
Le long du fleuve Niger et de son confluent le Bani, vivent des pêcheurs. Qu'ils soient Bozo ou Somono, Sorko ou Soubalbé, qu'ils soient sédentaires ou nomades, ce sont eux qui alimentent en carpes, capitaines et silures tout le Mali, et même une partie du Burkina et de la Côte d'Ivoire voisins. Parmi ces pêcheurs, seuls les Bozo forment une ethnie à part entière, ayant sa langue et sa mythologie propres. " Maîtres de l'eau ", les Bozo se partagent le fleuve avec leurs rivaux complices : les Somono, une caste de pêcheurs Bambara, les Songhai Sorko et les Peuls Soubalbé. Ces pêcheurs sont les seuls à connaître les secrets du fleuve. Sous un vernis musulman plus ou moins solide, ils continuent de sacrifier au riche panthéon de divinités et de génies aquatiques, avec au centre la figure tutélaire de Faro, la grande déesse de l'eau.
D'une élégance hiératique et simple, âgée d'une quarantaine d'années, Mamou Thiéro vit, avec sa famille, dans le quartier bozo de Kirango à Markala, petite ville construite entièrement en banco, à une quarantaine de kilomètres au nord de Ségou. Bien que Somono, Mamou chante en langue bamana le répertoire ancestral des pêcheurs bozo que déjà toute petite elle apprit avec sa mère et ses tantes. Aujourd'hui, Mamou Thiéro jouit d'une grande renommée auprès de tous les Bozo qui, de Bamako à Mopti, font appel à elle pour animer les cérémonies de mariages, de funérailles et autres anniversaires. Avec sa voix puissante et joliment enrouée, elle perpétue les mythes bozo et rend hommage aux grands pêcheurs du Mali, capables de capturer les hippopotames à main nue.
Daniela Langer
101, boulevard Raspail 75006 Paris