Le cœur n’est pas moderne

Paris 18e
du 12 mars au 7 avril 2008
1h30

Le cœur n’est pas moderne

Comédie-tango. Un flux, un tourbillon de paroles entrelaçant dialogues, monologues intérieurs, récits de rêves et scènes muettes. Un parcours qui explore ce qui tangue dans les têtes pendant que les corps s'agitent, ou bien s'immobilisent dans le repos de l'attente.

Une comédie-tango
Inventer une poétique humoristique du tango
Notes de mise en scène
Extrait

  • Une comédie-tango

Ici on voit donc comment des hommes et des femmes - toutes générations confondues - vivent leur pratique du tango. 38 séquences pour une polyphonie qui fait exister une vingtaine de personnages, en mêlant dialogues, monologues intérieurs, scènes muettes et récits de rêves.

Il ne s’agit pas de la reconstitution réaliste d’une soirée. Plutôt d’un courant de paroles, donnant à entendre des personnalités, des histoires, des conditions sociales et des points de vue très divers ; montrant les difficultés des débuts, les lassitudes, les éloignements, les retours, les remises en question profondes aussi bien que les incongruités engendrées par cette pratique ; les ridicules, les rêves, les conflits, les rires du compagnonnage, et aussi cette nostalgie dont on parle tant - mais ici on ne fait que l’évoquer, légèrement.

Certains des personnages reviennent deux ou trois fois, on les reconnaît, leurs portraits se précisent à mesure que la pièce avance. D’autres ne se font entendre qu’une seule fois, rapidement, le temps de révéler encore une facette du phénomène - du tango.

Car c’est bien aussi ce dont parle la pièce : le tango est un phénomène - un phénomène de mode, et de société. Les dernières scènes de la pièce laissent en suspens (délibérément) quelques questions : que savons-nous de notre place devant un phénomène de société qui nous inclut et dont nous sommes partie prenante ? Quel recul possible? Quelle ignorance consentie, et pour et avec quel plaisir ?

Chorégraphies : Martine Drai et Jean-Sébastien Rampazzi.

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  • Inventer une poétique humoristique du tango

J’ai montré à la station MIR (espace d’art contemporain) à Hérouville Saint-Clair, en Août 2003, une "performance tango" qui était autant verbale que physique, et qui s'établissait sur la base de certains mots de l'apprentissage du tango - que je danse depuis maintenant neuf ans. J’ai considéré cette performance comme une « cellule porteuse », et autour d’elle s’est bâtie cette pièce, Le cœur n’est pas moderne. Il s’est agi pour moi d’inventer une poétique humoristique du tango observé dans son verbe, dans les histoires qu'il charrie, dans les enjeux qui s'y croisent.

L'entrée dans le tango remue le cœur ancien - les sentiments archaïques, la romance, l'enfance de l'amour... - et plonge l'aspirant(e) tanguero(a) dans un océan de contradictions. On peut vouloir s'en défendre. On s'en défend en général. Ce qui engendre aussi un certain comique du tango. J’ai voulu par ce texte montrer certaine étrangeté du tango, en exhiber des traits inattendus, peu connus. Tout ce qui se dit et ne se dit pas derrière la danse même, au-delà ou en deçà de sa beauté visible.

J’ai intitulé cette pièce « comédie-tango » - ce sous-titre est à entendre exactement comme le « comédie-ballet » de Molière. C’est-à-dire : du théâtre qui laisse sa part à la musique et à la danse. Donc du théâtre d’abord.

Quelques mots du comité de lecture d’Entr’Actes (le texte a été sélectionné pour le n°20) : « Ce texte est très structuré, sa langue est brillante. La diversité des personnages qui composent le cours de tango, les scènes fragmentées, les alternances de monologues, scènes muettes et dialoguées, rythment la pièce avec souplesse et musicalité. L’auteur laisse un champ très vaste à la mise en scène puisqu’il s’agit ici de musique, de danse, de rêves, d’univers multiples créant un tourbillon d’émotions. Une très belle pièce sur la nostalgie, la recherche de soi, et la solitude. »

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  • Notes de mise en scène

Le texte définit clairement plusieurs espaces à installer sur le plateau. Des espaces concrets : au-dessus de la piste ; à côté de la piste ; loin de la piste – et des espaces mentaux : où se disent les monologues intérieurs ; et où se rejoue le souvenir du rêve.

Le découpage de ces zones de jeu se fera de façon extrêmement légère, avec un dispositif fait de ces quelques éléments modulables et modifiables selon les lieux : un podium bordé de deux marches sur ses quatre côtés qui figurera la piste de danse et qui sera également la piste de marche.

Ces cinq interprètes assumeront, de façon ludique et musicale, la totalité des dialogues, avec le plaisir manifeste de changer de personnage en changeant de gestuelle. L’acte théâtral se fabriquera donc sur cette plasticité joyeuse de l’interprète, et non pas sur son identification avec le personnage.

D’autre part, et par désir d’aller vers la stylisation plutôt que vers le naturalisme, je pars du principe qu’on assumera à la lettre ces mots qu’on entend continuellement dans l’apprentissage du tango, et que le texte d’ailleurs cite : le tango est une marche. Je revendique, bien sûr, la loufoquerie de l’idée de cette marche continuelle - le spectacle que j’envisage n’étant pas, j’y insiste, une présentation réaliste d’une soirée de milonga - mais très exactement ce qu’est le texte : un extrait - une re-création.

Il y aura cependant un réel travail gestuel avec le tango. Je pose comme axe de travail qu’on observera de très près certains fragments de cette danse, et leurs déclinaisons possibles, avant de la donner à voir dans son entièreté. La danse sera montrée aussi dans le silence (je voudrais faire entendre le très beau son de la danse sans la musique – son des pieds au sol, de l’étoffe d’une robe, du souffle) – parfois sur les paroles des deux marcheurs-comédiens.

En somme, c’est l’articulation de ces mouvements de marche et de ce travail sur le tango qui fondera le travail de recherche du spectacle. Et permettra de rejoindre, en jeu, le principe de dissociation qui a produit l’écriture même : les « dialogues au-dessus de la piste » que les spectateurs entendront ne sont jamais, dans la réalité, audibles, puisque, quand on danse, on se parle « dans le cou », et que la musique couvre ces dialogues. J’ai dissocié pour faire saisir, précisément, ce qui dans le réel ne se saisit pas.

Enfin pour la musique, à part le morceau final, qui est indiqué dans le texte même, et qui clôt le spectacle (Vuelvo al Sur de Piazzola) - je prévois un choix de trois ou quatre morceaux qui seront repris et répétés durant le spectacle - ceci pour accompagner la répétition de l’observation de motifs isolés de la danse - dont un morceau résolument contemporain (Gotan ou Narco tango) - et un morceau très ancien, des années 20-30.

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  • Extrait

Tableau 30 - Dialogue au-dessus de la piste, 1 homme, 1 femme.
Homme - Faut qu’on change, tu vas remettre tes talons…
Femme - Pourquoi ?
Homme - Toujours la même chose…
Femme - Tu bandes ?
Homme - ça ne fait que commencer… mais ça va pas s’arrêter là… et donc on va changer, tu vas remettre tes talons…
Femme - ça me frustre un peu quand même, tu sais, chaque fois que tu fais la femme c‘est la même chose, et moi du coup ça me freine, je progresse pas, je peux jamais m’entraîner comme il faut, je pourrai jamais être un bon gars…
Homme - Ecoute, on gardera ça pour la maison, d’accord, si je bande à la maison le lit est à deux pas, ici c’est dur, quoi, c’est facile à comprendre, un enfant de sept ans le comprendrait, faire la femme en bandant c’est dur, tu peux pas te faire idée comme c’est dur…
Femme - C’est dommage mon loup c’est dommage, tu es tellement bien en femme…
Homme - Arrête, s’il te plaît… Allez, tu remets tes talons, et je refais l’homme, ça me calmera…

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Informations pratiques

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10, place Charles Dullin 75018 Paris

Accès handicapé (sous conditions) Lieu intimiste Pigalle
  • Métro : Anvers à 120 m, Abbesses à 336 m
  • Bus : Anvers - Sacré Coeur à 108 m, Yvonne Le Tac à 136 m, Trudaine à 256 m
Calcul d'itinéraires avec Apple Plan et Google Maps

Plan d’accès

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10, place Charles Dullin 75018 Paris
Spectacle terminé depuis le lundi 7 avril 2008

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