
Le premier « slam-opéra » !
Un opéra de salon
La composition musicale
Quelques lecteurs des Chants de Maldoror
La presse
En 1869, les voisins de Lautréamont se plaignaient de « ce jeune homme bizarre qui déclamait la nuit en plaquant des accords sur son piano »… Il avait vingt trois ans. Il mourra un an plus tard. Il aura eu le temps d’écrire Les Chants de Maldoror, une oeuvre fulgurante, inclassable, d’une violence et d’une beauté inouïes, de celles qui marquent la littérature française au fer rouge.
La « pulsation rythmique » des Chants de Maldoror, l’extrême musicalité de la langue comme son univers sombre et sulfureux ont exercé une grande influence sur les musiciens les plus originaux de ces dernières années. L’opéra flamboyant que nous offre Jean-Louis Manceau résonne à son tour comme du slam, avec ses rythmes obsédants, ses délires visionnaires et ses violences douloureuses.
Bâti sur quelques fragments des Chants de Maldoror, ce spectacle envoûtant allie la richesse d’une musique originale qui prend racine dans les couleurs de la « world music » à la fulgurance des images scéniques.
D’après Les Chants de Maldoror de Lautréamont.
Durant l'hiver, loin des clameurs estivales des arènes, la haute société andalouse demande à un toréro de renom de reconstituer, dans l'intimité d'un salon bourgeois, devant une poignée de spectateurs, sa meilleure corrida de la saison, sans taureau, sans mise à mort, sans « olé » fracassants. Seuls comptent alors l'épure et la beauté du geste, la grâce du corps virevoltant autour d'un adversaire imaginaire, le souffle et la présence du regard du matador luttant silencieusement dans une concentration extrême à quelques centimètres d'un public attentif et tendu. Les Espagnols appellent ce moment rare : une corrida de salon. Opéra de Maldoror pourrait être un « opéra de salon » !
En 8 tableaux colorés, flamboyants, véritables cauchemars vivants hantés par des personnages fantasmagoriques surgis du coeur de l'oeuvre de Lautréamont, Opéra de Maldoror déploie sa dramaturgie de l'intime, en totale impudeur, devant 80 voyeurs ? témoins ? complices ? de cette étrange cérémonie théâtrale.
Rituel concentré des composantes du genre (utilisation de la voix humaine sous toutes ses formes, musique orchestrée durant la totalité du spectacle, dramatisation à l'extrême de la violence des sentiments et des situations), l'opéra de salon nécessite, de par son rapport de proximité avec le public, une vigilance sans faille dans l'engagement physique et vocal des chanteurs et comédiens. Ce parti pris scénique exige une maîtrise parfaite du corps et des muscles, une invention de formes corporelles en écho aux propositions extrêmes des textes choisis (angulosités, crispations, tétanisations des visages ou des membres), ainsi qu’une recherche dans les sonorités vocales (fêlure, fracture, vibrations dans l'aigu ou le grave, « cris ou chuchotements »). Ce travail respecte parfaitement la musicalité et la compréhension du texte des Chants de Maldoror.
André Fertier a choisi, pour cet opéra très particulier, d'axer son travail de composition sur l'étrangeté des climats sonores et de restituer ainsi une « musique des profondeurs » allant puiser son inspiration dans des sonorités traditionnelles de différentes musiques du Monde, en les associant à l'écriture classique contemporaine.
La palette des instruments est large et insolite, issue de cultures et d'univers musicaux volontairement métissés : cajon cubain, oudou oriental, peaux de bendir, cristal céleste de bols tibétains. La Terre chante aux rythmes de percussions primitives à base de paille, de bois, de galets, d'argile qui se mêlent habilement aux tempos mélodieux de valses ou de berceuses interprétées à la guitare, à la flûte grave ou encore, à la très curieuse trompette marine, instrument monocorde de la musique médiévale et baroque, ancêtre du violoncelle, et dont Linda Bsiri est une des rares interprètes en Europe.
Ce chant du Monde, associé au travail vocal alliant murmures, mélopées, polyrythmies vocales envoûtantes, émergence et jaillissements de voix de soprano font de Opéra de Maldoror, un travail de composition des plus novateurs.
Aragon Louis (écrivain) : dans un article des Lettres Françaises, en 1967, intitulé "Lautréamont et nous", Aragon fait le récit de sa rencontre avec André Breton, en 1917, dans le service des aliénés, à l'hôpital du Val de Grâce. Les deux « apprentis médecins », pendant une alerte nocturne, hurlent Les Chants de Maldoror au milieu des malades déchaînés par l'angoisse, pour essayer de les calmer... Du surréalisme avant l'heure !
Boutonnat Laurent (cinéaste et vidéaste) : il revendique l'univers des Chants de Maldoror dans la conception des vidéo-clips de Mylène Farmer.
Camus Albert (écrivain et prix Nobel) : dans L'homme révolté, il propose une longue étude sur la révolte du personnage de Maldoror.
Constant Marius (compositeur et chef d'orchestre) : musique improvisée pour 24 instrumentistes d'un ballet : Les Chants de Maldoror - 1962.
Dali Salvador (peintre) : « La lecture des Chants de Maldoror a définitivement modifié ma vision des choses du Monde » - 1963.
Gainsbourg Serge (auteur - compositeur - interprète) : a donné une de ses plus belles chansons : Et quand bien même, à Jane Birkin qui, de sa voix acidulée, en sussurait le refrain : « Lautréamont... les Chants de Maldoror... tu n'aimes pas... moi, j'adore... »
Gide André (écrivain et prix Nobel) : « Lautréamont me fait prendre en honte mes propres oeuvres… Il est le maître des écluses pour la littérature de demain. » - Journal - novembre 1905.
Gracq Julien (écrivain) : auteur d'un éblouissant ouvrage Lautréamont toujours. Maldoror y est présenté comme l'archange exterminateur.
Jarry Alfred (écrivain - un des tout premiers lecteurs de Lautréamont) : « Ce livre m'a serré de ses pinces de fer ».
Morrison Jim (chanteur) : le mythique chanteur des Doors a été enterré, au Père Lachaise, avec l'exemplaire des Chants de Maldoror retrouvé sur sa table de chevet, le soir de sa mort.
« Une proximité extrême, une musique omniprésente, un décor et des éclairages qui emmènent le spectateur dans un autre monde… Un spectacle ambitieux et réussi. » La Dépêche du Midi.
Quai Albert Bessière 46100 Figeac