Musique des Acholi (Ouganda)

du 2 au 3 mars 2006

Musique des Acholi (Ouganda)

  • Avec : Watmon Amone
Le groupe de Watmon Amone, formé en 1992, est aujourd’hui le groupe le plus recherché d’Ouganda. Il est composé de musiciens, joueurs de lokeme et de nanga, ainsi que d’une troupe de danseurs. Pour le Festival de l’Imaginaire, le programme sera exclusivement musical.

La culture Acholi
Les instruments
L’Ensemble de Watmon Amone
Pour aller plus loin

  • La culture Acholi

L’Acholiland est situé dans la partie Nord de l’Ouganda, aux confins des immenses plaines désertiques du Soudan méridional. Selon le découpage administratif du pays, il correspond aux districts de Gulu, de Pader et de Kitgum. Les Acholi, comme leurs voisins les Alur et les Lango, et comme les Dinka, les Nuer et les Shilluk du Soudan, appartiennent au groupe des peuples dits « nilotiques ». Cet adjectif a trois acceptions distinctes et complémentaires : les peuples dits nilotiques ont en effet à la fois une origine géographique commune, une langue mutuellement compréhensible, et un certain nombre de traits culturels similaires.

Géographiquement, on pense que les Acholi sont issus des migrations d’un groupe linguistique originaire de Rumbeck, à l’est de Bahr-el-Ghazal, au Soudan : les Luo. Vers le début du deuxième millénaire les Luo entamèrent une longue série de migrations. Certains descendirent vers le Sud, menant avec eux leur bétail, se battant parfois, plus souvent assimilant les populations qu’ils rencontraient. En 1500, il est à peu près certain qu’ils étaient arrivés dans la partie Nord de l’Ouganda actuel, près de Pakwach. En réalité, le métissage des Luo avec les populations locales rend épineuse la question de l’ascendance des Acholi. Certains ethnologues remettent en question la prééminence de la composante Luo dans le peuple Acholi, d’autres pensent que les Acholi seraient issus des mariages des Luo avec les Madi.

Les cultures dites nilotiques sont caractérisées par la préférence accordée aux activités pastorales et par une organisation politique et sociale particulière. Le pouvoir politique en pays Acholi est réparti entre de nombreuses petites chefferies indépendantes, chacune placée sous l’autorité héréditaire du Rwot. De structure familiale patrilinéaire, la société Acholi est divisée en classes d'âge qui, en l'absence de réseaux politiques forts, assurent l'intégration sociale.

Depuis vingt ans, les Acholi sont dans une situation dramatique. Pris en tenaille entre le gouvernement et la guérilla, deux millions d’Acholi vivent dans des camps de réfugiés au Nord de l’Ouganda et sont à ce titre considérés comme Internally Displaced Persons (personnes déplacées dans leur propre pays). Le groupe des chefs religieux pour la paix (l'ARLPI   Acholi religious leader's peace initiative) tente sans succès de servir de médiateur entre les rebelles et le gouvernement pour venir en aide aux Acholi.

La culture Acholi est riche de danses, de musiques et de chants. Il suffit d’écouter le mythe des origines Acholi pour mesurer l’importance prise par la danse : Kilak, fille de Jipiti, petite fille de Luo, le premier homme né de Jok (Dieu) et de la Terre, sortit un jour de la forêt avec un fils, probablement engendré par Lubanga, le Diable. Ce fils, nommé Labongo, naquit avec des clochettes autour des poignets et des chevilles et avec des plumes d’autruche sur la tête. Celui qui allait devenir le premier Rwot (chef) était un danseur né.

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  • Les instruments

Les principaux instruments de musique des Acholi sont les suivants : le lokeme (ou okeme) est un lamellophone répandu dans tout l’Afrique centrale et mieux connu sous les noms de sanza, mbira ou likenge. Des lames en métal, en bambou ou en tige de canne à sucre, sont fixées sur une caisse en bois ou en métal de taille variable. Elles entrent en vibration sous les doigts du musicien qui en pince les extrémités. Le lokeme porte le même nom qu’une danse de séduction au cours de laquelle les femmes s’empilent des pots en terre sur la tête.

Le nanga (équivalent de l’ennanga bantou) est une harpe arquée composée de deux éléments : une caisse de résonance et le manche qui en sort. Les cordes, faites de boyaux ou de fibres végétales, sont tendues en diagonale et produisent un son bourdonnant. Cet instrument accompagne souvent des chants narratifs et il porte d’ailleurs le même nom que l’épopée bantoue.

L’adungu est un autre type de harpe arquée. Elle a neuf cordes et est originaire des peuples Alur. Il en existe quatre modèles de tailles différentes, adaptés au jeu en solo ou en groupe plus ou moins large. Les solistes, qui utilisent l’un des deux modèles les plus petits, chantent en même temps qu’ils jouent.

Les cordophones en général, dont font partie le nanga et l’adungu, sont joués par les femmes dans les peuples Acholi et Alur, alors qu’ils sont joués par des hommes chez les Nyambo et les Ankole. On peut enfin mentionner l’ennanga, cithare à huit cordes en forme de cuvette introduite en Ouganda par les Hamites et jouée aussi bien par les Acholi que par les Bakiga.

La musique vocale des Acholi est fondée sur le système pentatonique. Il semblerait qu’autrefois leur nanga était accordée de deux manières différentes. Dans les chants responsoriaux on constate un léger tuilage entre les parties du soliste et du choeur, ce qui provoque des harmonies sporadiques de quarte ou de quinte. En règle générale leur musique est fondée sur un rythme binaire, alors que les peuples bantous vivant dans le sud de l’Ouganda utilisent généralement un rythme ternaire rapide.

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  • L’Ensemble de Watmon Amone

Le groupe de Watmon Amone, formé en 1992, est aujourd’hui le groupe le plus recherché d’Ouganda. Il est composé de musiciens, joueurs de lokeme et de nanga, ainsi que d’une troupe de danseurs. Pour le Festival de l’Imaginaire, le programme sera exclusivement musical.

Depuis sa création, le groupe s’est notamment produit à Zanzibar à l’occasion du festival des pays du Dhow (ZIFF) et il a tourné le court-métrage Lamokowang de Petna Ndaliko. Son objectif est de maintenir vivante la richesse culturelle traditionnelle des Acholi qui se perd dans l’oubli des villes comme Kampala et dans la misère des camps de réfugiés.

Au cours d’une interview récente1, Watmon Amone expliquait : « Nous avons gardé la musique et la culture qui étaient celles de nos grands-parents il y a des centaines d’années. Toutes les musiques du Bunyoro, du Buganda, de Busoga et d’Ankole viennent des Luo. Je me sens mal lorsque j’imagine les Acholi qui vivent et dorment dans la tombe. Mais je suis heureux de garder leur culture vivante. »

Né à Pawidi, dans le district de Kitgum, Watmon Amone se mit à jouer du nanga alors qu’il gardait les chèvres dans les champs avec son père. Son grand-père était un fameux joueur de nanga et sa mère une excellente joueuse d’adungu (dont elle sait pincer les cordes avec le menton, à la manière des femmes Acholi !). Amone exerça sa voix en chantant les chants traditionnels. À l’âge de 25 ans, il gagnait sa vie en jouant et en chantant. Il fonda le Groupe Culturel de Pawadi en 1987 qui se portait bien jusqu’à l’arrivée des rebelles qui massacrèrent tous les joueurs à Kitgum. Watmon est le seul à avoir pu s’échapper. Ayant fait l’expérience des exactions commises dans le Nord du pays, il a décidé d’accueillir tous ceux qui reviennent après être tombés aux mains des rebelles. L’argent des concerts lui sert à améliorer autant que faire se peut les conditions de vie dans les camps de réfugiés et à scolariser les enfants.

Myriam Suchet

1 In « Thrilling sounds from Acholiland », Denis Ocwich and Titus Serunjogi , 02/09/2005

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  • Pour aller plus loin

À lire :
The roots of ethnicity : the origins of the Acholi of Uganda before 1800, Ronald R. Atkinson, University of Pennsylvania Press, 1994.
La chanson de Lawino, P’Bitek Okot, trad. de l’acholi par F. et H. Gauduchon, Unesco/Présence Africaine, 1983.

À écouter :
Tipu Pa Acholi : songs and dances of the Acholi in Uganda, Pan Records, réédité en 2005.

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