
Guy Bedos s'est forgé une réputation d'humoriste incisif et mordant. Le politique est bien sûr son domaine de prédilection : il traque tous les événements de l'actualité. N'épargnant personne, les mots font mouche. D'ailleurs, il confesse volontiers : "Je ne dirais pas en privé le quart de ce que je dis en public." Derrière la désinvolture affichée, se cache un redoutable pamphlétaire, critique acéré de notre société.
Guy Bedos : Alors, ça y est, tu t’y remets ? Mémoires d’outre-mère en librairie, Sortie de scène de ton fils Nicolas, au théâtre, tu t’es assez promené, ailleurs, à côté, tu retournes à ta place, là où, mégalo comme tu es, tu te sens le mieux, seul, sur une scène - ou sur une piste - en direct avec le public ?
Guy Bedos : D’abord, ne me parle pas sur ce ton : j’ai accepté que ce soit toi qui me poses des questions pour être sûr des questions qu’on allait me poser. Sinon, j’aurais demandé à Fogiel !
Guy Bedos : Parfait. Alors, Guy Bedos, cette rentrée ?
Guy Bedos : Précisons d’abord un point : j’ai été longtemps le Monsieur Jourdain de ce qu’on appelle la stand up comedy , le stand up, comme ils disent - au fait c’est Jamel Debbouze qui m’a appris l’expression, j’apprends l’américain avec les arabes ! - c'est-à-dire le one man show à la première personne. J’ai fait ça innocemment, avec mes « fiches cuisine » politiques dès 1975, avant beaucoup d’autres. Cette fois, pour ne pas contrarier mon légendaire esprit de contradiction, et après avoir joué pendant deux ans avec un vrai bonheur, à Paris et en tournée, la pièce de Nicolas, j’ai repris goût à la troisième personne, le plaisir d’incarner quelqu’un qui ne soit pas moi. Pour ma rentrée, je renoue donc avec la galerie de portraits, avec les rôles de composition, je reste en quelque sorte du côté du théâtre.
Guy Bedos : Ces personnages qui ne sont pas toi, on l’a compris, comment les as-tu choisis ?
Guy Bedos : Exclusivement en fonction de mon envie à moi de les jouer. Plaisir totalement égoïste. J’en ai deux cents dans mes tiroirs - dont certains que j’ai rafraîchis un peu -, j’aurais pu faire comme Caubère cinq spectacles de cinq heures chacun, mais non, je vais présenter douze personnages de mon répertoire, pas plus, certains sont très connus, d’autres moins, je reprends très peu de « standards », je les ai testés devant les copains de ma fille Victoria, entre 20 et 30 ans, pour eux, tout était inédit. Ce que je peux te dire, c’est que ces sketches se sont étonnamment bonifiés, ils sont pour la plupart beaucoup plus forts qu’à leur création, incarnés par moi avec la tête que j’ai maintenant. On atteint un point de rencontre assez idéal, et certains thèmes qui relevaient de l’anticipation, quasiment de la science fiction, sont désormais en pleine actualité, je parle ici évidemment de mon actualité, disons, biologique.
Guy Bedos : Allez, vieux, arrête de tourner autour du pot, tu veux parler de ton âge ? Eh bien, parles-en !
Guy Bedos : Qu’est-ce que je fais d’autre ! De toute manière, on peut voir la chose avec optimisme, enfin l’optimisme tel que je le conçois : vieillir, c’est ce qu’on a trouvé de mieux pour ne pas mourir. Il n’y a pas d’égalité devant l’âge - état civil, état d’esprit, état de santé - mon dernier check-up est plutôt satisfaisant. Excusez-moi, va falloir patienter. Et pour éviter les assauts de politesse compassionnelle, oui, je préfère me charger du boulot. Pour le moment la seule maladie que je m’accorde est le syndrome de Cyrano, les vacheries sur mon âge, « Je me les sers moi-même avec assez de verve, mais je ne permets pas qu’un autre me les serve ».
Le spectacle commence avec Happy Birthday … Extrait : « Oooh, non, écoutez…Quel manque de tact !... Un an de plus, avec le temps qui passe, tu penses comme ça se fête !...Ça se pleure !!!... Ooh ! Mais quel cirque !... Passés les dix ans de la petite enfance, faudrait en finir une bonne fois avec cette mascarade… En même temps que la p’tite souris pour la p’tite quenotte… À l’âge du dentier, c’est pas une souris, c’est un rat qui passe sous l’oreiller ! »
Guy Bedos : Je vois. Tu n’as rien de plus gai ?
Guy Bedos : Si, bien entendu. Tu te souviens, ça s’intitule Dans le noir, je suis seul, dans le noir, autour de moi la maison est pleine : « … y’a toute une famille là dedans, qui me coûte un pognon fou, y’en a pas un qui me répond. Ça commence bien la vieillesse !!! Bientôt, y aura des mouches qui se poseront sur moi, pourront me grignoter la couenne jusqu’au sang, dans l’indifférence générale. Me foutront même du miel sur la gueule pour les attirer, cette bande de dégueulasses… » Ça te suffit, comme hors d’œuvre ? Bon. Mais tu sais, il n’y a pas que sur le registre de l’âge que les personnages ont bien vieilli. Sur la barbarie planétaire, les injustices sociales, les racismes, la dictature de l’argent, les textes, qu’ils soient signés par Jean-Loup Dabadie ou par moi se révèlent d’une troublante actualité. Le monde ne s’est décidément pas arrangé, mais dans la drôlerie ou dans la férocité, ou les deux à la fois, il me semble que Jean-Loup et moi avons été un peu visionnaires.
Guy Bedos : C’est toi qui l’as dit !
Guy Bedos : Puisqu’il faut faire le camelot de mon propre spectacle, quelques exemples, au hasard en te rappelant que ces sketches ont souvent plus de dix ans…Tiens, quand j’attaque Le commencement de la faim : « Ah ! la la la la la la…Tous ces pays qui crèvent de faim…C’est pas Dieu possible… C’est pas possible, ça va péter, attends un peu… Ça va péter de partout… Les Libériens, les Nigériens, les Ivoiriens, les Darfouriens… Tous ces gens qui n’ont rien… Moi, ça me fout une angoisse… Hier soir après le journal télévisé, j’ai été saisi d’un bourdon… Et j’étais pas seul… J’ai bien vu… La petite Chazal, elle avait une petite mine… Ah ! la la la la la la… Aujourd’hui, ça va encore, mais hier, tout de suite après le journal télévisé… Une angoisse… Insoutenable… Oh ! Les malheureux… Des millions de gens qui crèvent de faim… Alors hier, je me suis dit : « Je peux pas rester immobile devant ce spectacle… Faut que je fasse quelque chose… Il faut faire quelque chose… Ooh… J’suis allé au restaurant. »
Guy Bedos : Oui, j’avoue, le cœur serré, que ce sketch est toujours, est encore, et de plus en plus d’actualité…
Guy Bedos : Et quand dans Esprit d’entreprise es-tu là ? , l’intervieweur demande au patron : « Mais, question-vérité, est-ce que vous ne payez pas aujourd’hui et moins cher que demain l’argent que vous n’avez pas payé hier ? », les gens aujourd’hui vont mieux comprendre, mieux entendre. Ils vont entendre Vinci, entendre EADS, ces grosses entreprises avec ces gros patrons si riches qu’ils défient toutes les lois, et même gravement celle de la gravité puisqu’ils arrivent à faire s’ouvrir des parachutes en or…
Guy Bedos : Et ton incontournable revue de presse dans tout ça ?
Guy Bedos : Elle sera bien sûr du voyage puisqu’elle est incontournable. En pleine période d’élections présidentielles, si je ne la faisais pas, je me ferais lapider par le public. Mais à ce sujet, je veux te dire quelque chose. Je me suis relu, j’ai replongé dans mes fiches, et pris la mesure de mon inefficacité. Si, si, je t’assure, ne m’interromps pas. À un certain moment, il faut bien l’avouer, mes spectacles ressemblaient un peu à des meetings, et pour le coup, j’ai crû que je pouvais changer le monde… Mais qu’est-ce que j’ai changé ? Rien.
Guy Bedos : Bien, tu as battu ta coulpe, j’espère que ça ne t’a pas fait trop mal. Donc, cette revue de presse ?
Guy Bedos : Il y aura du changement, plus ce sera grave, plus je ferai léger, et cette fois-ci, je citerai les journalistes, de tous bords, je leur rendrai leurs mots. Mais je n’oublierai pas non plus les mots des politiques, ceux du couple Chirac/Villepin, les mots choisis de Sarkozy : « Racaille », « Karcher ». A ce propos, j’ai décidé que les jeunes des cités qui ont fait brûler des bagnoles étaient des écologistes radicaux, ils ont voulu lutter contre la pollution, il y a trop de voitures à Paris, on ne peut plus circuler, pour moi c’est Dominique Voynet et Noël Mamère qui sont derrière ! Et tiens, je suis bon bougre, je prendrai même comme co-auteur de ma revue de presse, les mots de ce revenant que j’aimais bien, Lionel Jospin. Il faut se rappeler 2002, son retrait précipité de la vie politique. Pour utiliser la métaphore maritime qui est très tendance ces temps-ci : « Heureusement qu’il était pas commandant du Titanic, il aurait sauté dans la première chaloupe ! » Mais je me répète, on ne se répète jamais assez, plus j’aborderai des sujets sérieux, plus j’en parlerai en riant, plus j’exécuterai arlequinades, pirouettes et cabrioles, sans jamais oublier de me moquer de mon immodeste personne, ce qui est la plus élémentaire des politesses. Faire du drôle avec du triste reste ma devise.
Guy Bedos : Merci Guy Bedos. J’ai passé un très bon moment avec toi.
je suis une inconditionnelle de guy bedos.J'ai assisté hier jeudi 16 novembre à son spectacle. Nous étions bien placés mais malheureusement, la sonorisation était très médiocre ce qui fait que nous avons manqué une bonne partie des répliques et en particulièrement de la revue de presse. Bien que Guy Bedos ne soit pas responsable de cette insuffisance, nous n'avons pas profité pleinement du plaisir que nous attendions, et il est bon qu'il en soit averti. Clau
le cid
Je suis bien d'accord au sujet du prix incroyable des places. Moi aussi je voulais le voir en vrai, une fois, car il a bercé mon enfance et c'est un grand grand monsieur. Comme Angélic, je vais devoir y réfléchir ou renoncer... Dommage.
J'avais très envie d'aller voir Guy BEDOS, une fois dans ma vie, car je l'adore, mais quand je vois le prix des places, c'est scandaleusement cher !! ou honteusement cher, c'est quand même réservé aux "riches". Dommage et decevant pour Guy. ANGELIC
je suis une inconditionnelle de guy bedos.J'ai assisté hier jeudi 16 novembre à son spectacle. Nous étions bien placés mais malheureusement, la sonorisation était très médiocre ce qui fait que nous avons manqué une bonne partie des répliques et en particulièrement de la revue de presse. Bien que Guy Bedos ne soit pas responsable de cette insuffisance, nous n'avons pas profité pleinement du plaisir que nous attendions, et il est bon qu'il en soit averti. Clau
le cid
Je suis bien d'accord au sujet du prix incroyable des places. Moi aussi je voulais le voir en vrai, une fois, car il a bercé mon enfance et c'est un grand grand monsieur. Comme Angélic, je vais devoir y réfléchir ou renoncer... Dommage.
J'avais très envie d'aller voir Guy BEDOS, une fois dans ma vie, car je l'adore, mais quand je vois le prix des places, c'est scandaleusement cher !! ou honteusement cher, c'est quand même réservé aux "riches". Dommage et decevant pour Guy. ANGELIC
110, rue Amelot 75011 Paris