Shanghai est une ville convoitée par l’occident depuis des siècles. Elle y a gagné une ouverture incroyable et l’art shanghaien s’est toujours nourri de la multitude d’apports venus de l’étranger. Les russes et les français y ont installé un amour de la grâce et de l’élégance que représente le ballet classique, et ont longtemps enseigné cette technique extrêmement exigeante qui correspond tant au perfectionnisme chinois.
Dès 1965, cette métropole mondiale voit émerger le Ballet de Shanghai, dont la haute technicité des danseurs a été de nombreuses fois récompensée, autant en Chine qu’à l’international (les solistes ont remporté plus de 33 médailles dans les plus grands concours de ballet classique). Cette compagnie officielle a su parfaitement s’approprier le vocabulaire et la technique du ballet classique, puis aller au-delà de la simple interprétation des oeuvres incontournables occidentales, en créant des ballets sur des thèmes proprement chinois.
C’est ce que le ballet de Shanghai vous propose de découvrir avec ces deux programmes « signatures » : La Fille aux cheveux blancs et A Sign of Love.
Le premier s’inspire d’une très célèbre légende chinoise et dépeint avec expressivité et virtuosité les aventures de cette jeune fille au destin tourmenté. Ce ballet est également l’œuvre première de la compagnie.
Le second ballet, A Sign of Love inspiré du film In the Mood for Love, raconte l’histoire d’amour impossible au coeur du Shanghai des années folles, âge d’or de la ville alors décadente et faste. Ce ballet est un superbe mélange de danses de groupe exaltées, de scènes de cabaret, de bal (jazz shanghaien) et de traditionnels « pas de deux » classiques (Bach).
« On en aurait presque la larme à l'oeil. Shanghai vaut bien une danse… vraiment. » Philippe Noisette, Les Echos, le 17 mars 2014
A Sign of Love :
Jeudi 13 mars
Vendredi 14 mars
Samedi 15 mars
Dimanche 16 mars
Jeudi 20 mars
La Fille aux cheveux blancs :
Mardi 18 mars
Mercredi 19 mars
A Sign of Love : Amours secrètes dans le Shanghai d’avant-guerre.
Chorégraphie : Bertrand d’At / Chorégraphe assistant : Claude Agrafeil
Dramaturgie : Lu Sheng CAO
Décors et costumes : Jérôme Kaplan
Dans les rues, l’on entend la chanson de la « Jeunesse en fleur », à, laquelle semble répondre en écho la pluie incessante qui tombe sur la ville : image nostalgique du vieux Shanghai, qui sert de cadre à une passion impossible.
Coopération sino-française, A Sign of Love - oeuvre contemporaine créée en 2006 - déroule son histoire d’amours secrètes dans le Shanghai des années 30-40, inspirée du film In the Mood for Love de Wong Kar Wai/Hong Kong-2000. Le ballet de Bertrand d’At, dans les décors et costumes de Jérôme Kaplan, sait se faire lyrique dans les moments intimistes, enjoué dans les séquences de cabaret, et pittoresque dans les scènes de foules, témoignant du sort mouvementé de vies perturbées dans ce Shanghai écartelé entre traditions locales et culture européenne, à la veille du conflit sino-japonais.
Alternant danse classique et chorégraphie moderne, évoquant les débuts du jazz et du music-hall en Chine, le ballet rend compte du rythme effréné et de l’atmosphère interlope et festive de cette ville en pleine expansion, marquée par la place toujours plus grande des concessions étrangères.
La Fille aux cheveux blancs : Aventures héroïques en vieille Chine
Chorégraphie : Rongrong Hu, Aidi Fu, Daihui Cheng, Yangyang Lin
Musique : Jinxuan Yan, Benhong Chen, Hongxiang Zhang
Décors : Guanshi Hu, Shixiang Du, Schichang Zhu
Costumes : Suen Li, Schichang Zhu
Dans le contexte de la révolution culturelle chinoise (1966-1976), imposant aux spectacles de décrire la vie des gens du peuple, le ballet La Fille aux cheveux blancs réussit à concilier légende et réalisme. Abandonnant princesses et créatures féeriques héritées de l’Opéra de Pékin, comme de la danse classique occidentale (que les soviétiques ont enseignée aux danseurs chinois), ce ballet conte l’histoire d’une jeune paysanne dans la Chine rurale, durant la guerre avec le Japon (1937-1945).
Tenue en esclavage et sans cesse maltraitée par un méchant homme (despote local représentatif de l’occupant japonais), qui a battu à mort son père, elle parvient à s’enfuir dans la montagne. Son fiancé, la croyant disparue à jamais, s’engage dans l’armée populaire, et retrouvera la jeune fille, réfugiée dans un ancien temple qu’elle hante, tel un fantôme : elle a subi tant de souffrances et de privations que ses cheveux en sont devenus blancs. La chorégraphie anime avec expressivité et virtuosité les péripéties de ce récit épique.
1 place de la Porte de Versailles 75015 Paris