- Entre one woman show et autoportrait
À coup de flash-back en forme de compte à rebours, Karine Dubernet livre une autobiographie à la fois tendre et hilarante. Situations impayables s’enchaînent à un rythme effréné, avec un humour corrosif et un salvateur sens de la dérision… Un parcours initiatique où se côtoient personnages réels et imaginaires, nous apprenant que l’on peut tomber, pour mieux se révéler.
« C'est mon histoire, celle d'une petite fille née d'un père arménien, mécanicien, et d'une mère pénible qui aurait préféré avoir un chien. C'était pas gagné. Je suis née à Marignane, ville idéalement située entre un aéroport et une raffinerie, j'aurais dû être aérienne et raffinée, je me révélerai lesbienne et effrontée. Sur le papier tout ça ne fait pas rêver, mais je crois que j'ai la vie la plus géniale que j'aurais pu imaginer ! Ou alors j'ai tout inventé ? »
Personnage central dans les pièces à succès de Laurent Baffie (Les Bonobos, Sans Filtre) ou encore de Patrick Haudecoeur (Silence On tourne), Karine Dubernet signe ici son 3ème spectacle solo, plus intime, et tout aussi efficace.
Carole Greep, co-auteur de Souris Pas ! écrit pour le cinéma, la TV, la radio, et le théâtre. Sa pièce J’aime beaucoup ce que vous faites est un succès depuis plus de 15 ans. Philippe Awat s'intéresse à un répertoire de haute flamme : Le Songe d'une nuit d'été de son cher Shakespeare, Têtes rondes têtes pointues de Brecht, Pantagleize de Michel De Ghelderode, Le Roi nu d'Evgueni Schwartz. Il a une marraine très exigeante, Ariane Mnouchkine. Il signe ici une mise scène originale et dynamique.
« Dans une mise en scène originale, Karine Dubernet enchaîne les personnages attachants ou loufoques, allant de la mère pénible « qui aurait préféré avoir un chien », au maladroit clown Patapouf... On rit parfois, on est ému aussi. Surtout, on apprécie le talent de la comédienne. » Télérama
« Droit à la différence, acceptation de soi et féminisme en toile de fond, Karine fend, un peu, l'armure de la comique et se montre hilarante, sincère et touchante. » Sylvain Merle, Le Parisien Dimanche
« Dirigée par Philippe Awat et relookée en élégante robe noire avec accessoires girly, Karine Dubernet délivre une partition bigarrée qui dévoile et émeut comme elle s'avère résolument jubilatoire avec sa galerie de portraits décapants. Un excellent cru à déguster sans modération. » Froggy's Delight
- Les mots du metteur en scène
Lorsque Karine m’a soumis son texte en lecture pour la première fois - en me proposant de l’accompagner à la mise en scène - je me suis moi-même surpris à rire aux éclats tout en étant ému à plusieurs reprises par son récit. Car derrière l’actrice que j’avais maintes fois applaudie au théâtre pour son énergie folle, son inventivité, ses talents d’interprétations et son timing unique, se révélait la femme qu’elle est. L’exercice difficile du récit d’une vie, car c’est de cela dont il s’agit, devenait entre ses mains un moment de théâtre jubilatoire et émouvant d’où émergeait une humanité incroyable. C’est ce qui m’a poussé à l’accompagner.
Son récit, c’est celui d’une vie complexe et chaotique où Karine se livre dans l’intimité sur ses combats, ses blessures, ses rencontres, ses espoirs. Pour ce fait, elle convoque des personnages imaginaires, tous jaillissants de sa mémoire comme des lutins, qu’elle incarne avec une dextérité et une rapidité déconcertante. Terriblement inspirés de son expérience, ils sont à la fois loufoques, émouvants, attachants, drôles voir hilarants, ils ont marqué et construit définitivement sa vie. On la découvre alors à différentes périodes de la vie, enfant, ado, jeune fille et la femme qu’elle devenue aujourd’hui.
Mais au-delà, son récit touche par les thèmes sociétaux qu’elle y aborde. L’acceptation de soi, le droit à la différence, la difficulté d’être, de s’accomplir, de s’affirmer, de s’épanouir. Thèmes qui résonnent terriblement aujourd’hui au regard d’une homophobie croissante qui fait encore, en 2019, la une des journaux.
Un texte éminemment drôle, poignant, sensible et une rencontre avec une actrice qui m’a entrainée, comme tous les personnages qu’elle incarne sur scène, dans le tourbillon de sa vie. Le rire comme remède, sans doute pour conspuer le drame, le tragique, la honte ou la peur qui se trame en sous texte. Une véritable ode à la vie sous forme de parcours initiatique.
Sur Scène, Karine est seule au centre assise sur un siège, le focus est sur elle sans artifice ni triche. La lumière la suit, l’accompagne, rythme les scènes, crée des univers, délimite des espaces, invente une temporalité. Les scènes s’enchaînent dans un rythme effréné, conduit par une foule de personnages qui donnent, sans aucun doute, ce ton si particulier et unique au spectacle.
Philippe Awat
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