C'est l'incroyable talent de Matthieu Penchinat ! Quand le plus anglais des humoristes français partage ses réflexions mordantes et philosophiques sur ses pires angoisses, au-travers d'une galerie de personnages tantôt clownesques, parfois poétiques, toujours, il vous cueille, vous tient, et vous laisse enfin joyeux, grandis... et plus vivants que jamais !
Matthieu Penchinat a été remarqué dans l'émission de Laurent Ruquier : On ne demande qu'à en rire. Il a travaillé avec Philippe Decouflé, dans Panorama où il interprétait un M. Loyal décalé.
Avec ce spectacle, il vous propose un univers poétique et absurde...
Les protestants
Vous voyez ce que c'est un protestant ? Non ? Alors les protestants, c'est comme les catholiques, mais... en plus ternes... C'est pas triste, c'est terne... C'est sépia... Y a pas de débordement, pas d'excès. Tout est pondéré. Le protestant n'est excessif en rien, sinon en pondération. Tout le monde a déjà visité une église ou une cathédrale, bon, y'a des dorures, y'a des peintures, des belles colonnes, des fresques au plafond... Alors que jamais personne ne s'est dit : « Tiens, je vais aller visiter un temple ! » Et c'est normal, parce que c'est froid, c'est terne, c'est sombre, t'as pas envie d'y aller, c'est comme Dunkerque ! Personne ne se dit : « Je vais aller passer mes vacances à Dunkerque ! ». Le protestantisme, c'est le Dunkerque des religions.
Pompes Fun
le numéro 1 des pompes funèbres « Si vous voulez un peu animer la cérémonie, j'ai un superbe gadget... ça se présente sous la forme d'un crucifix avec Jésus sur la croix, voilà. Et quand on tire la petite ficelle qui est dessous, HOP ! Le crucifix s'envole à la verticale et redescend en spirale ! À partir du moment où il est dans la phase descendante, le crucifix clignote, comme ça, ça attire l’œil, c'est sympa. La petite enceinte se met en marche, et tout le monde peut entendre un cantique. Mais surtout, il est chargé en eau bénite ! Et quand il redescend en spirale... il asperge tout le monde ! Et comme ça tout le monde communie en même temps, en regardant le ciel... Alors bon, c'est vendu par 4, je vous les mets ? »
Si la mort n'existait pas
C'est terrible, j'ai l'impression qu'il me faudrait 1000 ans pour réussir à lui dire. Franchement, si la mort n'existait pas, ce serai vachement mieux... Si la mort n'existait pas... On serait serré... Parce qu'il y a 85 Milliards d'êtres humains qui sont passés sur cette terre... bon... Ce serait chiant pour aller acheter du pain : « Chérie, je vais chercher une baguette, je reviens dans une semaine ! ».
- L'humour, c'est quand on rit quand même
Cette formule résume parfaitement l'axe principal de ma recherche artistique. Il s'agit de réconcilier deux choses souvent opposées à tort : le rire et la réflexion. Rire d'abord, par éclats et non du bout de lèvres, d'une bouche empruntée au derrière des poules, parce que j'aime entendre les gens rire franchement, j'aime sentir ce lâcher prise, cet état second. Puis réfléchir, ensuite. Au calme, sur le chemin du retour. Qu'est-ce que j'ai ri ! Mais en plus, c'était pas si con... Chaplin est le maître de cet art délicat, c'est pour moi un modèle. Rien n'est plus élégant que d'arriver à faire passer un message fort sur le ton de l'humour. C'est l'essence de ma recherche artistique : titiller, provoquer, faire rire et repartir en ayant dit.
- La place de la Mort, marqueur de nos sociétés
Toute société humaine peut se raconter par son rapport à la Mort. Dans notre Occident qui entretient un culte de la jeunesse éternelle, la Mort est aujourd'hui « interdite ». (Lire Philippe Ariès, à ce propos). Les cimetières et les funérariums, sont de plus en plus éloignés. Être en deuil relève de la dépression si cela dure plus de trois mois, alors que cela dure a minima un an. Il est probable que certaines personnes de notre entourage soient endeuillées sans même que l'on s'en rende compte. La Mort est devenu un tabou !
Et paradoxalement, la Mort a été rendue agréable pour pouvoir être ingérée par l'ogre mercantile. En nous éloignant de la Mort, nous nous sommes éloignés de notre vie et éloignés les uns des autres. On trouve quelque chose de rassurant dans le quotidien, que j'ai toujours considéré comme une mort qui ne dit pas son nom. Les Égyptiens mettaient de petites statuettes de momie dans leurs verres, pour se rappeler de vivre tant qu'ils en avaient le temps.
Avec ce spectacle, je cherche la même chose. Exhorter la vie en chacun, comme on peut le sentir, parfois, pendant un enterrement... Parler de la Mort pour faire une ode à la vie.
- À la croisée des genres, le mien
Pendant dix ans, j'ai accumulé de nombreuses expériences théâtrales. D'abord l'improvisation, par laquelle j'ai commencé. L'écriture de sketchs, ensuite. Puis très vite, le clown. Son rapport au corps, à l'humour, au jeu. Vint ensuite l'ENSAD, pendant trois ans, à travailler avec d'immenses metteur-se-s en scène. L'expérience de la mise en scène, aussi, avec cette obsédante question « comment raconter cette histoire ? ».
La danse, avec Philippe Decouflé, qui m'a fait confiance et donné une exigence de travail et une expérience inimaginable. Aujourd'hui, c'est un peu tout ça que je réunis dans ce spectacle, tout ce que j'ai eu l'occasion d'expérimenter pendant ces dix dernières années. Comme un aboutissement, comme une naissance artistique, plutôt. Un spectacle incontestablement fondateur.
3 avis