La maman et la putain

du 27 novembre au 21 décembre 2007

La maman et la putain

Alexandre est un jeune homme oisif qui passe son temps à lire dans les cafés du Quartier Latin. Il vit avec Marie. Alors qu’il tente de retenir Gilberte son ancien amour sur le point d’en épouser un autre, il rencontre Véronika, jeune infirmière qui collectionne les conquêtes.

Alexandre, Véronika, Marie,
Des bars, une chambre, un lit.
Comédie, vaudeville et tragédie.

Alexandre est un jeune homme oisif qui passe son temps à lire dans les cafés du Quartier Latin. Il vit avec Marie. Alors qu’il tente de retenir Gilberte son ancien amour sur le point d’en épouser un autre, il rencontre Véronika, jeune infirmière qui collectionne les conquêtes.

Mai alors… En mai 2008, mai 68 aura 40 ans. Fête ? Commémoration ? Nostalgie ? Règlement de compte ? Je n’ai pas connu cette période, mais je fais partie de ses héritiers directs.

En s’emparant du scénario d’Eustache et en n’ayant pas vu le film, je veux me réapproprier les questionnements de l’époque en les replaçant dans le contexte actuel. Il ne s’agit pas d’une reconstitution historique, mais de relire le texte aujourd’hui. En quoi ce texte "classique" me parle de mon époque, de moi, de nous, est la question qui a guidé notre travail. Le théâtre n’a de sens, selon moi, que s’il sert, interroge, bouscule l’époque présente, dans le temps éphémère du spectacle. Cette reprise sera, un peu avant l’heure, notre manière de se réapproprier cette époque historique. Une commémoration tournée vers le présent.

Olivier Rey - 2007

  • Interview d'Olivier Rey - octobre 2003

La reprise de la Maman et la putain d’après le scénario de Jean Eustache va donner à ceux qui ont manqué cette création en janvier dernier une seconde chance. Celle de découvrir le travail d’Olivier Rey et de sa compagnie TheArte. La mise en scène inventive est servie par l’interprétation de comédiens tous époustouflants.

Que vous connaissiez ou non le film d’Eustache, on ne peut que vous conseiller ce spectacle oscillant avec justesse entre noirceur et ironie. Pourquoi s'être attaqué à la mise en scène de ce film devenu culte ?

"C'est par sa lecture du scénario, publié dans la petite collection des Cahiers du Cinéma, que j'ai fait connaissance avec La Maman et la putain. Ce qui m'a intéressé, c'est la manière dont on s'empare au théâtre d'un scénario de cinéma. La présence des mots est très forte dans ce texte. Du coup, sa dimension théâtrale m'est apparue d'emblée à travers ce débit parfois frénétique des personnages. Quand Véronika et Alexandre arrêtent de parler, ils n'existent plus. Ce qui est intéressant, c'est que ces trois protagonistes sont représentatifs de trois regards différents sur la société de l'époque mais également sur celle d'aujourd'hui."

Qu'est-ce qui t'a plu dans ce texte ?

"Ce que l'on peut percevoir de Jean Eustache à travers Alexandre puisque c'est un peu un autoportrait. Ce personnage est extrêmement touchant à travers ses contradictions, sa difficulté à prendre position à une époque où les débats font rage. Eustache a été très sceptique à l'égard des mouvements de mai 68. Il a toujours été plus attaché à l'individu qu'au groupe. Il avait peur de s’engager par crainte de voir sa personnalité disparaître. C'est quelque chose dont je me sens proche aujourd'hui. Parce qu'on refait le monde plutôt dans son salon que dans des AG ou des manifs. Jusqu'à quel point peut-on tenir ce discours-là ? Quelles en sont les limites et les impasses ? Ce qui m'a plu aussi, c'est la fausse insouciance qui se dégage des personnages, leurs contradictions et celles de leurs sentiments, leur difficulté voire l'impossibilité à vivre leur utopie amoureuse jusqu'au bout."

Quelle a été ta méthode de travail pour aborder cette mise en scène ?

"Le travail a été très collectif. À la différence de mes précédentes mises en scène ou de ma prochaine Parasites (de Marius von Mayenburg à la rentrée 2004), ma méthode s'est vraiment constituée au fur et à mesure du travail. Il n'y avait rien d'écrit. La lumière et le son ont aussi énormément contribué à la construction du spectacle.

Cela a vraiment été un fonctionnement dé groupe, chacun apportant une pierre à l'édifice. D'où le côté patchwork du spectacle. Je n'ai vu le film d'Eustache qu'après la mise en scène car je ne voulais pas être influencé. Une des différences fondamentales avec le film, c'est qu'il m'a paru important de ramener le tragique dans la pièce. Il y a une présence forte de la mort notamment à travers le personnage de Véronika qui entraîne les autres vers la chute.

On a également beaucoup travaillé le montage. Le film fait 3h40, il a donc fallu couper et ré organiser les scènes. J'ai choisi de regrouper toutes les scènes de café au début. D'où tout le travail sur la musique qui sert à créer l'atmosphère des lieux, la musique intervient vraiment comme décor à part entière."

Dans tous tes spectacles, tu travailles beaucoup sur les passerelles avec le cinéma, le music-hall, etc., sur des formes qui viennent perturber le théâtre...

"Le théâtre se définit en opposition aux autres arts qui l'entourent. L’exploration de ces passerelles me permet d'affirmer de façon plus forte ce qu'est la spécificité du théâtre. Cette intention de travailler sur les passerelles n'était pas initiale, elle s'est constituée au fur et à mesure des créations. C'est aussi lié à la rencontre avec les textes.

Pour la mise en scène de La Maman et la putain par exemple, j'ai utilisé un procédé cinématographique pour voir l'effet qu "il produisait au théâtre. Il s'agit du forwardback, le contraire du flash-back. L'image du début du spectacle est celle de la fin. Cela crée un effet de surprise chez le spectateur et éclaire tout le spectacle de cette image initiale assez forte.

Ces passerelles me permettent aussi de travailler sur les relations entre le spectaculaire que je rattache plus au concept d'entertainrnent, de divertissement et le théâtre. Les emprunts au café - théâtre présents dans La Maman et la putain participent de cette démarche-là.

Qu'est-ce que c'est aujourd'hui que faire acte artistique au théâtre ? Comment le théâtre se positionne-t-il par rapport au spectacle en général ? Je ne crois pas que cela soit dans une position de rejet mutuel. Naviguer entre les deux m'intéresse."

Maintenant que tu as vu le film, est-ce que tu vas modifier des choses dans le spectacle à l'occasion de cette reprise ?

"Le film est une sorte de photographie de l'état des relations amoureuses dans l'après 68. Il y a un certain nombre de références à l'actualité et aux débats de l'époque. Je n'en avais peut-être pas bien mesuré la force et la virulence. C'est pour cela d'ailleurs que le film a été assez polémique.

J'avais un peu gommé ces références à la création pour en faire une histoire atemporelle en la rendant indépendante du contexte historique dans lequel elle se joue. Je m'interroge aujourd’hui sur le moyen de ramener ces références à l'actualité directe. C'est vraiment ce travail-là que j'ai envie de développer pour cette reprise."

Il est étrange que tu aies peu parlé du sentiment amoureux alors que c'est quand même le motif central du film ?

Le thème central de la pièce, le triangle amoureux, n’est pas ce qui m'a intéressé en premier lieu. Mais plutôt tout ce qu'il y a autour et comment cela influence les relations amoureuses. Je ne croîs pas par exemple qu'on tombe amoureux d'une personne. Le sentiment amoureux n'existe pas tout seul mais toujours à travers des circonstances, des conditions de vie. C'est aussi cela que j'essaye de raconter avec ce texte. Dans la pièce, le jeu du trio amoureux n'est pas un marivaudage. Le discours sur la libération sexuelle, sur le couple libre est lié à l'époque à laquelle il apparaît. Mais je crois que ces questions sont encore d’actualité.

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Spectacle terminé depuis le vendredi 21 décembre 2007

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