Formée à l’école de la rigueur, Eun-Me Ahn est aussi une performeuse intrépide et non dénuée d’humour. On l’a ainsi vue s’ensevelir, en costume de clown, sous une pluie de ballons, ou sous des tomates peu à peu réduites en purée. Ou encore enfermée derrière des barreaux en duo avec un poulet, déguisée en champignon, et explorant, seule ou avec sa troupe, les nuances insondables de la mélancolie, de la spiritualité, de l’androgynie…Extraterrestre. Sait-on jamais de quelles nécessités se nourrissent les vocations ? “Quand j’étais enfant, nous n’avions ni télévision ni téléphone, raconte Eun-Me Ahn. Mes parents pouvaient payer la maison et la nourriture, c’était tout. Alors, le soir, nous devions faire des spectacles pour divertir nos parents et nos grands-parents. Si on s’en acquittait bien, on recevait un biscuit. Ça a été mon premier boulot.” Suivront les cours de danse dès l’âge de 11 ans, puis une carrière atypique, à l’image d’une créatrice qui laisse sans restriction s’épanouir sa fantaisie et ses aspirations : attirée par l’Ouest mais complètement à l’Est, puisant son inspiration dans des traditions qu’elle a longuement étudiées, mais transmettant toutes les impulsions de la Corée moderne, au rythme du fameux “bballi bballi”, expression emblématique qui signifie “vite ! vite !” et qu’on entend si souvent dans les rues de Séoul qu’il se trouve toujours un touriste ingénu pour croire que cela veut dire “bonjour”. “La danse se doit d’évoquer les souvenirs, de les réveiller de manière inattendue, plutôt que de se circonscrire au présent, revendique Eun-Me Ahn. Et si l’on en vient un jour à me considérer comme une sorte d’inconnue, voire d’extraterrestre, c’est que cette confrontation du passé et du présent aura atteint son objectif.”
Karaoké. Atypique, Eun-Me Ahn l’est tout autant dans ses choix esthétiques que dans ses façons de procéder. Pour recruter les membres de sa compagnie, par exemple, pas d’auditions formelles, elle préfère une autre méthode : “Il n’y pas que la danse et le mouvement. On va au karaoké et on passe la soirée à boire. Ce que je veux voir, c’est leur puissance naturelle, leur personnalité.”
Ferme du Buisson, Marne-la-Vallée
La figure de proue de la danse coréenne réinvente la rencontre entre Orient et Occident dans une chorégraphie jubilatoire. À partir de 7 ans
Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines, Montigny-le-Bretonneux
Théâtre des Abbesses, Paris
Carreau du Temple, Paris
Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines, Montigny-le-Bretonneux
La Colline (Théâtre National), Paris
Théâtre éphémère, Paris