Italien par sa mère (Ferrari) et allemand par son père (Wolf), Ermanno Wolf-Ferrari né et mort à Venise, amoureux de la Bavière, restera toujours fidèle à cette double filiation culturelle. Sensible au génie de Godoni qu’il admirait pour son humanité, sa force, son talent, sa modernité, il lui empruntera trois sujets d’Opéra dont Les Quatre Rustres, opéra crée à Münich en 1906.
"Nous sommes à Venise en plein carnaval. Quatre marchands fignolent la mise au point de la dernière affaire de leurs lucratives activités : le mariage de la fille de l’un d’eux avec le fils d’un autre.
Bien sûr, suite à leurs “combines”, les jeunes gens ne se verront que pour la signature du contrat, au grand dam des épouses qui manigancent une rencontre des possibles amoureux, pour sonder leurs sentiments.
Intrigues, affrontements, complots, ruptures, réconciliations et aventures sont menés tambour battant, grâce à l’astuce des femmes aux prises avec la balourdises des hommes.
Les quatre rustres sont un appel à la tolérance. En plein XVIIIème siècle, quatre bourgeoises pleines de charme et d’intelligence tentent d’ouvrir portes et fenêtres pour donner aux femmes un petit espace de liberté.
La musique de Wolf-Ferrari est vive, alerte, avec des moments de grâce, toujours en situation, parfois violente et même grinçante, sans jusqu’aux ruptures innovantes de l’Ecole de Vienne avec laquelle le compositeur avait pris ses distances. Si parfois elle a le charme de la malice des femmes, elle incarne le plus souvent la force de leurs conflits sous la forme de brillants ensembles qui constituent de véritables bagarres musicales et chromatiques." Jean-Louis Martin-Barbaz