• Quelques mots d'Eudes Labrusse

Né dans le 14e. Parisien pour quelques mois. Le bateau à Marseille, très vite, emmailloté à babord. Elevé en Tunisie, maison près de Carthage, avec les orangers. Ma mère dit il faut rentrer, il prend des habitudes de petit blanc. Le hublot de l'avion, un homme pointe du doigt les nuages qui moutonnent au-dessus de la Méditerranéenne.

Et puis le crachin normand à l'automne 68. J'ai six ans, je dessine des CRS à moto. J'écris des poèmes avec toujours le même mot à la rime, je suis incapable d'en trouver d'autres. Des histoires de Tarzan aussi, on traîne dans les bois après l'école.

Je joue au football sous les pommiers. Beaucoup plus tard, nous brûlons le décor d'une pièce d'adolescents comme on coupe les ponts. Nous tournons la Clé des Songes à double tour. Paris à nouveau, sa lumière blanche de fin d'après-midi. La Sorbonne et Louis-le-Grand, des études de Lettres naturellement, je sais bien que Dieu n'existe pas.

Et puis un jour, l'appartement de l'Île-Saint-Louis sonne creux : la grand-mère est morte. Il faut partir. Loin. Quatre années au pied des volcans. A Quito, l'avion frôle les Andes pour atterrir. L'air est rare là-haut, les Indiens marchent courbés, la tête dans les nuages.

Midi au soleil de l'équateur : le théâtre en éruption. Laves et cendres. Le sourire triste derrière les cagoules. Le type qui passe n'a rien d'autre à faire que de regarder, à s'en griller les yeux. Est-ce qu'on sait pourquoi on revient ? Voilà Mantes-la-Jolie, le Val Fourré.

Au pied des tours. Des lambeaux de rêves, mais pas de regrets. Du travail, il y en a. L'impression parfois d'être un boueux. Qui ose encore détourner le nez par le petit bout de la lorgnette ? La réalité est plus tenace que les orties du jardin. Dix ans maintenant. J'écris, bien sûr. L'écriture a toujours été une évidence. Pas une nécessité. Aucun rapport passionnel. J'ai toujours griffonné, très mal souvent. Peu importe. Ce sera à moi, jusqu'à la fin.

• Auteur, metteur en scène et directeur

Codirecteur du Théâtre du Mantois depuis deux saisons, il a notamment mis en scène Barbe-Bleue (1998), Monsieur Gromago au Pays des Songes (2000), Madame de D. Goupil (2003), et en collaboration avec Jean-Charles Lenoir, Monsieur et Monsieur (1999) et Sommeil ? (2000), Le Collier de Perles du Gouverneur Li-Qing d' Eudes Labrusse, co-m.e.s. Jérôme Imard.

Outre Monsieur et Monsieur, créé par le TDM, il écrit régulièrement pour le théâtre :
Le Rêve d’Alvaro, texte lauréat en 1999 du concours “Premières Répliques” organisé par la Scène Nationale d’Angoulême
Le Voyage du soldat David Sorgues créé par la compagnie l’Art Mobile avec l’aide de la DRAC Ile-de-France et publié à L’Avant-Scène, Collection des Quatre-Vents, 2002
Les Hommes de rien, texte qui a obtenu en 2001 une aide de la DMDTS
Le Collier de perles du Gouverneur Li-Qing, L’Avant-Scène, Collection des Quatre-Vents, 2003
Nalia, la nuit, 2006
Le Rêve d’Alvaro, 2007
Elias Leister a disparu, 2010

Il a obtenu une résidence d’écriture à la Ruche Sony Laboutansi organisée par le CDN d’Angers et Monique Blin (Association Écritures Vagabondes) à Bamako, Mali, décembre 2002.

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