Le Corps utopique ou il faut tuer le chien !

du 19 au 29 septembre 2017
1h30

Le Corps utopique ou il faut tuer le chien !

Depuis vingt ans et sans nez rouge, Nikolaus Holz renouvelle l’art du clown. Au sein d’un quatuor, il fait cette fois l’éloge du déséquilibre et de l’échec en beauté. Incisif et toujours généreux.
  • L'éloge du déséquilibre

Depuis vingt ans et sans nez rouge, Nikolaus renouvelle l’art du clown. Au sein d’un quatuor, il fait cette fois l’éloge du déséquilibre et de l’échec en beauté. Incisif et toujours généreux.

Un jeune routard, un colonel de la gendarmerie, un vieux professeur et sa secrétaire sont réunis pour un débat public sur la sécurité. L’imprévu jaillit sans crier gare et c’est l’escalade. Au milieu du désordre, Nikolaus, deux acrobates risque-tout et Pierre Byland — figure de l’histoire du clown —, multiplient les exploits. Ils rebondissent d’une pirouette sur mât chinois à un invraisemblable numéro d’équilibre, jonglent et chantent comme au music-hall.

Les apparences se délitent, chacun révèle sa folie, sa fragilité, son humanité. Ces cousins de Beckett ou Laurel et Hardy ripostent face à la peur, avec les armes du gag, de l’humour absurde et de la poésie visuelle. Clown, jongleur et auteur de spectacles, Nikolaus est une espèce rare de philosophe. Il rappelle que rire de soi est salvateur face au chaos : « C’est une distance avec soi-même et la condition pour que l’autre existe ». Dans Le Corps utopique, la magie de la réussite inespérée se mêle à l’émotion devant l’humain qui, simplement, rate… et recommence !

  • La presse

« Loufoque et déjantée, une création à l’image de son auteur ! » Stéphane Capron, Sceneweb

« Au-delà de cette métaphore de la chute comme destin humain, Le Corps utopique, aussi catastro­phi­quement spectaculaire soit-il, se révèle accidentellement mira­­culeux. Entre tendresse et bizarrerie, il allume des sensations rares et insaisissables, de douce perplexité, d’étonnement épaté. » Rosita Boisseau, Le Monde, 22 septembre 2017

« L'Allemand Nikolaus Holz met le clown en majesté et divertit les enfants à partir de 6 ans. » Nathalie Simon, Le Figaro, 23 septembre 2017

  • Le point de départ

Des corps
Au départ, il y avait un tout petit texte de Michel Foucault : Le corps utopique. Mon corps, c’est le contraire d’une utopie, ce qui n’est jamais sous un autre ciel, il est le lieu absolu, le petit fragment d’espace avec lequel, au sens strict, je fais corps… « Corps : Topos, Lieu, Topi ». Et ce « qui n’a pas de corps », U-topie, l’utopie est donc quelque chose comme le contraire de mon corps : mon corps c’est le contraire d’une utopie. Je le comprends comme une vérité, ça veut dire comme une blague, et c’est ça le point de départ.

Premier corps
C’est un vieil homme de 80 ans. Petit. Rond. Quoi dire ? Les yeux qui rient, pétillent, brillent… grandes billes bleues qui ont oublié de vieillir dans ce corps qui a traversé un siècle en aventurier du théâtre sur son cheval blanc. Pierre Byland, celui qui a rigolé avec Samuel Beckett, qui a cassé 550 assiettes tous les soirs sur scène, qui a joué sur son piano à queue suspendu au plafond du Théâtre de la Ville de Paris en 1970, Pierre Byland, l’acrobate hors pair, et qui a conçu, avec une poignée de gens, le début de l’École Nationale des Arts du Cirque à Châlons-sur-Marne.

Deuxième corps
Un jour, un artiste, un jeune, un des plus doués sortis de Châlons a remplacé un tigre dans un cirque. Mehdi Azema, l’acrobate-animal, a véritablement remplacé un tigre dans un cirque en Belgique où les animaux étaient interdits. Ceux qui ont vu Mehdi faire son numéro de chien en général se souviennent longtemps de la rencontre avec l’homme-bête.

Troisième corps
Un des premiers élèves de l’École Nationale des Arts du Cirque de Châlons. Diplômé Clown. Acrobate. Jongleur. Allemand. Enthousiaste. Menteur. Enfin je ne sais pas. Je ne me suis jamais vu.

Nikolaus

  • Note d'intention

Premier lieu : Le Corps
Je peux bien aller au bout du monde, je peux bien me tapir, le matin sous mes couvertures, me faire aussi petit que je pourrais, il sera toujours là où je suis. Mon corps. Mon corps c’est le contraire d’une utopie ». Il est le lieu absolu, le petit fragment d’espace avec lequel, au sens strict, je fais corps. Tous les matins, même présence, même blessure ; sous mes yeux se dessine l’inévitable image qu’impose le miroir : visage maigre, épaules voûtées, regard myope, plus de cheveux, pas vraiment beau. Mon corps, c’est le lieu sans recours auquel je suis condamné... lieu, architecture, fantastique, ruiné... Je pense, après tout, que c’est contre lui et comme pour l’effacer qu’on a fait naître les utopies. L’utopie, c’est un lieu hors de tous les lieux… Le cirque donc, le lieu utopique que j’explore depuis trente ans. Avec ce noble but : effacer mon corps qui se fait de plus en plus présent. Voici donc, une situation de départ. Par exemple : deux corps de circassiens de vingt ans (un couple probablement). Un corps de circassien de cinquante ans passés, pourquoi pas un Allemand qu’on prendra de toute façon nulle part ailleurs, devine qui c’est ? Et puis un corps de circassien de quatre-vingts ans (Pierre Byland ! Et il est partant !) mais toujours un corps de circassien, un corps au service des attributs du cirque : l’exploit, le risque, l’admiration et le rire. Voici un point de départ.

Deuxième lieu : L’espace
Il y a des gens qui me demandent parfois : « Pourquoi tu ne ferais pas une fois un truc super clean ? Vraiment design ! » Parce que je trouve que la création artistique est une sublimation de la vie et dit Foucault « on ne vit pas dans un espace neutre et blanc, on ne vit pas, on ne meurt pas, on n’aime pas dans le rectangle d’une feuille de papier. On vit, on meurt, on aime dans un espace quadrillé, découpé, bariolé avec des zones claires et sombres, des différences de niveaux, des marches d’escalier, des creux, des bosses, des régions dures et d’autres friables, pénétrables, poreuses (…). Or, parmi tous ces lieux, qui se distinguent, il y en a qui sont absolument différents : des lieux qui s’opposent à tous les autres, qui sont destinés en quelque sorte à les effacer, à les neutraliser (…) des contre-espaces : c’est le fond du jardin, le grenier, le grand lit des parents (…) des lieux bien réels hors de tous les lieux. Ce ne sont pas des utopies, puisqu’il faut réserver ce nom à ce qui n’a vraiment aucun lieu, mais les hétéro-topies, les espaces absolument autres. » Donc, pourquoi pas… puisqu’on me le demande… partons d’un espace neutre : blanc. La scène comme un rectangle, une feuille blanche… immaculée… sauf, sauf… un tout petit bout de crotte de chien… quelque part en avant-scène, pour que la vie puisse s’accrocher, pour que cet espace absolument autre… puisse arriver…

Troisième lieu : L’objet
J’ai appris, et surtout je continue à apprendre par ma pratique au quotidien en tant que jongleur, l’incroyable fragilité de l’objet en déséquilibre. L’objet qui vacille, l’objet qui tombe. L’objet en mouvement. Souvent je désespère et j’éprouve cette curieuse envie de me pendre… Ce que je ne sais pas, c’est que… je suis en train de vivre à cet instant même quelque chose de très profond. J’éprouve la contradiction même de la condition humaine : tant que je bouge, je vis. Mais tant que ça bouge, ça tombe. Quand je ne bougerai plus, je serai mort. Chaque mouvement, que ce soit aussi petit qu’une balle qui tombe, qui roule et puis qui s’arrête, va dans la direction de l’immobilité, donc va dans la direction de l’absence de mouvement, et l’absence de mouvement s’appelle la mort. La mort comme échec sur la vie. Regarde cette calandre cabossée au bord de la route, regarde cette vieille chaise d’école sur le trottoir, cette machine à café explosée, cette béquille cassée, cette table à laquelle manque un pied. Regarde mes dictionnaires franco/ allemand complètement usés par tant d’incompréhension pour le lieu qui s’appelle la France où je vis depuis trente ans. Ces objets portent des traces, et ces traces racontent des histoires. L’homme est passé par là… Je suis touché par les objets qui portent la trace de l’homme, de sa vanité, de sa fierté, de son ridicule espoir, de son plaisir d’être sur le monde malgré…, bref, la trace du mouvement de l’homme. Je suis touché parce qu’en fin de compte ces traces d’échec sont en vérité les seuls signes de réussite. Des victoires sur la mort !

Corps-Espace-Objet
Donc, entre ce « lieu absolu » qui est le corps, le lieu qui est ce rectangle de scène sur laquelle je marche et qu’on va appeler « espace », il y a ce lieu qui est le monde des objets. Les objets font le lien entre les hommes-lieu et l’espace-lieu, mais ils créent aussi des lieux propres à eux mais surtout… mais surtout… ils racontent, que l’homme est passé par là, qu’il était beau qu’il était fier, qu’il voulait faire un salto tellement il était content, et qu’il s’est fait mal.

Nikolaus

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Spectacle terminé depuis le vendredi 29 septembre 2017

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