La jeune fille, le Diable et le moulin

Paris 6e
du 22 septembre 2004 au 15 janvier 2005
55 minutes

La jeune fille, le Diable et le moulin

Dans la nuit d’une forêt, un homme s’égare. Sous le charme hypnotique du lieu, il pose le fardeau d’une misère intolérable et s’endort. Dans son sommeil il entend une voix et sent une présence. Une silhouette fantasque et exubérante le trouble et lui propose un marché : la richesse contre ce qu’il y a derrière son moulin. Pris par la surprise et la cupidité, l’homme accepte le pacte. Il comprendra trop tard que ce lutin était le diable et qu’il vient de lui livrer sa fille.

Spectacle tout public à partir de 7 ans.

Il était une fois …
Une émancipation
Mise en scène et scénographie

La compagnie Bal de Mots

Dans la nuit d’une forêt, un homme s’égare. Sous le charme hypnotique du lieu, il pose le fardeau d’une misère intolérable et s’endort. Dans son sommeil il entend une voix et sent une présence. Une silhouette fantasque et exubérante le trouble et lui propose un marché : la richesse contre ce qu’il y a derrière son moulin. Pris par la surprise et la cupidité, l’homme accepte le pacte. Il comprendra trop tard que ce lutin était le diable et qu’il vient de lui livrer sa fille. En effet, au même moment, l’enfant chantonnait sa comptine favorite derrière le moulin.

Trois ans plus tard, conformément au pacte, le diable vient chercher son dû. A trois reprises, il tente de séduire et d’emporter la jeune fille. Mais chaque fois, elle lui échappe par sa pureté. Pris de rage, le diable ordonne au père de lui couper les mains. Mutilée par son propre père, la jeune fille pleure : ses larmes la sauvent une nouvelle fois du diable. Malgré cette victoire, l’héroïne décide de quitter son père qui l’a trahie et d’entamer son errance.

Mutilée dans son cœur et son corps, l’adolescente trouve un compagnon de route dans un ange gardien fanfaron et moqueur. Elle fait aussi la rencontre du prince qu’elle épouse. Un bonheur aussi doux qu’il est bref puisque le prince doit partir à la guerre.

A nouveau seule, la jeune fille devenue femme donne naissance à un enfant et patiente en philosophant avec son ami le jardinier. Mais le diable est de retour et intercepte le courrier des amants. Il change le contenu des missives et fait croire à l’héroïne que le prince la répudie. Encore une fois, elle est trahie par ce qu’elle a de plus cher et s’en va sur les routes. Au cours de quelle ultime péripétie, va-t-elle retrouver le prince ?

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La jeune fille, le Diable et le moulin montre l’histoire d’une quête d’émancipation. Elle va de l’enfance de la jeune fille à sa pleine maturité de mère. Les trois âges de l’héroïne sont scandés par un obstacle qu’elle va devoir franchir pour se libérer et donc grandir. Enfant, l’héroïne se confronte au mal incarné par le diable et au divorce d’avec sa famille. Adolescente, elle subit l’errance due à la perte du cocon familial avant de connaître l’amour avec le prince. Femme, elle affronte, avec l’absence de l’aimé, la solitude. A chaque âge, son épreuve et sa joie. Cette pièce montre donc l’acquisition progressive de la liberté, au prix, à chaque fois, d’une perte.

Nous tirerons jusqu’au bout ce fil thématique qu’est l’émancipation de l’héroïne. Son évolution vers la liberté sera montrée dans tout ce qu’elle implique comme joie mais aussi comme douleur. Loin de toute image idyllique, cette autonomie est avant tout violence. Nous prendrons ainsi au pied de la lettre la scène originelle située au cœur de la pièce : les mains tranchées de la jeune fille. Car cette libération est d’abord une coupure subie pour devenir ensuite un acte assumé et réitéré volontairement : de poids subi par la victime, elle se change en acte fondateur commis par un individu.

En une époque où l’homme agonise encore de la perte de dieu, où en lui l’enfant vit mal l’éclatement des liens familiaux, cette pièce a tout son sens. Délesté de tout repère, l’homme n’a plus comme repère tangible que soi-même. Voilà un constat qui peut l’éloigner des autres et le confiner dans un individualisme stérile. Or, La jeune fille, le Diable et le moulin, suggère qu’être soi n’est pas contradictoire avec le rapport aux autres. Au contraire, elle montre que c’est en étant en réaction contre les autres, et donc que c’est à partir de l’autre, que l’héroïne tâtonne vers une identité propre. L’héroïne croise le chemin d’êtres qui veulent la mouler à ce qu’ils sont : son père en attend l’obéissance, le diable le désir, le jardinier la soumission au destin, le prince veut qu’elle soit princesse. Chaque rencontre avec l’un d’entre eux propose à la jeune fille un rôle à tenir. Le défi sera de les repousser pour se constituer seule son propre rôle. Ainsi l’art d’être soi semble autant être un acte individuel qu’une conséquence du rapport aux autres. Elle trace un chemin possible pour sortir de l’impasse de l’individualisme forcené puisqu’elle prouve la nécessité de prendre en compte l’altérité. Quel plus bel exemple en cette époque où l’on dénonce la solitude de l’homme moderne face à l’individualisme grandissant ?

Géraldine Doutriaux

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Pour que cette pièce parle aux enfants, nous piocherons dans le genre du conte ses personnages tranchés, ses propos simples dans leur naïveté, son merveilleux. De plus, en préservant l’aspect symbolique propre au conte, elle sera universelle puisque non circonscrite à une époque précise ni à des lieux précis. Ceux-ci seront indiqués par trois éléments principaux : un arbre à deux visages, tantôt forêt sombre, tantôt pommier ou poirier, et deux malles, la « riche » pour le palais et la « pauvre » pour le moulin et la cabane. D’où une scénographie mêlée de couleurs et de clairs obscurs inspirés de Chagall : la luminosité de ses teintes, la simplicité de son trait, nous a guidés dans ce décor aux couleurs franches et dans l’expression des émotions pudiquement relayées par la musique.

Pour la partition, nous avons voulu retranscrire le monde musical tzigane grâce aux notes chaudes et plaintives d’un violon qui traduisent la souffrance et la joie contenues dans cette histoire. La musicienne ne se contentera pas d’illustrer les transports intérieurs des personnages par ses phrases musicales stylisées à l’image du jeu des comédiens, elle deviendra un personnage à part entière : elle est l’ombre du Diable puis l’ombre de l’Ange…Complice de ces esprits néfastes ou fastes, sa musique vient dramatiser la pièce, signifiant l’arrivée imminente d’un danger ou d’un espoir. Et si la fiction et le genre du conte les matérialisent sous la forme d’un diable et d’un ange, la musique vient nous rappeler qu’ils ne sont que forces abstraites qui hantent notre intimité et guident nos pas.

Cette poésie de l’image et du son n’empêche pas de faire entendre l’humour présent dans certaines scènes, n’y de rajouter dans les transitions des saynètes comiques qui permettent de s’adresser au public et de solliciter son attention. Ainsi le merveilleux se mêle à la légèreté, car les contes féeriques sont cruelles mais ménagent toujours aux héros d’heureuses fins.

Nous montrerons donc dans le courant même de la pièce comment chaque personnage trouve en lui suffisamment de ressources pour affronter ses peurs primitives, comment il évolue d’un rôle traditionnel et cliché à une individualité propre et originale. Ainsi la jeune fille apparaît-elle d’abord éthérée, lointaine silhouette qui chante et qui danse, pour progressivement s’ancrer dans le réel en se montrant drôle, capricieuse, femme pleine de désir pour son époux, puis de sagesse face à l’adversité. De même, le prince évolue de l’amoureux naïf au roi, avec le sens du devoir, pour finir par accéder au rang de héros tourmenté au cours de son errance. Ces deux exemples de parcours montrent combien la pièce évolue de la parabole abstraite à la biographie de chacun d’entre nous.

Notre mise en scène prendra du conte sa clarté et son aspect visuel mais la direction des acteurs devra les mettre de côté pour montrer progressivement des personnages troublés, perdus, contradictoires, pour qu’ils soient réels. Le jeu des comédiens devra respecter cette évolution, allant d’un style naïf à un style plus réaliste et psychologique.

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Comme toutes les histoires, celle de notre compagnie a commencé par une rencontre entre trois filles, Maia Roca, Delphine Branger et Géraldine Doutriaux. Heureuse coïncidence : toutes les trois suivaient parallèlement à leurs études de lettres à la Sorbonne des cours de théâtre, Delphine à l’Ecole du Théâtre National de Chaillot, Maia et Géraldine dans des cours amateurs. Surtout, le domaine de l’enfance était au cœur de leurs préoccupations puisque les trois, munis du BAFA, travaillaient aussi dans l’animation comme Maia qui formait aux métiers de l’animation au service de l’Afocal.

De cette rencontre a découlé l’envie de créer en décembre 2002 une association loi 1901, du nom de « Bal de Mots ». Nous avons choisi La jeune fille, le Diable et le moulin de Olivier Py parce que c’est une pièce adaptée d’un conte initiatique qui évoque le rêve et promet d’être une expérience de vie pour les spectateurs. Nous avons choisi de la montrer à des enfants de par notre connaissance de ce type de public et parce que c’est une histoire simple, cruelle certes, mais imprégnée de merveilleux. Or ces destinataires ne sont-ils pas les plus aptes à s’identifier sans pudeur à la fiction ?

Mais nous voulions plus : nous adresser doublement aux enfants, leur rendre accessible le théâtre non seulement en leur montrant ce spectacle mais aussi en leur apprenant à jouer. C’est pourquoi, Bal de Mots propose depuis janvier 2003 deux ateliers théâtre au centre Daviel (ville de Paris), l’un pour des enfants de 7/11 ans, l’autre pour des adolescents de 12/14 ans.

Les fonctions de chacune dans la troupe se sont présentées tout naturellement. Grâce à ses études de lettres en classes préparatoires et à l’université de Paris IV, Géraldine a acquis un point de vue distancié, analytique, considérant une pièce comme un objet global avec son rythme propre. Ayant expérimenté les deux postures, sur et derrière la scène, elle se sentait apte à la mise en scène. Elle serait donc notre directeur artistique.

Les compétences théâtrales et administratives de Maia, acquises au cours de son métier dans l’Afocal puis à présent dans la structure des Orphelins d’Auteuil (Meudon), l’ont prédisposée à être la présidente de notre association et à assister la metteur en scène.

Quant à Delphine, ses cours à l’école de Chaillot et sa pratique de la scène où elle a pu jouer Tatouage (2004) de Dea Loher à Théâtre Ouvert sous la direction de Hans Peter Cloos, ou encore le rôle de Marie dans Le Suicidé (2004) de Nikolaï Erdman au Théâtre du Nord Ouest dans une mise en scène de Jérémie Fabre, et aussi Electre dans Le Deuil sied à Electre (2003) de Eugène O’ Neill sous la direction de Jean-Claude Durand, l’ont conduite naturellement à jouer l’héroïne de la pièce, la jeune fille.

Après avoir leur fait passer une audition, nous avons demandé à Maud Ivanoff, Franck Borde et Alexandre Barbe de jouer l’une la mère et le jardinier, l’autre le diable et l’ange, l’autre le père et le prince de la pièce.

La double formation de Maud (elle possède une maîtrise de Lettres modernes et s’est formé au théâtre chez Blanche Salant puis à l’Ecole des Enfants Terribles) lui a permis d’aborder le spectacle jeune public par le biais de l’écriture avec L’Incroyable Voyage de Monsieur Ver, une pièce initiatique pour les 3-5ans. Son intérêt pour l’éveil des plus jeunes s’est révélé aussi dans la mise en scène d’un spectacle pour les 6-11ans, Histoire de Julie qui avait une ombre de garçon. Mais c’est également sa pratique du clown avec Hervé Langlois qui lui permet de jouer la mère et le jardinier, personnages naïfs et simples, pleins de bon sens et de tendresse, en lutte contre le destin… à la façon des clowns.

La formation « polymorphe » de Franck au Studio Théâtre d’Asnières l’a fait jouer dans des pièces au registre tragique (Bérénice de Racine, Théâtre de Ménilmontant) ou plus contemporain (Fabrication artisanale 2, extraits de Ionesco, Py, Bond, Koltès, mise en scène Jérémie Fabre, festival de Rodez), ce qui lui permet de passer d’un rôle à l’autre avec souplesse, qualités nécessaires pour enchaîner le rôle du diable fantasque et celui de l’ange fraternel.

Dans le cadre de sa formation à l’Ecole du Théâtre National de Chaillot, Alexandre a abordé de multiples rôles, tel celui du personnage âgé qu’est le psychiatre dans La Patiente d’Anca Visdei dans une mise en scène de Guillaume Harmide au Tremplin Théâtre, ou celui d’un jeune premier fougueux avec Britannicus de Racine (mise en scène de Sébastien Hoederer au Théâtre de Montreuil) : ce qui lui permet d’incarner dans La jeune fille, le Diable et le moulin deux rôles aussi différents que sont le père et le prince.

Enfin, la musique que nous voulions à tout prix instiller dans la pièce grâce aux personnages inventés de l’ombre du Diable et de l’Ange a pris forme grâce au talent d’Aurélie Branger, sœur cadette de Delphine. Violoniste, elle a un Premier Prix de Violon (Ville de Paris, conservatoire du 15ème ardt) et travaille sur G.Klein dans le cadre de sa thèse de musicologie à la Sorbonne. Elle a aussi beaucoup étudié la musique de Bartok. Ces univers musicaux l’ont inspiré pour créer les musiques de la pièce. Elle a pratiqué le théâtre au Théâtre Athénor de Saint-Nazaire et joué dans Pierre et le loup de Prokofiev mis en scène par Delphine Léonard, ce qui lui permet de souligner les différents effets sonores qui ponctuent l’intrigue par un jeu burlesque ou tendre qui en fait la complice du Diable puis de l’Ange.

Pour la scénographie et les lumières nous avons demandé à Amandine Séguy-Houël et Thomas Gourdy de puiser dans leurs expériences réciproques pour créer cet univers de livre d’enfants. Amandine après des études à l’Ecole Supérieure des Arts Décoratifs de Strasbourg et deux stages à la Comédie Française aux ateliers accessoires et décors, s’intéresse de près au Théâtre jeune Public et a suivi une compagnie jeune public à Strasbourg lors du festival « Les Giboulées de la marionnette ». Avec La jeune fille, le Diable et le moulin elle retrouve l’univers des contes qu’elle aime travailler. Quant à Thomas, il s’est formé en tant que comédien au Studio Théâtre d’Asnières qui lui a aussi assuré une formation en création et régie lumières.

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Spectacle terminé depuis le samedi 15 janvier 2005

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