami de la famille, reproche-t-il brusquement à son épouse de n’avoir qu’un pois chiche dans la tête ? N'est-ce qu'une allusion au couscous hebdomadaire qu'elle lui impose chez ses parents ? Pas seulement…

Pourquoi Serge lâche-t-il à la jolie Nadège qu’à côté d'elle, Lucrèce Borgia pourrait facilement passer pour une Sainte ? Est-ce uniquement parce qu’elle l'a quitté pour Fabien, son cadet, avec lequel elle est venue aujourd’hui. Est-ce pour cette raison, qu'il ne parle plus à son frère depuis deux ans ou bien est-ce pour une obscure histoire de château de sable démoli par Serge, il y a une trentaine d'années pendant les vacances ? Difficile à dire.

Est-ce que les secrets de la bonne chère sont les seuls qui rapprochent Michelle, la docile épouse de Jean-Claude, de Daniel ? On peut en douter.

Est-ce parce que Zoé, "l'amie" de Magali, avait Saturne en opposition à Mars qu'elle se reproche, aujourd'hui, d'avoir pris le volant au lieu de la place du mort, il y a dix ans ? Allez savoir.

Et que dire alors de la lettre finale adressée par le grand-père lui-même et qui a laissé tout le monde sans voix ? Remarquez, vu ce qu'ils venaient tous de se balancer, il n’y avait plus grand-chose à dire !

Sauf à se demander si toutes les vérités sont vraiment bonnes à dire !