
Nuits de Folies est une nouvelle revue dans la grande tradition de ce qui a fait la gloire des Folies Bergère depuis plus de 130 ans. Des attractions internationales ponctueront le rythme d'une soirée découpée en treize tableaux luxueux et très variés, alliant tradition et modernité et réunissant 42 artistes.
Avec la Nouvelle Revue, les Folies Bergère renouent avec leur grande tradition de revue, pourquoi maintenant ?
Jusqu'aux années 90, pendant plus d'un siècle, les Folies Bergère ont toujours proposé des revues. Gros effets de mise en scène, de décor, de costumes. Toujours plus de strass...de plumes... Une débauche d'étoffes chatoyantes, de fourrures, de diadèmes, de crinolines, de strass et de paillettes, de tableaux, tous plus somptueux les uns que les autres. Et de femmes nues.
En voyageant, je me suis rendu compte qu'on était copié partout. Tokyo, Las Vegas, Mexico, Madrid... Tout le monde donnait dans les paillettes et les gambettes en l'air. Et puis le spectacle n'avait plus rien de vraiment coquin. La télévision, offrait bien d'autres perpectives. Les Folies, peu à peu, avaient perdu leur public parisien au profit des touristes de passage. Enfin tranchons le net : moi je m'y embêtais. J'en ai déduit que je ne devais pas être la seule.
Par manque de créativité, la revue était devenu un spectacle pour touristes, un sous-genre un peu vieillot et nostalgique. A l'époque subsistait encore une vieille nostalgie d'un Paris de l'entre-deux-guerre, un Paris gouailleur et populaire, toute une époque pour laquelle j'ai beaucoup d'affection, mais qui était de plus en plus éloignée du quotidien des années 90. La revue devenait une sorte de musée des souvenirs où, même des musiques des Beattles faisaient office d'avant garde !
Désormais cette nostalgie des années 20-30 n'est plus opérante. Pour une grande partie du public, la nostalgie commence à s'appliquer aux années 60-70, c'est un nouveau champ de création qui s'ouvre pour la revue.
De nouveaux jeunes chorégraphes et décorateurs ont envie de créer, et non plus de copier. Leur donner la possibilité de s'exprimer, d'apporter une énergie nouvelle et une vision différente de la revue, tout en restant fidèles au vocabulaire et à l'esprit de ce qu'elle doit être, c'est le moyen de sortir la revue du musée et d'en refaire un art vivant.
Quelle est l'ambition de cette Nouvelle Revue ?
Le but est, avant tout, de ramener à la revue un public qui n'y allait plus. Si nous arrivons, en plus, à conquérir un public qui ignore encore complètement la revue, nous serions comblés. Mais pour cela on doit renouveler le genre.
Pourquoi la revue ne redeviendrait-elle pas un art à part entière, comme elle pouvait l'être avant ? Tous les arts du spectacle vivant ont su évoluer. Même le cirque, qui est certainement l'art le plus proche de la revue a réussit à inventer de nouvelles formes, souvent très réussies.
La vieille opérette s'est muée en énormes comédies musicales, le théâtre aussi a évolué. Aujourd'hui il est impossible de jouer au théâtre comme le faisait Sarah Bernhardt, pourquoi devrions nous faire de la revue comme aux temps de Mistinguett ou de Maurice Chevalier ?
La revue est l'art où l'on peut vraiment tout se permettre… pourtant c'est justement là qu'on n'a pas osé le faire ! C'est très paradoxal, mais seule la revue a stagné, parce qu'elle n'a pas su rester à l'écoute de son époque.
Comment expliquez-vous ce phénomène de non-renouvelement de la revue ces dernières décennies ?
La revue est un art cher. Un montage nécessite plusieurs dizaines de millions de francs. Quand le risque financier est tel, on est tenté de faire appel à des chorégraphes et des créateurs expérimentés. Cette exigence n'autorise pas le renouvellement. Comme au théâtre, à une époque, le metteur en scène est peu à peu devenu omnipotent.
Plus de possibilité de faire appel à des jeunes, pleins pouvoirs permanents donnés à une génération vieillissante…conséquence irrémédiable et progressive: les revues ont cessé d'être créatives. Elles ne se sont pas renouvelées.
Au théâtre, il suffit de trois fois rien pour commencer à travailler, pour se faire les dents, développer un style et une vision personnelle avant d'éclore. Un jeune auteur, un jeune metteur en scène plein de fougue, une petite scène, ainsi naissent de nouveaux talents, de nouveaux styles.
Cette maturation des artistes est pratiquement impossible dans la revue, car le pari est trop risqué de lancer de jeunes talents. Et les jeunes talents ne peuvent pas se permettre, faute des moyens financiers nécessaires, de venir porter leur fougue et leur énergie à notre type de spectacle. Faute de modèles aussi, il faut bien le dire, car les plumes et les paillettes et les promenades de danseuses emplumées n'intéressent plus les jeunes créateurs.
Ouvrir l'univers de la revue à une génération d'artistes assez jeunes est un pari risqué. Nous l'avons cependant pris, et la Nouvelle revue va permettre à des jeunes chorégraphes créatifs de poser un regard contemporain sur une période musicalement et artistiquement foisonnante.
Justement, pour cette Nouvelle Revue vous vous êtes entourée d'une équipe de jeunes créateurs, comment les avez-vous choisis?
Ces jeunes chorégraphes ont été choisis selon des vrais coups de cœur. Mary-Laure Philippon, la coordinatrice, a été danseuse aux Folies et est devenue maintenant créatrice de spectacles. Elle est devenue la grande spécialiste du cancan, elle connaît tous les codes et toutes les astuces de la revue. David Belugou est un décorateur que nous avions rencontré pour "Nine", puis pour "French Cancan". Nous avons aussi apprécié Jean Bernard Detraz dans les spectacles de R. Louret et dans "French Cancan". Pour les autres, on a beaucoup discuté et ils se sont tous imposés par leur énergie.
En fait, ce sont ces rencontres qui ont petit à petit imposé l'idée d'une nouvelle revue. Il fallait cette confrontation d'énergie et de styles différents et complémentaires, pour que le projet ait un sens.
N'est-ce pas un risque énorme que de lancer cette jeune équipe inexpérimentée ?
Le pari est mesuré. Ces jeunes amènent des styles nouveaux, des personnalités et des cultures inédites aux Folies, mais dans un cadre précis, selon les traditions nées d'un siècle et demi de revue aux Folies Bergère. Confrontés aux filtres des archétypes de la revue, leurs styles seront encore plus efficaces et énergiques, ils garderont leur identité intacte tout en restant dans la tradition de la revue.
Paradoxalement, la grande force de ces jeunes créateurs est de ne pas avoir été totalement imprégnés de l'univers de la revue. La tradition ne les influence pas, ils n'ont pas un respect démesuré pour elle. Travailler dans les cadres précis de la revue devient pour eux un exercice de style excitant plus qu'une tradition pesante.
Le mélange entre une multiplicité de cultures et d'énergies semble être le cœur de votre projet, est-ce la condition du renouvellement ?
Oui. Par essence, la revue est un puzzle, un kaléïdoscope d'influences, d'époques et de genres, mais peu à peu elle a eu tendance à perdre cette richesse. Elle s'est endormie sur ses codes et ses passages obligés, toujours faits et refaits par les mêmes chorégraphes et metteurs en scènes omnipotents. Là, cette Nouvelle Revue est une partition à sept chorégraphes, chacun se nourrit de l'énergie et de l'inventivité des autres, dans un vrai travail d'équipe. D'ailleurs, les danseurs ne sont pas non plus des danseurs spécialistes de la revue. Ils ont eux aussi une personnalité enrichie, forgée dans d'autres genres, ils apportent à la revue toutes les facettes de leurs multiples talents.
Il me semble fondamental que tous ces artistes, chorégraphes et danseurs, portent sur la revue le regard de toute une génération qui veut se réapproprier le genre. Ils sont le lien re-fondateur entre la tradition du music-hall, le vocabulaire de la revue et son renouvellement chorégraphique et musical.
Quels seront les principaux atouts de la Nouvelle revue ?
Je suis persuadée que la revue correspond à un comportement de plus en plus contemporain: celui de la culture du zapping, du clip et de la consommation rapide.
Chaque tableau d'une revue est une histoire racontée en très peu de temps aux moyens de codes, de signes, d'images et de musiques de son temps.
Le seul but étant de divertir, tous les délires sont les bienvenus. Le public n'attend rien de plus que du pur divertissement, et c'est ce que les chorégraphes et le décorateur doivent leur donner…
Une autre grande force est que, l'on est aujourd'hui sensibilisé à des cultures de plus en plus larges et différentes, désormais la revue peut faire appel à tous les imaginaires, aux cultures de mondes géographiques, culturels et sociaux différents. Il n'y a plus de limites, l'univers de la revue est prêt à s'élargir. Le chic parisien si typique de la revue n'en est plus le centre. Il s'est mué en un regard très précis sur plein d'autres mondes.
Mais cet esprit parisien de la revue n'a pas disparu pour autant, il reste en écho, avec les incontournables figures parisiennes qui font à jamais parties de notre imaginaire : Piaf, la Goulue, La Tour Eiffel… Tout ça reste quand même présent. D'ailleurs on retrouve cet esprit, cette âme de la revue chez les danseurs : ils sont tous français, ils partagent cette même base culturelle et quoiqu'il arrive elle reste présente dans la revue.
La Nouvelle Revue sera un mélange de nostalgie et d'esthétique contemporaine… avec pour seul centre un amour incontournable et infini pour la Femme. Une Femme magnifiée et superbe comme les Folies Bergère l'ont toujours célébrée.
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