
Martine Latreille prend le voile
Rencontre avec Martine Latreille
Eh ! Ma soeur. Une sacrée bonne soeur
Martine Latreille prend le voile
Reconnue dans les milieux artistiques tant pour son talent de comédienne que pour la qualité de l’enseignement de son cours d’art dramatique, formée à l’école du théâtre classique puis de boulevard, Martine Latreille se confronte pour la première fois à la plus exigeante des écoles, celle de la proximité et de l’intimité, seule en scène dans un exercice de style qui emporte le public sur des vagues de rires aux subtilités verbales étonnantes.
Rencontre avec Martine Latreille
Martine Latreille : La recherche du personnage m’a demandé deux années de gestion et d’écriture. Il me fallait me cacher derrière un personnage en costume - une bonne sœur - qui puisse être à la fois sympathique et médiatique, crédible pour dénoncer gentiment tous les petits travers de notre société, un peu clown, un peu dingue, sereine et romantique pour me ressembler et en qui le public puisse se reconnaître.
Quel besoin de créer ce personnage ?
Martine Latreille : Mon parcours professionnel de comédienne ne me satisfait pas encore pleinement. Aujourd’hui, sans producteur, sans médiatisation, plus question d’exister. La réussite n’est pas seulement affaire de talent mais de ténacité et de chance. Il me fallait donc un personnage nouveau pour être « entendue ».
Un tel personnage nécessite une approche bien particulière, un texte très étudié...
Martine Latreille : Pour disposer d’un tel texte qui tienne la route, j’ai fait appel à Francis Rondwasser, un homme de spectacle, auteur de nombreux sketches comiques à succès. Il a revisité mon texte, taillant dans le vif, pour n’en extraire que le miel. Adoptant un ton que j’ai souhaité exempt de toute vulgarité. Le personnage de la bonne sœur nécessite que je me canalise. Le professionnalisme c’est justement se canaliser, gérer son émotion comme je l’enseigne à mes élèves.
Eh ! Ma soeur. Une sacrée bonne soeur
Une novice prépare un pèlerinage à Lourdes et commente la vie qui va... Notre vie à tous...
Martine campe à merveille le rôle d’une sœur désabusée, sans illusion dont le personnage, d’emblée impose une présence sympathique, gracieuse, tout en charme.
Martine explore avec une douce acidité le monde de nos petits enfers ordinaires en prenant de la distance avec cette époque dont la brutalité vulgaire la hérisse. Le résultat est que sur scène, elle fait preuve d’une virtuosité effarante , elle jongle avec les mots comme avec des bulles de savon, tour à tour grinçante et tragique mais toujours irrésistiblement drôle parce que quel que soit la gravité des sujets que l’on traite, on a tout intérêt à mettre les rieurs de son côté.
C’est son incarnation, dans le comique comme dans le tragique, qui crée surprise et fascination . Dans les rires comme dans les larmes, dans la frivolité comme dans la gravité, qu’elle veuille divertir, émouvoir, provoquer, c’est le même jeu de séduction, immédiat.
Elle impose au texte, au rôle, à la chose écrite, une voix, un comportement, une manière d’être et de se mouvoir, une image sensible qui captive le public.
Son jeu est multiple et se situe entre les contraires, le risible et le pathétique, l’émotif et le sévère, le violent et le doux, le lent et le rapide, le profond et le léger, l’apaisé et le rageur ou plutôt elle est à la fois ces contraires et le mouvement qui fait passer de l’un à l’autre.
Sa présence physique est étonnante, son art de la métamorphose est un de ses points forts.
Quand elle parle de son métier, des cours qu’elle donne son regard malicieux s’illumine. Son cours figure dans l’annuaire du Bellefaye, la référence ! De fait son enseignement a vocation d’enseignement professionnel.
On y apprend à jouer la comédie, des exercices de diction, à poser sa voix, improviser, vaincre sa timidité...
Chaque élève apprend à contrôler son corps, son esprit, contrôler ses sentiments, les trier, les inventorier, savoir ceux qui sont exacts pour le personnage et ceux qui ne le sont pas.
Dès le mois d’avril d’ailleurs, elle donnera même des cours au théâtre de la Providence !
Entretien et critique : P.C. pour Contact Gouvieux.
3, rue des Déchargeurs 75001 Paris