Très polyphonique, la Sonate pour piano op. 14 n° 1 semble demander à être jouée par plusieurs instruments et Beethoven lui-même se chargea de la transcription pour quatuor. Ecrit d’un seul jet, le Dixième quatuor (1809) alterne des épisodes très chantants, des atmosphères bucoliques et de véritables orages qui, comme dans le Scherzo, éclatent avec une force inouïe. A l’inverse, le fascinant et labyrinthique Quatuor n° 14 (1826) coule sans la moindre interruption de son premier mouvement jusqu’à la dernière note comme dans un état d’apesanteur, dans un flot continu de musique : jamais Beethoven ne s’est montré aussi novateur, aussi libre, aussi visionnaire.
Pour ses premiers pas dans le quatuor, Beethoven n’a pas oublié ses maîtres viennois : presque chaque note du n° 2 est un hommage à Haydn, tandis que l’ombre de Mozart plane sur le cinquième, écrit à la même époque (1799). L’élève devient maître dans l’opus 59 (1806) : le huitième quatuor, par ses contrastes entre le dramatisme du premier mouvement, les méditations philosophiques du deuxième, l’énergie rythmique scherzo et le ton épique du finale, résume à lui seul toute l’œuvre de Beethoven.
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